Isolement : «J’étais dans une cellule d’1 mètre sur 75 cm»

vendredi 22 octobre 2021 • 2691 lectures • 1 commentaires

Société 2 ans Taille

Isolement : «J’étais dans une cellule d’1 mètre sur 75 cm»

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Mesure prise pour maintenir la discipline carcérale, le transfert en cellule d’isolement est une hantise qu’aucun détenu ne voudrait vivre. Considérée comme une torture par certains, elle est instaurée par le législateur pour punir tout prisonnier qui viole le règlement intérieur de la maison d’arrêt où il est incarcéré. Avec vous, L’Obs plonge au fond de ce trou à …rats, pire cauchemar des taulards.

Pour trouver quelqu’un prêt à partager le mystère qui entoure l’intimité des cellules d’isolement, il faudra encaisser le désistement de témoins, ingurgiter l’amertume d’un faux-bond, passer deux heures au téléphone à convaincre un interlocuteur avant de décrocher un ex-détenu prêt à tout dire. Il se fait appeler Leu de «Ssalam Redemption». Aujourd’hui, à la tête d’une association de réinsertion sociale des anciens détenus, le quidam qui maîtrise la prison comme sa main pour y avoir séjourné pour une longue durée, se souvient de son passage à la cellule d’isolement au Cap Manuel en 2000. Voix grave derrière le combiné, il rembobine cet épisode de sa vie : «C’est une cellule pour les détenus les plus terribles. On avait trouvé de l’argent et du chanvre indien sur moi. J’ai passé 8 jours en cellule d’isolement. Moi, j’ai pu faire face, mais il y a des gens qui ont eu des hallucinations.»
En phase avec Moussa sur le caleçon, il déroule : «La règle n’est pas d’être nu, mais si tu n’as pas de caleçon, tu restes nu. Pour éviter que tu te suicides, on t’oblige à enlever tous tes habits. C’est une cellule d’environ 1 mètre ou plus de longueur et de 75 centimètres de largeur. Même les petites toilettes de nos maisons sont plus grandes. Quand j’y suis entré, j’ai trouvé deux bouteilles d’eau d’1 litre chacune. Il y avait une minuscule chaise turque pour mes besoins, car c’est là-bas que je faisais tout. Il y avait aussi un petit bol pour ma ration qui, en isolement, était divisée en deux.» Soulignant qu’il n’y a pas de lumière dans la cellule, Leu poursuit : «Dans les grands secteurs, ce sont les gardes qui allument les lampes et les éteignent. En cellule, il n’y a pas de lampe. C’est pourquoi, quand un détenu sort de cellule, il a des problèmes de vision, car le seul éclairage dont il profite est celui venant des deux aérations.» Comment vivre dans un tel trou ? Leu peint un décor ahurissant : « Certains détenus qui sont en cellule ne peuvent pas se coucher. Moi, je m’arrangeais pour le faire. D’autres se couchent en se courbant ou s’assoient.  Dans la journée, il faut varier les positions soit en s’accroupissant, en s’asseyant, en s’inclinant ou en restant debout. Certains détenus, traumatisés par cette situation, ne parviennent pas à fermer les yeux.»

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Publié par

Ndeye Rokheya Thiane

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