Présidentielle 2019 - Idy-Gakou, en avant le duel

mardi 24 avril 2018 • 290 lectures • 1 commentaires

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Présidentielle 2019 - Idy-Gakou, en avant le duel

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iGFM - (Dakar) Ils sont dans la même équipe, jouent tous les deux pour le même objectif : le départ du régime Sall. Mais, au delà de combattre l’«ennemi commun» et contrer les velléités du patron de l’Apr, Idrissa Seck et Malick Gakou se livrent une bataille sans merci. Une guerre d’ego et de positionnement qui n’est pas tout à fait mauvaise. Décryptage !

L’assertion est de guerre. Mais elle s’adapte parfaitement au monde politique. Où la seule loi opérante est celle de la jungle : «tuer ou se faire tuer.» Un monde où seuls les plus aptes survivent, quitte parfois à commettre un crime de sang. Parricide, infanticide, fratricide…l’espace politique sénégalais en a connu des histoires à la pelle. Aussi tragiques les unes que les autres. Tous au nom du Pouvoir. Au nom du moelleux fauteuil présidentiel. Senghor a embastillé Dia et Valdiodio à Kédougou. Diouf a organisé une purge au Ps et éloigné tous les anciens barrons socialistes de l’espace de décision. Wade a envoyé Niasse et Cie, ses alliés de la CA2000, paître leurs (démodées ?) convictions, après quelques mois de règne, avant que son «fils», Macky Sall, ne l’envoie, à son tour, définitivement à l’abattoir politique, au soir du 25 mars 2012. Autant d’histoires politiques, autant de faits récents qui gouvernent aujourd’hui l’espace politique et font réfléchir ses acteurs. Autant de leçons qui ont fini par créer un climat de suspicion dans les rangs des alliés. De l’opposition comme du Pouvoir. Une méfiance qui impose une certaine singularité dans la démarche et invite tous les prétendants au… trône à prendre un certain nombre de précautions, à compter plus sur soi et que sur les autres. A user de ruse et d’artifice pour coiffer tout le monde au poteau. Et l’image la plus parfaite pour illustrer ce fait de jeu politique actuel, est la course à distance que se lancent le leader du Rewmi et celui du Grand Parti. Membres de l’opposition, les deux candidats à la Présidentielle font aujourd’hui chacun, cavalier seul, refusant stratégiquement d’adhérer aux différents fronts créer par leurs pairs pour combattre ce qu’ils appellent les dérives de Macky Sall, en attendant que se pointe le temps des candidatures. Pour Idy et Gakou, c’est maintenant qu’il faut partir pour que demain, si la chance vous sourit, d’être le légataire du pouvoir. Et non l’ex-allié qui va vite devenir un hôte encombrant à sacrifier sur l’autel de sa réussite.

