Procès - Les avocats de Lamine Coulibaly se heurtent à une barrière linguistique

mardi 24 avril 2018 • 675 lectures • 1 commentaires

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Procès - Les avocats de Lamine Coulibaly se heurtent à une barrière linguistique

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iGFM - (Dakar) Le neuvième jour du procès d’Imam Alioune Ndao et Cie a vu la comparution de Lamine Coulibaly et Abou Diallo. Les deux accusés s’étaient rendus au nord du Nigeria, dans différents fiefs de Boko Haram, pour combattre aux côtés de la secte terroriste d’Abubakr Sheikau. Des accusations qu’ils ont niées, malgré des aveux circonstanciés qu’ils auraient faits à l’enquête de police et devant le magistrat instructeur. Cependant, le coup de théâtre de la journée d’hier est la brouille entre l’accusé Lamine Coulibaly et l’un de ses avocats, Me Abou Abdoul Daff. La volonté de Me Amadou Aly Kane à vouloir confronter Me Daff et Lamine Coulibaly a poussé celui-ci à se déporter.

C’est le premier véritable coup de théâtre de ce procès en terrorisme contre Imam Alioune Ndao et Cie. Alors que l’accusé Lamine Coulibaly était appelé à la barre de la Chambre criminelle à formation spéciale, l’un de ses avocats, constitué depuis l’instruction, s’est déporté. Me Abou Abdoul Daff a décidé de quitter le navire en véritable gentleman. Tout est parti des contradictions notées dans les déclarations de l’accusé. Les propos de Lamine Coulibaly ont été différents aussi bien à l’enquête de police, durant l’instruction devant le Doyen des juges qu’à la barre de la Chambre criminelle à formation spéciale. Disant ne comprendre que le Soninké et un peu le Poular. Le président Samba Kane avait pris ses dispositions, en louant les services d’un interprète Français/Soninké/Wolof. Une occasion pour Lamine Coulibaly de dire qu’il n’a jamais bénéficié des services d’un interprète. Ni devant les enquêteurs de la Division des investigations criminelles (Dic) encore moins devant le Doyen des juges, Samba Sall. Ce qui fait qu’il ne comprenait pas bien les questions et que les policiers et le magistrat instructeur ne saisissaient pas bien ses réponses. Ainsi, il se refugie derrière cette barrière linguistique pour démentir tous les aveux qu’on lui a prêtés. Cependant, il estime que son avocat, Me Abou Abdoul Daff, l’assistait durant son audition sur le fond du dossier, devant le juge d’instruction. Une accusation que l’avocat n’a pas voulu laisser passer. Surtout que son confrère, Me Amadou Aly Kane, constitué pour Lamine Coulibaly aussi, a voulu confronter les déclarations de l’accusé et celles de Me Daff. Une parade que le juge Samba Kane n’a pas voulu arbitrer. Le président de la Chambre criminelle spéciale a estimé qu’il ne pouvait y avoir de confrontation entre l’accusé et son avocat. Me Amadou Aly Kane a dû y renoncer. Me Daff a estimé qu’au moment de l’audition de Lamine Coulibaly, il n’a jamais été question de langue. Qu’il a compris les questions qui lui étaient posées et qu’il y a répondues. Qu’il n’a jamais été question d’interprète ou quoi que ce sois du genre. Vu la situation, Me Daff a demandé au Président Kane de noter son déport. Ce qui a été fait. Appelé à la barre pour constater la décision de son avocat, Lamine Coulibaly estime qu’il ne le considérait plus comme son conseil. Un malheureux incident qui a vite été vidé.

