Aliou Sall-Karim Wade, jumeaux dans la victimisation
mardi 25 juin 2019 • 431 lectures • 1 commentaires
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IGFM - Aliou Sall et Karim Wade entretiennent une curieuse gémellité. Jumeaux dans la controverse depuis leur entrée dans la sphère étatique par la grâce du sang, le frère du chef de l’Etat, Macky Sall et le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade semblent cultiver une attitude gémellaire jusque dans la…victimisation. En témoignent ces extraits de leurs deux lettres adressées aux Sénégalais, au moment de démissionner de la Direction de la Cdc pour le frère Sall et à l’époque de s’indigner de son traitement particulier pour le fils Wade. Dans ces productions épistolaires, séparées de 8 ans d’âge, Aliou Sall et Karim Wade se disent victimes de cabale orchestrée par une certaine classe politique et une certaine presse. Ressemblances frappantes.
Lettre de démission de Aliou Sall
Cette affaire autour du pétrole, avant de prendre les contours d’un enjeu national voire international, constitue aussi et d’abord un enjeu personnel, une véritable tragédie qui touche un être en chair et en os, un homme qui éprouve des sentiments, qui a été élevé dans certaines valeurs cardinales, qui vit en société, entouré de sa famille, de ses amis et ses sympathisants.
On semble malheureusement l’oublier.
En effet, cette campagne présente l’autre (moi en l’occurrence), comme l’ennemi public numéro un, et elle se donne les moyens de faire mouche, parce qu’elle finit de prendre le visage de la vérité, à force de travestir les faits les uns après les autres.
Elle joue également, de manière indécente, sur la corde sensible de populations qui se battent au quotidien pour vivre voire pour survivre et à ces populations, elle s’emploie à offrir comme provision, des raccourcis cyniques et dangereux du genre : Lii yeen ako moom, ay nitt akiimoo ko, def ko seen yeufi boop, niom ak seeni diabarr, seeni doom, seeni kharitt.
En somme, c’est une campagne visant à me «déshumaniser» (le mot n’est pas trop fort), parce que c’est de cela qu’il s’agit, une campagne qui présente l’autre (toujours moi) comme le méchant face aux bons, celui qui s’abreuve du sang et de la sueur du peuple sénégalais, le personnage sans foi ni loi qui nargue un peuple exsangue.
La caricature est sans pitié !
Qui ne serait pas indigné, choqué, offensé au plus haut point par une telle tyrannie langagière, un tel déferlement de bavures au propre comme au figuré.
C’est donc dire si je peux comprendre dans un certain sens, ceux qui, de bonne foi, ont pu à un moment ou un autre, prêter une oreille attentive et bienveillante aux propos tendancieux déversés à longueur de journée, ou même ceux qui ont choisi de hurler avec les loups parce que tout simplement mus par une haine viscérale. (…)
Ainsi va le monde ! Et lorsque la perfidie du champ politique se mêle à la duperie érigée en dogme, l’ombre prend de l’épaisseur et la lumière est réduite à sa plus simple expression. Que Dieu nous préserve de la méchanceté gratuite, et surtout du mensonge structuré ! (…)
Certains parmi mes compatriotes ont bien saisi la substance du message que j’ai voulu délivrer et y ont souscrit. D’autres ont continué leur entreprise de destruction, en s’inscrivant bien entendu, toujours dans leur logique préconçue de politique de la terre brûlée. (…)
Bien évidemment, comme je l’ai dit, depuis le premier jour, toute cette malheureuse controverse n’est entretenue qu’autour d’un tissu d’amalgames et de contrevérités destinées à alimenter une autre campagne, plus insidieuse, celle-là, et qui va au delà de ma modeste personne.
