Cheikh Anta Diop : 35 ans après sa disparition…

samedi 6 février 2021 • 1428 lectures • 1 commentaires

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Cheikh Anta Diop : 35 ans après sa disparition…

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iGFM – (Dakar) Historien, anthropologue et homme politique sénégalais du XXe siècle, Cheikh Anta Diop est l’un des premiers à mettre en avant le passé et l’héritage de l’Afrique précoloniale.

Biographie courte de Cheikh Anta Diop –
Né en 1923 à Caytou (Sénégal), Cheikh Anta Diop commence son apprentissage à l’école coranique avant d’intégrer l’école française de Diourbel. Il poursuit ses études à Dakar où ses projets pour la reconnaissance de l’Afrique commencent à germer. Il arrive à Paris en 1946 avec l’idée de devenir ingénieur en aéronautique. En 1948, il publie ses premiers articles sur les langues africaines. En 1951, le jeune homme prépare une thèse dans laquelle il démontre que des ethnies africaines noires peuplaient l’Égypte antique. Selon lui l’Afrique de l’Ouest aurait hérité de certains aspects de la culture et de la linguistique propres à la civilisation égyptienne. Il publie alors Nations nègres et culture en 1954, qui fait grand bruit. Il utilise les nombreuses disciplines (sociales et scientifiques) pour prouver sa vision et l’importance de la place des Africains dans l’histoire. Il obtient son doctorat en 1960 et revient dans son pays pour enseigner à l’université de Dakar en tant que maître de conférences, plus précisément à l’Institut Français d’Afrique Noire (IFAN).
Œuvres
Cheikh Anta Diop est à l’origine de la création du premier laboratoire de datation par le carbone 14 (radiocarbone) en Afrique, construit entre 1961 et 1966. Il s’est également investi politiquement, notamment pour l’émancipation des pays africains et leur indépendance. Cheikh Anta Diop est favorable à la création d’un État fédéral en Afrique et est un fervent défenseur du panafricanisme dans le but de se libérer des puissances coloniales européennes. En 1950, il intègre le Rassemblement démocratique africain. Il s’oppose au président sénégalais Léopold Sédar Senghor en fondant plusieurs partis politiques : le Bloc des Masses Sénégalaises (BMS) en 1961, le Front National Sénégalais en 1963 et le Rassemblement National Démocratique en 1976. Ce dernier ne sera reconnu officiellement qu’à partir de 1981. L’écrivain est aussi le fondateur du journal Siggi (“Redresser la tête” en wolof) qui deviendra par la suite Taxaw (“Se tenir debout”). Cheikh Anta Diop décède en 1986 à Dakar.
La thèse de Cheikh Anta Diop sur l’Egypte
Cheikh Anta Diop est l’un des auteurs africains les plus influents du XXe siècle. Ses travaux insistent sur l’héritage culturel et linguistique des sociétés d’Afrique noire trouvant ses origines dans l’Égypte antique. L’idée que cette dernière civilisation ait été en grande majorité composée de personnes de couleur noire est récurrente dans beaucoup d’ouvrages de Cheikh Anta Diop, et ce dès la publication en 1954 de Nations nègres et culture. Il s’appuie par exemple sur des descriptions d’Égyptiens faites par des auteurs de l’Antiquité comme Hérodote, Strabon ou Aristote, les décrivant comme des personnes à la peau “noire et aux cheveux crépus”. Il effectue des tests de pigmentation de la peau de momies pour arriver à la conclusion que certaines possèdent un taux de mélanine similaire à des populations d’Afrique noire. Enfin, avec son confrère Théophile Obenga, il relève certaines similitudes entre les langues africaines comme le wolof avec le copte et l’égyptien ancien.
Les livres de Cheikh Anta Diop
Au total, Cheikh Anta Diop a publié près d’une dizaine d’ouvrages et de livres sur les questions relatives à l’histoire de l’Afrique avant la colonisation par les Européens. En dehors de Nations nègres et culture, on peut citer L’Unité culturelle de l’Afrique noire (1959), Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique ? (1967) et Civilisation ou Barbarie : anthropologie sans complaisance (1981). Néanmoins, une partie de la communauté scientifique est en désaccord avec certaines des théories développées par Cheikh Anta Diop. D’autres critiques, beaucoup plus virulentes, vont jusqu’à le qualifier d’imposteur, comme celles de l’égyptologue Jean Yoyotte. Il faut attendre le colloque du Caire de 1974 organisé par l’UNESCO pour que les arguments de Cheikh Anta Diop soient pris au sérieux.
D’impact. A l’origine ce livre est une compilation de plusieurs sujets faisant l’objet d’une thèse de doctorat. Cette thèse débute en 1949 quand Cheikh Anta Diop étudie à l’université de la Sorbonne à Paris. Elle a pour thème “L’avenir culturel de la pensée africaine”. Elle est supervisée par le philosophe et épistémologiste Gaston Bachelard. Dans le même temps, Cheikh Anta Diop décide de traiter d’un sujet secondaire sur les Égyptiens prédynastiques pour sa thèse, sujet qui est accepté en 1951 et placé sous la supervision de l’ethnologue Marcel Griaule. La soutenance de thèse, programmée en 1954, n’a finalement pas lieu puisque le jury n’a pas pu être constitué. Un ouvrage réunissant les travaux de Cheikh Anta Diop est publié la même année sous l’appellation suivante : Nations nègres et culture : De l’antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique Noire d’aujourd’hui. De nombreux thèmes sont abordés, comme les origines noires de la civilisation égyptienne ou encore les courants migratoires à l’origine de la formation des différentes ethnies africaines. L’écrivain et homme politique Aimé Césaire, dans son Discours sur le colonialisme (1955), dit du livre de Cheikh Anta Diop que c’est l’ouvrage “le plus audacieux qu’un Nègre ait jusqu’ici écrit et qui comptera à n’en pas douter dans le réveil de l’Afrique”.
Cheikh Anta Diop : Dates clés
29 décembre 1923 : Naissance de Cheikh Anta Diop
Cheikh Anta Diop naît le 29 décembre 1923 au Sénégal dans le village de Caytou (ou Thieytou), situé près de la ville de Bambey dans la région de Diourbel. Il débute sa scolarité à l’école coranique, mais intègre rapidement l’École Régionale française de Diourbel. Il poursuit sa scolarité en se rendant à Dakar et à Saint-Louis. Le jeune Cheikh Anta Diop obtient en 1945 son brevet de capacité coloniale (équivalent du baccalauréat français), avec des majeures en mathématiques et en philosophie. Il quitte le Sénégal en 1946 pour poursuivre ses études à Paris, d’abord dans le but d’entreprendre une carrière de scientifique.
7 février 1986 : Mort de Cheikh Anta Diop
Cheikh Anta Diop décède le 7 février 1986 dans son pays natal à Dakar. Il laisse derrière lui sa femme Louise Marie Maes, docteure en géographie, et ses quatre enfants. Son fils aîné Cheikh M’Backé Diop, devenu docteur en sciences, continue d’être sollicité pour des événements de commémoration. Il est également codirecteur de la revue d’égyptologie et des civilisations africaines ANKH aux côtés de Théophile Obenga, l’ancien collègue et ami de Cheikh Anta Diop. Un an après la mort de ce dernier en mars 1987, l’université de Dakar change de nom et devient l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) pour lui rendre hommage.
Avec Linternaute online

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Publié par

Mame Fama GUEYE

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