Covid-19 : Le cri du cœur des agents de l’Administration pénitentiaire confinés

samedi 23 mai 2020 • 565 lectures • 1 commentaires

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Covid-19 : Le cri du cœur des agents de l’Administration pénitentiaire confinés

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IGFM - Confinés les 37 prisons du Sénégal pour éviter que le Covid-19 ne s’invite dans ces lieux de détention, les agents de l’Administration pénitentiaire réquisitionnés ont vu cette mesure être prolongée de 15 jours. Cela, au grand dam des matons et de leur famille contrainte de faire avec une longue absence, la psychose du Coronavirus et la conjoncture née de cette situation éprouvante.

Avec l’avènement de la pandémie du Coronavirus, le chef de l’État avait procédé, le 23 mars dernier, à l’instauration de l’état d’urgence pour contenir la propagation du Covid-19. Dans la même veine, le directeur de l’Administration pénitentiaire, le Colonel Jean B. Bocandé, prenait les devants, annonçant la réquisition des agents, si le Sénégal atteignait la quarantaine de cas positifs. Une annonce suivie d’effet quelques jours après. L’écrasante majorité des matons (triés suivant des critères d’adaptation à ce type de confinement singulier) est confiné dans les 37 prisons du pays le 23 mars dernier. Près de 2 mois après, une autre décision est venue corser la mesure de «confinement» prolongée pour 15 jours. Une éternité pour les agents réquisitionnés et leurs familles tenaillées entre le poids de cette longue absence, la psychose du Covid-19 et l’a conjoncture née de cette pandémie.

L’épineuse question des permissions qui fâche

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Pour les besoins de la célébration de la fête de Korité, la direction de l’Administration pénitentiaire a cherché à «desserrer», en permettant à des agents qui le souhaitent, de bénéficier d’une permission pour passer la fête en famille. Seulement, confie sous le couvert de l’anonymat, ce maton officiant à la Maison d’arrêt de Rebeuss (Mar), «les critères édités pour bénéficier d’une permission sont complexes. Le directeur de l’Administration pénitentiaire, Colonel Jean B. Bocandé, a instruit les directeurs de prison d’accorder des permissions aux agents qui souhaitent aller fêter la korité en famille. Mais les permissions sont accordées en fonction de l’effectif disponible dans chaque prison», indique nos interlocuteurs. A sa suite, son collègue officiant aussi à la prison de Rebeuss abonde dans le même sens et précise : «Cependant, après la fête, les permissionnaires seront mis d’office en quarantaine. C’est une mesure conservatoire prise pour éviter une contamination éventuelle à l’intérieur des prisons. Toutefois, si nous prenons notre cas, à la prison de Rebeuss, les permissionnaires qui ont leur famille dans l’intérieur du pays n’ont pas le droit d’aller au-delà des limites régionales de Dakar.»

«Nous sommes pointés à 700 FCfa la journée»

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Seulement, il n’y a pas que la question des permissions qui importune et fait grincer des dents. Aux yeux des agents réquisitionnés, la question des indemnités a toute son importance. «Au moment où on verse des indemnités allant de 2 000 à 5 000 FCfa aux agents des autres corps intervenants dans la lutte contre le Covid-19, nous avons droit à des miettes. Nous sommes pointés à 700 FCfa la journée. Pour notre dernier paiement mensuel d’indemnité, nous n’avons reçu que la somme de 340 000 FCfa», déplore l’agent de l’Administration pénitentiaire. Pour son collègue, le plus difficile est la longue absence auprès de sa famille. «Situation oblige, on nous permet d’être en contact avec la petite famille au téléphone et prendre de leurs nouvelles. On en profite pour les rassurer, parce qu’il y a surtout que les enfants ne comprennent pas. Et à chaque fois que nous apprenons qu’il y a un cas positif ou communautaire dans notre quartier, on ne ferme pas l’œil. Je suis resté quasiment toute une nuit au téléphone à parler à ma femme et aux enfants, en leur répétant les mesures d’hygiène à respecter», ajoute-t-il. L’autre point déploré par les matons porte sur la restauration qui, à en croire nos interlocuteurs, «gagnerait à être renforcée aussi bien en quantité qu’en qualité». Cela, même s’ils reconnaissent que des efforts ont été faits dans ce sens par la Direction générale.

«Pour dire vrai, mon mari me manque, j’ai vraiment besoin de lui à la maison…»


A l’instar des agents de l’Administration pénitentiaire «confinés» dans les prisons, leurs familles restées à la maison vivent le poids de cette situation contraignante. Épouse d’un agent de l’Administration pénitentiaire, N.F. ne cache pas son mal-vivre. «Pour dire vrai, mon mari me manque, j’ai vraiment besoin de lui à la maison, surtout en ce moment critique de pandémie. Je ne sais plus quel discours tenir aux enfants qui ne comprennent pas pourquoi il n’est pas à la maison, au moment où on demande à tous de rester chez eux. Lui-même a presque épuisé toutes ses excuses, après être resté plus de 2 mois à expliquer les raisons de son absence. Parfois, j’ai l’impression d’être l’épouse d’un émigré, vu que je ne communique avec mon mari que via des appels vidéo et le plus cocasse est qu’il nous arrive parfois de nous disputer au téléphone. Mais je comprends aussi qu’ils sont sous commandement. Pour les préparatifs de la fête de la korité, il m’a dit qu’il n’a pas encore reçu son argent et cela pose un autre problème» Fichu virus

DOUDOU DIOP  

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Daouda Mine

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