Arrêté et torturé comme un membre de Boko Haram par les militaires nigérians

Cependant, le coup de théâtre et ce problème linguistiques n’ont eu aucune incidence sur l’interrogatoire à la barre de Lamine Coulibaly. L’accusé était étudiant en arabe au moment de son arrestation. Célibataire sans enfant, il conteste les faits de terrorisme à lui reprochés. Revenant sur les faits, il explique avoir été arrêté en Mauritanie, alors qu’il se rendait à un rendez-vous avec Mouhamed Ndiaye, avec qui il s’était rendu au Nord du Nigeria, fief de la secte terroriste Boko Haram. Lamine vivait chez son oncle à Yoff et fréquentait la mosquée du quartier où il a fait la connaissance d’un certain Ibrahima Bâ avec qui, il discutait de pratiques religieuses. Ce dernier lui a fait croire qu’il allait au Nigeria pour mieux apprendre sa religion. Après son accord, il lui remet, tout comme à Maïmouna Ly, Mody Tall et Ibrahima Diallo, 150 000 FCfa, pour les frais du voyage. Maïmouna et Ibrahima arrêtent leur voyage à Niamey, Lamine et Mody s’engouffrent dans les sinueuses pistes pour rejoindre les bastions de Boko Haram. Ils descendent, dans un premier temps, à Abadam où ils passent 5 jours. Ils trouvent sur place Matar Diokhané, Omar Yaffa, Mouhamed Ndiaye… Ensemble, ils se déplacent à la ville de Gwoza (devenue Mathul Moubil, après sa chute entre les mains de Boko Haram). Devant les policiers de la Dic, il avait signalé avoir subi une formation militaire, notamment le maniement de la Kalachnikov et des roquettes. Des déclarations qu’il a démenties devant la Chambre criminelle à formation spéciale. Cependant, ils ont été obligés de quitter Gwoza avec le reste des membres de la secte d’Abubakr Sheikau, pour des raisons de sécurité, la ville étant bombardée. Ils se réfugient dans la forêt de Sambissa. Après des dissensions, plusieurs Sénégalais voulaient rentrer, mais il leur fallait l’autorisation d’Imam Abubakr Sheikau. Devant les enquêteurs, Lamine Coulibaly apprend que pour rentrer, ils ont trouvé un prétexte consistant à dire au chef de Boko Haram qu’ils allaient implanter ses idéologies au Sénégal. Mais c’est Matar Diokhané qui décante la situation, en intercédant auprès de Sheikau. Au moment de rentrer, le contingent sénégalais tombe sur une patrouille de l’Armée du Nigeria. Ils sont accusés de faire partie de la secte Boko Haram, après une dénonciation anonyme, emprisonnés et torturés pendant deux mois. C’est d’ailleurs ce qui a coûté la vie l’un d’eux, Moustapha Faye. Ils ont été transférés dans une autre prison et là-bas, Mamadou Lamine Mballo commençait à perdre ses esprits. Par la suite, ils ont été transférés à Abuja où ils ont reçu la visite de l’ambassadeur du Sénégal. Ils rentrent au bercail un mois après et sans être inquiétée. Lamine Coulibaly jure n’avoir jamais rencontré le chef de la secte terroriste. Il a aussi dit sa déception parce que n’ayant pas trouvé ce qu’il était allé chercher au Nigeria. Par la suite, Lamine Coulibaly retourne à son village natal de Bokidiawbé, avant de se rendre en Mauritanie poursuivre ses études. Il y rencontre Mouhamed Ndiaye qui lui apprend qu’il est recherché par les autorités mauritaniennes informées de son voyage au Nigeria. Qu’il tentait de sortir du pays. Mais le Procureur lui rappelle qu’il lui était proposé d’aller en Lybie. Ce qu’il a nié. Les deux frères ont été arrêtés en même temps, après un piège de la police mauritanienne.

La volonté de Matar Diokhané d’implanter des cellules Jihadistes au Sénégal

Après l’interrogatoire à la barre de Lamine Coulibaly, la Chambre criminelle à formation spéciale a appelé son compagnon de route. Abou Diallo, plus jeune accusé et dernier à être mis aux arrêts, a fait face à Samba Kane et ses assesseurs. Elève en classe de Seconde au moment de son arrestation, Abou est aujourd’hui âgé de 23 ans, et ses frêles épaules peinent à supporter toutes les charges retenues contre lui. Il conteste les faits de terrorisme, même s’il reconnait s’être rendu au Nigeria. Il se rappelle qu’il allait apprendre au Daara de Aboubacry Guèye. C’est ce dernier, étant au Soudan, qui lui a demandé de profiter des grandes vacances pour se rendre au Nigeria afin de se faire de l’argent et d’y perfectionner ses études religieuses. Aboubacry Guèye le met en rapport avec un certain Moustapha Faye en compagnie de qui il a voyagé. Au Nigeria, il dit avoir rencontré Oumar Yaffa, Mouhamed Ndiaye, Mouhamed Mballo, entre autres. Prenant la parole pour le contre-interrogatoire, le représentant du ministère public est revenu sur quelques aveux circonstanciés de l’accusé. Il est revenu dans un premier temps, sur les réunions de Rosso et de Richard-Toll à l’issue desquelles, deux camps se sont dessinés : celui de Moustapha Diop qui était pour un voyage en Lybie pour soutenir Deach et celui de Matar Diokhané qui prêchait pour un voyage au Nigéria pour prêter main forte à Boko Haram, dans son combat contre l’Armée loyaliste. Le Procureur a aussi estimé qu’Abou Diallo avait reconnu avoir subi une formation militaire dans le fief de Boko Haram où il a rencontré Abubakr Sheikau. Abou Diallo a, selon toujours le Procureur, déclaré à l’enquête de police, avoir participé à des combats aux côtés des soldats de Boko Haram. Il disait aussi devant les policiers que Matar Diokhané leur disait qu’il voulait implanter des cellules jihadistes un peu partout au Sénégal. Qu’il comptait sur la disponibilité des frères sénégalais. Abou Diallo a également dit à l’enquête, toujours selon le maître des poursuites, que Sheikau n’avait pas de projets pour le Sénégal, mais qu’il déplorait la manière dont l’Islam y était pratiquait et qui ne correspond pas aux recommandations de base. Des déclarations que l’accusé a réfutées à la barre de la Chambre criminelle. Il a expliqué qu’au moment de son arrestation, il était malade et hospitalisé, qu’il ne savait même pas ce qui se disait. Cependant, il dira ne s’être jamais entraîné au Nigeria ni avoir participé à des combats avec Boko Haram. Abou a aussi nié avoir rencontré Abubakr Sheikau ou avoir dit que Matar Diokhané voulait implanter des cellules Jihadistes au Sénégal. Abou Diallo est revenu sur son arrestation par l’Armée nigériane et les conditions inhumaines dans lesquelles ils ont été détenus. Ce qui a causé la mort de Moustapha Faye. Il avoue n’être pas membre de Boko Haram. Qu’il s’est rendu au Nigeria pour trouver un travail et perfectionner son enseignement religieux.

MAKHALY NDIACK NDOYE

 
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Daouda Mine

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