Affaire Sonko-Adji Sarr : les religieux au salon d'écueils

lundi 1 mars 2021 • 827 lectures • 1 commentaires

Société 3 ans Taille

Affaire Sonko-Adji Sarr : les religieux au salon d\'écueils

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A la base, c’est une affaire privée opposant deux citoyens. Mais dans les faits, l’affaire «Sweet Beauty», dans laquelle la plaignante Adji Sarr a accusé de viols le parlementaire Ousmane Sonko, s’est muée en feuilleton politico-judiciaire avec des conséquences pour la stabilité sociale. Après avoir rencontré le leader de Pastef, le Collectif des religieux pour la sauvegarde de la paix civile se prépare à retrouver la masseuse pour un apaisement.

L’acte 2 de la médiation Ousmane Sonko-Adji Sarr initiée par le Collectif des religieux pour la sauvegarde de la paix civile, devrait se faire dans quelques heures. Selon des sources de L’Observateur, Abbé Jacques Seck, coordonnateur du collectif (choisi sur la base de l’ancienneté), Mame Matar Guèye de l’Ong Jamra, Imam Youssouf Sarr, célèbre lors de son combat contre les délestages à Guédiawaye, et Cheikh Diop, Imam consultant, devraient rencontrer l’accusatrice du leader politique de Pastef, aujourd’hui en fin de journée. Samedi, ils avaient déjà eu un entretien avec Ousmane Sonko à son domicile, à la cité Keur Gorgui de Dakar. Loin des considérations judiciaires qu’implique cette affaire de viols présumés, le groupe de religieux compte jouer sa partition pour un apaisement social. Depuis l’éclatement de ce dossier avec la plainte pour viols répétés jusqu’à la levée de l’immunité parlementaire de l’accusé, plusieurs heurts entre forces de l’ordre et partisans ont fini par engendrer un climat politique et social assez électrique. Outre les arrestations à répétition, particulièrement dans le camp de Pastef, une trentaine de blessés, dont 2 graves, ont été recensés. Parmi eux, le cas de ce jeune homme de 16 ans dont la blessure a entraîné une amputation de l’avant-bras droit. «Nous n’avons pas voulu rester inerte devant ce drame et attendre qu’il y ait mort d’homme pour réagir», a expliqué le porte-voix du collectif, Mame Matar Guèye, à la fin de l’entretien avec Ousmane Sonko. De cette entrevue qui a duré plus d’une heure, il ne filtrera pas grand-chose, hormis que les médiateurs ont abordé «tous les sujets sans tabous» et que leur hôte a répondu de bonne grâce à toutes les questions. Et peut-être même à leur sollicitude d’un appel à l’apaisement, le principal enjeu de cette médiation.

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Une rencontre à Dakar
Seulement, à en croire les mêmes sources, même si Ousmane Sonko a prêté une oreille très attentive à un appel au calme, il n’a donné aucune garantie. Les choses devraient donc dépendre de l’entretien entre le collectif et Adji Sarr. Elle aurait déjà accepté de recevoir le collectif dans son terrier à Dakar. Sous protection suite à des menaces de mort consécutives à sa plainte contre le président de Pastef-Les Patriotes, la masseuse reste introuvable. Excepté son audition devant le juge du 8e Cabinet du Tribunal de Dakar où elle a été photographiée, habillée en wax jaune, la plaignante n’a plus donné signe de vie depuis sa plainte. Des rumeurs la disaient en Gambie pour sa sécurité, mais selon les personnes qui ont joué les bons offices entre elle et le collectif, Adji Sarr serait bien à Dakar. Et c’est d’ailleurs dans la capitale qu’elle va recevoir ce lundi le Collectif des religieux pour la sauvegarde de la paix civile afin d’apporter sa version des faits et peut-être contribué à un apaisement. Un objectif assez chimérique dans une affaire pendante devant la Justice, pour laquelle le député Ousmane Sonko, dépouillé de son immunité parlementaire, devrait être convoqué sous peu par le juge d’instruction du 8e Cabinet d’instruction, Mamadou Seck. Mame Matar Guèye : «Indépendamment de l’action judiciaire, nous ne voulons agir que sur les incidences sociétales pour éviter mort d’homme. Nous tiendrons un point de presse pour livrer à l’opinion les conclusions de cette médiation.» 
Invités à débattre de la paix sociale dans une émission télévisuelle, les membres du Collectif avaient décidé, de manière impulsive, d’initier une action pour apaiser les esprits dans l’affaire «Sweet Beauty». Agé de 86 ans, abbé Jacques Seck a été choisi comme coordonnateur en sa qualité de doyen d’âge. 

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ECLAIRAGE - AFFAIRE SWEET BEAUTE : «La médiation entreprise par les religieux n’aura aucun incident sur ce dossier»


L’affaire de présumés viols répétés opposant le leader politique Ousmane Sonko et Adji Sarr secoue le pays. Aucune frange de la société n’est épargnée. Même les religieux s’y mettent. Mais c’est, disent-ils, une médiation pour désamorcer la bombe sociale. Abbé Jacques Seck, Mame Matar Guèye de l’Ong Jamra, Imam Youssouf Sarr de Guédiawaye et Imam Cheikh Diop ont entrepris les démarches pour un apaisement. (Voir ailleurs). Cependant, cette action n’aura aucune incidence sur ce dossier. Un avocat donne de claires précisions. «Ces personnes n’ont aucune qualité dans ce dossier pour faire une médiation. Leur démarche est vouée à l’échec sur le plan pénal», estime l’avocat, précisant que même Adji Sarr, la masseuse de 20 ans et auteure de la plainte qui a déclenché cette procédure, ne peut plus l’arrêter. «Même si l’accusatrice Adji Sarr se désistait en retirant sa plainte, l’action publique allait se poursuivre. Elle n’a aucune maîtrise sur l’action publique qui est l’affaire exclusive du ministère public (le procureur de la République) et du Tribunal», souligne-t-il. Ainsi, les démarches de ces religieux n’auront aucun effet sur cette procédure de viols répétés et menaces de mort pendante devant le juge du 8e cabinet d’instruction, Mamadou Seck. Pis, la médiation pénale n’est pas admise en matière d’infractions de mœurs. «En cas d’infraction de mœurs, on ne peut demander l’ouverture d’une médiation. Si la plainte est retirée, l’action publique se poursuit. Ce n’est qu’en matière de diffamation que le retrait de la plainte entraîne l’extinction de l’action publique et l’arrêt des poursuites», précise l’avocat. Ainsi, la médiation des religieux dans cette affaire aura l’effet d’un coup d’épée dans l’eau, même si elle peut apaiser le climat social.
Aïcha Fall, Makhaly Ndiack Ndoye

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Publié par

Namory BARRY

admin

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