Le musée des civilisations noires : Le nouveau refuge des artistes
mardi 7 janvier 2020 • 778 lectures • 1 commentaires
Société 4 ans Taille
«Merci d’être venus dans ce lieu historique pour ce concert historique», s’est réjoui le chanteur Dadju français, en blouson rouge et jean bleu, avant d’introduire son frère, Maître Gim’s. C’était lors d’une prestation inédite de 2 h 30 minutes au Musée des civilisations noires de Dakar. La star, la voilà, projetée sur l'immense écran derrière la scène. Au même moment, des gerbes de feu et des jeux de lumière décollent de chaque côté de l’estrade. D'entrée de jeu, avec des pas de danse endiablés, l'artiste, avec ses lunettes noires fumées qui lui collent au visage, annonce la couleur.
Il mise sur un de ses tubes phares, «Bella», qui l’a propulsé à l’échelle internationale. Les fans en délire, débout comme un seul homme sur l’énorme esplanade du musée, se laissent porter par les rythmes et les mélodies. Comme possédés par on ne sait quel démon, ils répètent en chœur les paroles de la chanson. Malgré l’immensité du lieu, les deux frères ont réussi à créer une proximité avec leurs fans, venus nombreux pour la soirée. À l’instar des frères Gim’s et Dadju, beaucoup d’artistes sénégalais dont Idrissa Diop, Youssou Ndour, Coumba Gawlo, ont eu à se produire dans ce chef-d’œuvre architectural. Les rappeurs ne sont pas non plus en reste, Awadi et Nix se sont aussi laissés séduire par cet endroit chargé d’histoire…
22 milles places pour l’esplanade, 1200 pour la grande salle
L’édifice est imposant. Autant que le Grand Théâtre national auquel il fait face au Plateau, dans le centre-ville de la capitale sénégalaise. L’immense bâtiment circulaire planté au-dessus du Port autonome se distingue par son architecture inspirée du patrimoine local. Une forme arrondie reprenant celle des cases traditionnelles, avec au dernier étage, un puits de lumière rappelant les impluviums de l’habitat coutumier de la Casamance. Inauguré le 6 décembre 2018, le musée des civilisations noires (MCN) est un établissement public à caractère industriel et commercial. Désormais ouvert au public, il a une superficie totale de 15 000 m², avec près de 5 000 m² de surface d’exposition.
Construit sur 4 niveaux, il peut accueillir jusqu'à 18 000 places, représentant l'histoire et l'évolution du continent africain. Vestiges archéologiques, objets de culte, photographies ou encore créations contemporaines, les œuvres sont exposées sur deux étages autour d'un gigantesque baobab métallique (4,5 mètres de hauteur), réalisé par l'artiste haïtien Edouard Duval-Carrié. Passé l’effet d’émerveillement devant ce bijou, il y a aussi la capacité d’accueil.
Pouvant accueillir jusqu’à 1200 places à l’intérieur et 22 000 places pour l’esplanade, il est devenu depuis son ouverture, très prisé des artistes. La location n’est pourtant pas donnée. Selon une source, elle tournerait autour du million et peut varier jusqu’à 4 millions pour la salle. C’est en quelque sorte à la tête du client. Il va sans dire que pour l’esplanade, le coût est largement au-dessus.
Un symbole historique, de Senghor à Macky Sall…
On se demande alors ce qui serait à l’origine de cette soudaine ruée des chanteurs vers ce musée. Selon un des responsables du lieu, il est très couru des artistes car, étant une plateforme importante, prestigieuse, qui leur permet d’exprimer leur africanité. «La musique des civilisations noires est fondamentale dans la définition des civilisations noires. Et on ne peut pas parler de musée noire si les artistes ne se sentent pas impliqués», explique la responsable.
C’est également un symbole de dialogue universel. «Chaque civilisation a une dimension artistique dans sa culture. Ces chanteurs, en se produisant sur scène, montrent un aspect qui est propre aux civilisations noires. Il est clair que les artistes se produisent au musée des civilisations noires, grâce à sa portée historique», argumente-t-elle sous le couvert de l’anonymat.
Une thèse corroborée par le chanteur et compositeur Idrissa Diop, qui fut le premier artiste sénégalais à s’y produire. «Quand on évoque le musée des civilisations noires, déjà ça me parle. Ca me ramène à toute mon histoire, à tout ce qu’ont fait mes ancêtres», explique l’auteur de «Fly on». Il renchérit : «il faut que nous soyons fiers de ce que nous sommes. Il faut également faire en sorte que ce que nous sommes se reflète à travers nos actes de tous les jours.»
Des fonds chinois à hauteur de 20 milliards de F Cfa
Lancée par l’ancien président Léopold Sédar Senghor, après la réussite du Festival mondial des arts nègres en 1966, l’idée d’un vaste établissement dédié aux cultures africaines était peu à peu tombée dans l’oubli. C’est Abdoulaye Wade qui la réactive dans les années 2000. Il confie la réalisation du projet à l’entreprise chinoise «Shanghai Construction Group» et pose la première pierre en décembre 2011. Toutefois, avec l’alternance, les travaux ne démarreront véritablement que sous son successeur, Macky Sall, en décembre 2013. Ils dureront deux ans. Grâce à des fonds chinois à hauteur de 20 milliards de Francs CFA. «C'était le rêve, il y a un demi-siècle, de Léopold Sédar Senghor, premier Président du Sénégal, de doter la capitale du pays d'un musée d'exception dédié aux peuples noirs, de l'aube de l'humanité jusqu'à nos jours. Chose promise, chose due», déclare la responsable.
«Ce n’est pas juste un musée où vous avez de l’archéologie et des expositions»
Outre son histoire, si le musée des civilisations noires de Dakar a été pris d’assaut par les artistes, c’est aussi en partie pour son esthétique. «C’est un endroit très prestigieux. Avec sa bâtisse imposante, elle met en valeur celui qui s’y produit. D’ailleurs, l’espace tel qu’il est conçu, est fait pour», explique la dame. Le musée des civilisations noires de Dakar est multifonctionnel. «Ce n’est pas juste un musée où vous avez de l’archéologie et des expositions. Non. Il y a beaucoup de choses, comme la logistique, qui incite les artistes à y organiser des événements. Nous avons décidé de mettre en place de nouvelles idées et de nouveaux concepts. Ce, pour pousser les artistes à se l’approprier. Et ça marche», se réjouit notre interlocutrice…
AICHA GOUDIABY (Stagiaire)
Publié par
Daouda Mine
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