Antidote contre le parrainage

Longtemps divisée sur des questions de principe, l’opposition sénégalaise, qui navigue à bâbord face aux terribles vagues destructrices et à l’arsenal de dispersion du Macky, tente aujourd’hui de maintenir le cap à près de dix mois de la Présidentielle de 2019. Le mot d’ordre : taire les ego et ramer tous dans la même direction pour ne pas se faire anéantir par une attaque surprise. Mais si l’appel du Pds est entendu par la plupart des leaders, deux ténors, embarqués dans le même bateau, manœuvrent seuls. Pis, ils se renvoient des coups de pagaies, se battant l’un contre l’autre pour être le candidat de l’opposition qui arrivera le premier face à Macky Sall, pendant que les autres luttent pour la survie de l’embarcation. Une intéressante et intelligente guerre d’ego et de positionnement qui a certes un impact ultra-négatif sur l’unité de l’opposition, mais qui pourrait être la solution pour venir à bout du Macky au soir du 24 février 2019. Le politiste Yoro Dia : «La division qui a été la faiblesse de l’opposition pendant les élections législatives et jusqu’au 19 avril dernier, va être sa principale force pour la Présidentielle de 2019. Pour les élections législatives, c’était le scrutin majoritaire. Si on prend l’exemple de Dakar, la mouvance présidentielle a gagné avec moins de 40% des suffrages. Cela veut dire techniquement que 60% des Dakarois ont voté contre Macky, mais il a obtenu les sept députés du département de Dakar. Pour l’élection présidentielle, c’est l’inverse. Puisque dans une élection présidentielle, il y a deux règles. D’abord, toute personne qui est candidat en 2019 se présente contre Macky. D’où la deuxième règle : toute voix qui n’est pas pour Macky est contre lui. Donc, plus il va y avoir de candidatures dans l’opposition, plus il y aura de voix contre Macky. Et une plus grande probabilité d’aller au second tour. C’est pourquoi on ne peut pas parler de duel de l’opposition, parce que c’est la division qui fait sa force. C’est ce qu’a compris le pouvoir pour limiter les candidatures, avec le système du parrainage pour tous», analyse-t-il. «Politiquement, ajoute le professeur de Sciences politiques, Momar Thiam, c’est légitime. Mais d’un point de vue pratique et fonctionnel, il faut que les leaders qui font cavaliers seuls trouvent le juste équilibre.» Ne pas trop se scotcher aux directives communes. Mais non plus ne pas trop se singulariser, de peur d’être vêtu des habits de traître.

Guerre des convictions

Mais en attendant le scrutin du 24 février, qui permettra aux électeurs d’arbitrer sur le candidat de l’opposition qui est le plus représentatif, pour le moment, la guerre Gakou-Idy se poursuit de plus belle. Chacun déroule sa stratégie pour capter le plus de voix. Le pater du Programme alternative suxaali senegaal (Pass) multiplie les coups et essaie toujours d’avoir une longueur d’avance sur les autres. Principalement sur Idrissa Seck. Son dernier coup : engager la bataille du 19 avril, bien avant tout le monde. Malheureusement pour le leader du Grand Parti, sa promenade du 18 avril en centre-ville dakarois a fait l’effet d’un feu de paille médiatique. Son socialisme revendiqué risque d’avoir le même impact. Du moins, selon l’analyste politique Momar Thiam, qui estime que c’est de la littérature politique qui n’impacte par sur l’électorat. «Le discours qui consiste à avoir des positions partisanes, idéologiques, ne peut pas être intégré dans la perception des électeurs. L’électeur d’aujourd’hui est réaliste et il comprend que les enjeux du monde, c’est de faire avec les autres. Le réflexe partisan et idéologique n’est plus de mise. Il faut un discours réaliste, mais ni de Gauche ni de Droite.»

Idrissa Seck pourrait également être gagné par le symptôme de la suffisance. De son jeu de connaissance. Le leader du Rewmi, qui évoque souvent trop son expérience de l’Etat (ancien Pm face à Gakou qui fut seulement ministre), pour s’attaquer au régime de Macky Sall, pourrait faire chou blanc avec cet argumentaire. «L’électeur ne juge pas selon le vécu politique. Si les hommes savent mesurer les attentes du moment et calibrent leur offre politique par rapport à ses attentes-là, il pourra tirer son épingle du jeu. Il faut à tous les deux un discours unificateur à côté d’un discours électoral qui leur est propre. Sur les grands enjeux de la politique intérieure et internationale, chacun, de par son programme, dessine sa trajectoire.» Seulement, avertit l’analyste politique : «Si chacun des deux essaie de trop tirer la couverture sur lui, il risque d’y avoir problème. Parce qu’il y a d’autres candidats de l’opposition et dans un orchestre, si chacun joue sa partition à part, il n’y aura pas de symphonie, mais du tintamarre. S’ils n’accordent pas leurs violons, la musique risque d’être mal entendue et l’opinion peut être déboussolée.» A bon entendeur…

FALLOU FAYE
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