(…) J’ai voulu moi aussi m’adresser aux Sénégalais et à l’opinion internationale à travers la vaillante population de Guédiawaye qui m’a fait l’honneur de m’accorder sa confiance, mais aussi qui, au milieu de la tempête et des vagues successives de diffamations, de critiques et d’insultes de toutes sortes, n’a de cesse de me manifester son soutien, à l’instar de nombreux autres Sénégalais d’ici et d’ailleurs, révulsés par l’ampleur de la cabale et de l’injustice. (…)
Je tiens donc à répondre cette fois-ci par les actes parce qu’il est aussi de mon devoir, pour le présent comme pour l’avenir, pour ne pas dire pour l’histoire tout court, il est de mon devoir de laver mon honneur sali, de protéger les miens qui sont aujourd’hui encore plus touchés que moi dans leur chair et dans leur esprit. C’est à la fois un problème de justice, de dignité, mais aussi de responsabilité.
Monsieur Le Président de la République qui, au delà du même sang que nous partageons, sait, mieux que quiconque, dans quel moule de vertu, de sagesse et d’humilité nous avons été éduqués ensemble et qui m’a témoigné sa confiance pour assumer une charge publique, comprend les actes que je pose en ce moment précis. (…) Fort de la conviction profonde que demain il fera jour, et que la lumière finira d’avoir raison des ténèbres, je prends ici devant vous la décision de donner ma démission de la tête de la Caisse de Dépôts et de Consignations à compter de ce jour. (…) Elle aura en effet le mérite, j’en suis sûr, de montrer à la face du monde les vrais visages de ceux qui salissent la noblesse de la politique sous des dehors de serviteurs du peuple.
Fait à Dakar, le 24 juin 2019
Aliou Sall
Lettre ouverte de Karim
Pendant ces dernières années, ces derniers mois, ces dernières semaines et ces derniers jours, notamment lors des événements des 23 et 27 juin 2011, nous avons tout vu, tout lu et tout entendu. L’heure est venue pour moi de m’exprimer. Le temps est venu de délivrer, du fond du cœur, un message de vérité, de fraternité et de sincérité. Je me dois d’autant plus de le faire que tout un chacun sait que je suis la cible d’attaques profondément injustes.
Depuis mon entrée dans l’espace public, en qualité de Conseiller Spécial du Président de la République, puis de Président du Conseil de Surveillance de l’Agence nationale de l’Organisation de la Conférence Islamique (ANOCI) et actuellement comme Ministre d’Etat, Ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie, malgré tous les efforts que je continue de déployer pour le développement économique et social du Sénégal, des passions se déchaînent, des haines se ravivent. Pourtant rien ne m’a été donné. (…)
Jamais dans l’histoire du Sénégal, un homme public n’a reçu autant de coups, de propos diffamatoires et outrageants. Systématiquement, je suis l’objet de graves accusations, de profondes détestations, d’attaques hallucinantes de la part de ceux qui nous connaissent à peine ou pas du tout.
Impitoyablement, je suis sanctionné sans être entendu, jugé dans des procès sans défense, «condamné» sans recours possible. De ma présomption d’innocence, on s’en passe automatiquement. On me prête beaucoup trop ! Qu’on perde un marché public, une position, une faveur, un privilège, un titre, une fonction, aussitôt l’on me rend responsable. Qu’un ministre soit limogé, il prétend que son départ est la conséquence immédiate de son refus d’un prétendu projet de «dévolution monarchique du pouvoir». Lorsqu’il pleut un peu trop à Dakar, je suis indexé ; lorsque le vent emporte le toit d’une maison à Pikine, je suis pointé du doigt ; lorsqu’un train déraille à Thiès, j’y suis pour quelque chose ; lorsqu’un accident survient sur la route, je suis vilipendé. (…)
Fort heureusement, nombreux sont nos compatriotes qui refusent de se laisser entraîner dans la campagne sur le supposé projet de dévolution du pouvoir de «père en fils» qui constitue aujourd’hui, la panacée pour tout expliquer et tout comprendre.
Si cette idée a continué de prospérer au point de susciter des rancœurs et parfois même de la haine envers le modeste passant sur terre que je suis, c’est parce qu’elle est savamment entretenue par une partie des acteurs politiques aidée en cela par certains journalistes, – véritables machines de guerre contre ma petite personne. Cette confusion doit finir ! Cette intoxication doit s’arrêter ! Cette injustice doit cesser. (…)
Fait à Dakar, le 03 juillet 2011
Karim Wade
Publié par
Daouda Mine
editor
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