Rentrée scolaire : Le ‘Oubi tay diang tay’, ce « drame de l’école publique »
jeudi 4 octobre 2018 • 837 lectures • 1 commentaires
Société 5 ans Taille
IGFM- Ce jeudi 4 octobre, c’est la rentrée scolaire. Entre les retards, les inscriptions encore en cours et les élèves aux esprits encore en vacances, le ‘Oubi tay diang tay’ se fraie un chemin. Reportage
8h15’ au Collège de la Cathédrale. Des parents sur leur 31, des élèves sans uniformes, la rentrée ici ressemble plus à une kermesse. Des accolades, des rires, des retrouvailles. Et le tableau d’affichage, au milieu de la cour, attire l’attention de tous. Il faut aller vérifier si l’élève se trouve dans la classe A ou B. Mais depuis 8h20’, les élèves en ordre ont déjà regagné les classes. Et les parents attendent de finir les quelques formalités administratives. A 9h10’, la cour se vide petit à petit et retrouve ses allures normales.
Felix Mendy, chargé de Missions dans cette école, se tient debout au milieu des escaliers qui mènent vers le secondaire. Il fait barrage aux parents soucieux d’aller voir si tout se passe bien avec leurs enfants. M. Mendy se précipite vers eux, les rassure, et rappelle : «C’est à midi, l’heure de la descente aujourd’hui.» Et de préciser : «Nous les renverrons un peu plus tôt, pour leur donner le temps de finir les achats du matériel scolaire.» Mais à partir du lundi 8 octobre, «les cours reprendront leur rythme normal de 8h à 16h.»
Dans cette école, les absents ne sont pas très nombreux à la rentrée. En classe de CP par exemple, il y a quelques absences. En CE1, les places sont toutes occupées. « Mais je ne saurai dire si tout le monde est là,» confie le maître. Les listes d’élèves ne sont pas encore disponibles. Sinon, les cours ont commencé depuis la deuxième heure.
Le concept marche bien pour les uns
Il est 9h47’ à l’Institution Notre-Dame. Aminata Gueye, accompagnée de son papa, est en retard. Comme pour se protéger de la réaction de la directrice, elle se tient timidement derrière son père. Celui-ci s’excuse auprès de Géneviève Mandiouba, la directrice : «C’était compliqué aujourd’hui, j’ai dû d’abord déposer ses frères et sœurs.» Et à celle-ci de suggérer, dans un sourire : «Demain, commencez par elle.»
Depuis 8h30’, tous les élèves sont en classe. Les professeurs ne perdent pas de temps. Le concept du ‘Oubi tay diang tay’ a l’air de marcher à l’Institution Notre-Dame. Et la directrice confirme : « La rentrée se passe comme il faut. Nous avons juste perdu la première heure. Mais depuis la deuxième, les cours sont dispensés.»
Pour d’autres, le concept reste complexe
A l’Ecole Primaire Ahmadou Mbacke, Ex Kleber, la réalité est toute autre. Mohamed, Amadou et Bala jouent devant l’entrée de l’Ecole. Ils mangent des beignets, blaguent et rient aux éclats. Pour eux, c’est plus pour les retrouvailles que pour les cours qu’ils sont venus à l’école. «On ira en classe lundi, »lance Mohamed, sans état d’âme. Et à Bala de renchérir, en riant : « Aujourd’hui, nous faisons le deuil de nos vacances.»
Beaucoup d’élèves sont assis dans la cour de l’école. Ils jouent aux cartes, discutent calmement. Ils n’ont aucune envie de faire cours. La plupart d’entre eux sont en 3è, en 4è et en 5è. Les classes sont presque vides, mais les professeurs sont présents. En 5èA, sur une cinquantaine d’élèves, seulement 19 sont venus. Et Pape, de la même classe, joue avec ses copains dehors. Ils ne veulent simplement pas entrer en classe.
Sokhna, élève en 3è, est assise devant le portail de l’école. Concentrée sur son portable, elle lance distraitement : «Ah ! Ils avaient parlé de Oubi tey diang tey, deh ! Mais nous ne voyons pas nos professeurs.»
Et si le concept fait défaut à l’Ecole Ahmadou Mbacke, Mme Fama Cissé, directrice, s’étonne : «Nous avons pourtant tout mis en place ici. Les professeurs sont là, et il y a tout ce qu’il faut dans les classes.» Elle constate avec regret que «ce sont les grands élèves qui ne veulent pas entrer en classe. Ils préfèrent rester dehors les premiers jours.» Pour elle, l’échec du concept ‘Oubi tay diang tay’, «c’est un peu le drame de l’école publique.»
Monia Inakanyambo
Publié par
Daouda Mine
editor
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