Essamaye Boc !

mardi 7 mai 2019 • 355 lectures • 1 commentaires

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Essamaye Boc !

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iGFM-(Dakar) Sept ans après sa disparition, le 7 mai 2012, à l’âge de 54 ans, des suites d’une maladie, les Sénégalais se souviennent de la panthère noire, Jules-François Bertrand Bocandé, meilleur buteur de la Ligue 1 française en 1986 avec Metz.

SOUVENIR – Les souvenirs sont vivaces. Convoqués dans les méandres sinueux d’une mémoire peu servie par les projecteurs du ballon roi, on revoit cette crinière indomptable, bannie du football sénégalais au lendemain d’une finale de Coupe du Sénégal pour la première fois de l’histoire du Sénégal disputée en deux manches en 1980 et finalement perdue par le Casa Sport face à la Jeanne d’Arc.

Pour avoir botté les bourses de l’arbitre central, le jeune joueur né le 25 novembre 1958 à Ziguinchor et surclassé en 1979 pour disputer la finale de la même Coupe contre le Jaraaf, pète un cable que ni Senghor ni le foot ne lui pardonneront. Le Sud a mal, le MDFC ne fait pas encore parler de lui. Mais ça sent déjà le souffre. Il faut être casaçais pour savoir, ou alors des renseignements généraux.

Fort heureusement pour le bouillonnant attaquant, il existe un ami belge de la famille. Bocandé peut encore rêver de foot, de labourer de ses clous les pelouses d’Europe et se faire un nom. Il a un destin, du talent, et est brillant. Il le sait. Rien ne l’arrêtera, quand bien même il lui faudrait commencer au bas de l’échelle, en D3. Mais tout n’est-il pas possible pour celui qui sait attendre son heure ?

Elle vient. La D1 belge lui ouvre ses portes, A Seraing. Il cartonne le petit. La France le découvre. Metz. D’abord. Qui en aura pour son flair. La panthère marque son territoire sur le pré-hexagonal. Fait du rectangle sa surface de vérité. Explosant défenses et entraîneurs. Intraitable. Imprenable. La bête de scène explose les stats, affole les compteurs. Les chroniqueurs content la légende naissante. Une première sénégalaise dans l’histoire de la Ligue 1.

Roi des buts, en 1985-1986. Dans un froid de canard, il porte Metz sur ses épaules sudistes, claquant 23 fois les filets. Montrant ainsi la voie à un certain … Mamadou Niang, des années plus tard. Avec Boc, il eut un début.

Ce n’est pas tout. Un coup de tonnerre arrive. L’Espagne, la Catalogne, muselées. Bouche-bée, le FC Barcelone découvre Black-Panther. Froid comme un monstre, Boc bombarde les catalans. La France est incrédule, Metz tient son histoire et son roi. Renversant. 4-1, après avoir pris 4-2. Qui a Bocandé a l’arsenal de la mort.

La France se l’arrache, les riches paient l’addition. D’abord Paris. Mais le PSG est compliqué. Trop de stars, du racisme surtout. Lens se met en ligne. Quand on est Boc, on ne souffre pas l’irrespect. Surtout quand on est passé par la bérézina de Caire 86. Le retour des Lions dans le gotha du foot africain après 18 ans de disette. Depuis Asmara, en 1968. Caire 86, le trauma du foot sénégalais. La race dorée d’une génération débridée rate l’immanquable. Comme toutes les autres lumières du naufrage égyptien, le roc s’en remettra difficilement.

Il y aura deux autres CAN, 1990 et 1994. Sans gloire. Le blouson de coach national vers la fin des années 1990 et des piges avec la fédé pour apporter ses touches aux jeunes pouces de la génération 2000. Puis la défenestration. Jeté comme un malpropre. Avec Boc, le chic se heurte au choc. Il n’y a pas de… fumée sans feu. Trop libre le Boc pour être de bonne influence. Ainsi est-il jugé par les contempteurs de la bad influence.

Confidences d’un soir, sous les stroboscopes d’une boîte de nuit ziguinchoroise réputée, il m’en contera un bout. La douleur toujours présente, quelque part dans un coeur et des artères mis à mal par une vie trépignante. Avec Boc, c’est toujours à fond la caisse, pour une casse inévitable. Il le savait le Boc. Il ne vivrait pas vieux.

C’est ainsi qu’il botte définitivement en touche son temps additionnel. Finissant la partie à Metz, avant de jouer les prolongations dans un Demba Diop incrédule, terriblement affecté. Le voilà dans un autre match qu’on lui souhaite éternellement beau auprès du Meilleur Juge, sur le beau des terrains. Le Paradis. Merci Boc ! Merci pour tout.

Maderpost

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Publié par

Daouda Mine

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