Centre de redressement : 45 personnes placées sous mandat de dépôt

mardi 8 décembre 2020 • 958 lectures • 2 commentaires

Société 3 ans Taille

Centre de redressement : 45 personnes placées sous mandat de dépôt

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iGFM (Dakar) Tour à tour, ils ont fait face hier lundi au juge d’instruction du 8e Cabinet du Tribunal de Dakar. Sur les 46 personnes arrêtées dans l’affaire des centres de redressement «Kara-sécurité», les 45 ont été placées sous mandat de dépôt. Seul le fils de Baba Diao, Babacar Diao dit Pépé, est placé sous contrôle judiciaire, même s’il a été inculpé.

Les choses sont allées au compte-gouttes. Une après l’autre. Ainsi s’est passée l’audition de première comparution des 46 individus interpellés dans l’affaire des camps de redressement de «Kara-Sécurité». Elle a pris toute la journée. Un chapelet de chefs d'inculpations qui a été retenu par le juge d’instruction Mamadou Seck du 8e Cabinet du tribunal hors classe de Dakar, contre ces inculpés qui, sauf un, ont déjà pris leurs marques dans les prisons de Dakar. Le magistrat instructeur a entendu, hier lundi, les 46 personnes qui ont été déférées depuis la semaine dernière et qui sont accusées de séquestration et de maltraitance aux centres de redressement du guide religieux Serigne Modou Kara Mbacké. Le juge d’instruction a suivi le réquisitoire introductif du procureur de la République en décernant des mandats de dépôt aux gestionnaires desdits camps. Les chefs d’inculpations d’association de malfaiteurs, traite de personnes commise en réunion, séquestrations commises avec actes de tortures corporelles, blanchiment de capitaux, détention illégale d’armes ont été retenus contre toute la bande. Outre ces infractions, Antoine Black Mendy alias Mimiaini Kara est accusé de recel aggravé. Quant à Moustapha Diatta et X (en fuite), ils sont aussi poursuivis pour vol en réunion commis la nuit. Ils sont cités dans une histoire de vol de scooters à l’origine de toute cette affaire.

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Au nombre de 45 gestionnaires dans les centres de redressement de «Kara-Sécurité», ils ont tous été écroués par le juge d’instruction. Seul le fils de Baba Diao, Babacar Diao dit Pépé, qui leur avait loué une maison au quartier Zone B, a été placé sous contrôle judiciaire. Mais il est inculpé de recel de malfaiteurs. Pourtant dans son réquisitoire du 2 décembre passé, le procureur de la République avait sollicité le placement sous mandat de dépôt de tout ce beau monde.

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Cette histoire de «séquestration» et de «maltraitance» avait conduit la Section de recherches (Sr) de la Gendarmerie de Colobane à libérer les pensionnaires des centres de Guédiawaye, Ouakam, Zone B et Malika. Et, les enquêteurs auraient même dénombré 17 morts. Mais une tragédie a été relevée le 3 décembre passé. Un des pensionnaires, Sidi Kharachi Diagne, âgé de 45 ans, est décédé 5 jours après sa libération. Il était atteint de malnutrition, en plus de son corps couvert de plaies. Il est décédé au dispensaire Nabil Choucair de Dakar.


C’est une affaire de vol d’un scooter qui a abouti à la découverte de ces actes de tortures. Le jeudi 26 novembre passé, des éléments de la Section de recherches de la Gendarmerie de Colobane avaient fait une descente musclée dans le centre de redressement de Ouakam, exploitant une piste portant sur le vol d'un scooter. Les gendarmes y ont trouvé trois motos, dont la disparition avait été signalée. Procédant à une perquisition dans lesdits locaux, ils finissent par découvrir «des pratiques de maltraitances sur certains pensionnaires du camp». Lequel est considéré comme un centre de redressement pour des délinquants. Alors que les conditions sanitaires n’y étaient pas respectées. Les gendarmes ont interrogé les gestionnaires qui ont soutenu que les jeunes ont été confiés au marabout Modou Kara Mbacké pour leur rééducation. Mais, des internés n’ont pas tardé à faire de graves révélations, confiant aux gendarmes qu'il y a eu plusieurs cas de décès dans ces centres. Ils ont relevé leurs conditions de vie déplorable. C’est sur la base de ces révélations qu’une enquête a été ouverte par la Gendarmerie. Dans la procédure d’enquête, la personne morale des centres, Serigne Modou Kara Mbacké, a été mise hors de cause. Alors que 45 de ses hommes ont été placés, hier lundi, sous mandat de dépôt.


DOUDOU DIOP


Liste des 45 gestionnaires de «Kara-Sécurité» placés sous mandat de dépôt


Antoine Black Mendy alias Mimiaini Kara, Mouhamed Abdallah Mbengue, Isaakhav Bâ, Moustapha Diatta, François Albert Diatta, Dame Thiam, Thierno Diallo, Made Fall, Dame Guèye, Seydou Saër Coly, Makhtar Cissé, Mamadou Niang alias Noreyni Kara, Cheikh Ahamadou Bamba Kane, Mamour Diène, Babacar Niang Diouf, Amadou Seck, El Hadji Abdoul Wahab Ndiaye, Mbaye Thiam, Adama Diop, Christian Hopolyth Dernevill, Mouhahibou Kane, Birame Mbaye alias Commandant, Pape Gorgui Dianka, Modou Diagne, Ibrahima Diop, Talla Diaga Mbaye, Alassane Ly, Alioun Faye, Souleymane Diallo, Ibrahima Sy, Abdoulaye Thiam, Moussa Sané, Thierno Sow, Dame Diack, Djibril Manga, Ibra Diao, Lamine Villier, Assane Danfa, Ousmane Fanné, Khadim Thiam, Sidy Diamé, Mouhamed Sène, Djibril Ndiaye, Cheikh Radial Diouf, Seydou Sané et X (en fuite).


 Ils encourent jusqu’à la perpétuité


Les 45 gestionnaires des camps de redressement de Serigne Modou Kara Mbacké ont été placés sous mandat de dépôt hier lundi par le juge d’instruction du huitième Cabinet. Le magistrat instructeur a retenu plusieurs infractions contre eux, dont la séquestration et la maltraitance. Des infractions qui pourraient les retenir en prison le restant de leur vie. La séquestration est réglée par l’article 334 du Code pénal qui dispose : «Seront punis de la peine des travaux forcés à temps de 10 à 20 ans, ceux qui, sans ordre des autorités constituées et hors mis les cas où la loi ordonne de saisir des prévenus, auront arrêté, le détenu ou séquestré des personnes quelconques.» Une disposition qui ajoute : «Quiconque aura prêté un lieu pour exécuter la détention ou séquestration subira la même peine.» Mais l’article 335 du même Code durcit la peine, si la séquestration atteint 30 jours. «Si la détention ou séquestration a duré plus d'un mois, la peine sera celle des travaux forcés à perpétuité», dispose l’article susmentionné. Ce qui revient à dire que les gestionnaires des centres de redressement de Serigne Modou Kara risquent jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité.


Doudou Diop

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Publié par

Mamadou Salif

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