COVID-19 : «Pourquoi l’urgence de refermer les écoles ne se présente pas encore»

mercredi 27 janvier 2021 • 677 lectures • 1 commentaires

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COVID-19 : «Pourquoi l’urgence de refermer les écoles ne se présente pas encore»

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Depuis l’annonce de la mutation du Covid-19, les populations ne cessent de craindre une refermeture des écoles. Mais pour des chefs d’établissement, l’urgence de fermer à nouveau les classes ne se présente pas pour le moment.

Sur le portail de l’école élémentaire Hlm Patte d’Oie est affiché : «Port de masque obligatoire.» A l’entrée, se trouve un homme qui exige le lavage des mains à l’aide du gel hydro-alcoolique aux élèves et visiteurs avant d’accéder à l’intérieur de l’école. Des lave-mains et seaux contenant de l’eau javellisée sont installés devant chaque salle de classe. Ici, le protocole sanitaire est bien en place. L’horloge affiche 9 heures et tous les élèves sont en cours. Dans les salles, ils portent chacun un masque, seulement le respect de la distanciation physique y est impossible. Sur les tables-bancs, des élèves s’assoient par trois pour suivre les cours. Une situation qui inquiète Adama Lô, Directeur de l’établissement.  «L’école a un effectif de 615 élèves répartis dans 12 salles de classe. Nous avons des classes où il y a plus de 60 élèves. Même si le dispositif sanitaire est sur place, on a du mal à faire respecter correctement les mesures barrières recommandées par les spécialistes de la santé. On essaie de faire l’essentiel, puisqu’on a des masques et des lave-mains pour les élèves et les enseignants», confie M. Lô. Qui signale que les élèves portent tout le temps un masque dans la cour et dans les classes. Aussi, poursuit-il, ils sont obligés de se laver les mains avec de l’eau et du savon avant d’entrer dans les salles. Directeur Adama Lô souligne cependant qu’il n’est pas facile de faire respecter aux enfants des mesures dont ils ignorent vraiment les enjeux. «Chaque matin, on sensibilise les enfants. Mais le respect des mesures barrières ne peut pas se faire de manière générale dans les écoles», indique-t-il. A cet effet, dit-il, si on suit le principe de départ, les écoles devraient être fermées. Parce que, justifie-t-il, «dans la première phase de la pandémie du Coronavirus, on avait fermé tous les lieux de rassemblement, alors qu’on nous dit que cette deuxième vague est beaucoup plus grave». M. Lô ne voit pas ainsi la raison de laisser les élèves fréquenter les écoles, puisque les cas de contaminations et de décès ne cessent de flamber (133 nouveaux cas, dont 97 cas communautaires et 10 décès enregistrés ce lundi 25 janvier 2021).  

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Lors de la dernière déclaration du gouvernement sur le couvre-feu, beaucoup de Sénégalais s’attendaient à l’annonce d’une refermeture des écoles. Mais Mbaye Samb, Principal du Collège d’enseignement moyen (Cem) de Grand-Yoff, prend leur contrepied. Il reste convaincu que l’urgence n’est pas encore là. Pour lui, on ne doit même plus penser à refermer les écoles. «Il y a des rumeurs sur des cas de Coronavirus dans certaines écoles et des échos sur une refermeture. C’est seulement le ministère de l’Education nationale, en collaboration avec celui de la Santé, qui est habilité à donner des instructions dans ce sens. On ne souhaite pas une refermeture des écoles. Fermer encore les écoles est notre dernier pressentiment. Cela serait un grand coup contre le secteur de l’Education», avise M. Samb. A l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), précisément à l’Ecole supérieur polytechnique (Esp), la panique s’est installée avec les deux cas d’étudiants testés positifs au Covid-19, le lundi 25 janvier. Malgré la détection de ces cas, Professeur Mor Ndiaye, Coordonnateur de la commission santé Covid-19 de l’Ucad, annonce qu’il n’y a aucune éventualité, pour le moment, de fermeture de l’établissement (Esp, Ndlr). «Au niveau de l’Esp, ce sont des classes avec des effectifs réduits. Lorsqu’un étudiant entre en contact avec d’autres étudiants, ces cas doivent faire l’objet d’une surveillance. C’est là où on a demandé, au lieu que les gens continuent à faire de l’enseignement en présentiel, qu’on bascule carrément dans l’enseignement en ligne, le temps de surveiller ces cas pendant 15 jours et de désinfecter la salle. On pourrait après reprendre l’enseignement bimodal, en respectant l’ensemble des mesures barrières», indique-t-il.

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«Refermer les écoles, c’est conduire les enfants dans la rue»


Au Collège d’enseignement moyen (Cem) de Grand-Yoff que dirige Mbaye Samb, le port du masque est négligé par certains élèves. En uniforme beige, ils s’entassent dans la cour comme si de rien n’était. Le dispositif sanitaire est au complet, mais les potaches peinent à le respecter. «Nous vivons une situation un peu compliquée. Tous les élèves et le corps professoral ont reçu des masques, mais ce n’est pas facile de faire respecter les mesures barrières. Il y a toujours des élèves qui négligent le port du masque. Sur 6 élèves, c’est seulement les 4 qui portent régulièrement le masque. Nous avons un établissement de 20 salles de classe pour un effectif de 1 500 élèves, soit 70 élèves par classe. C’est un nombre excessif», s'alarme M. Samb. Même s’il se dit contre toute idée d’arrêt des cours. La Principale du Cem John Fitzgerald Kennedy de Dakar (Colobane), Aminata Kanté, de poursuivre : «Je suis contre une refermeture des écoles. On doit essayer de vivre avec le virus. Refermer les écoles, c’est conduire les enfants dans la rue. C’est seulement l’école qui peut contenir les élèves et réduire leurs déplacements. Au lieu d’une fermeture, on doit trouver une autre méthode de donner des cours. On peut former les élèves en groupes et leur trouver un emploi du temps afin d’éviter les grands rassemblements.» Dans cet établissement de jeunes filles, le dispositif sanitaire est aussi mis en place. Ici, on exige le lavage des mains et le port de masque avant d’accéder dans l’établissement. «Tout élève qui vient, se lave les mains avant d’entrer dans une classe. Le port du masque est aussi obligatoire. Dans toutes les salles de classe, les élèves s’assoient à 2 pour respecter la distanciation physique. Ce n’est pas facile d’être avec des enfants qui sont insouciants du degré de contamination du virus, mais les professeurs font tout pour faire respecter les mesures barrières», rassure Mme Kanté. Proviseur du Lycée Blaise Diagne, Kao Diaby est aussi contre la refermeture des écoles. Et si c’est l’interdiction de rassemblements qui va faire disparaître le virus, il croit que le Sénégal a de sérieux problèmes, puisque nous avons une société où il n’est pas facile d’éviter les regroupements. «On ne peut pas fermer les écoles à cause des rassemblements, alors qu’il y a plus de rassemblement dans les quartiers, les maisons et les places publiques. Ce qu’on doit faire, c’est de vivre avec le virus et que chacun prenne ses responsabilités. Laissons les enfants étudier en respectant les mesures barrières», souligne M. Diaby. Au Collège Notre Dame (Castor), il y a des rumeurs sur l’existence d’éventuels cas de contamination au Covid-19. Au moins six élèves en classe de Seconde et Première seraient déjà touchés par le virus. Une rumeur qui a fait le tour de la toile et qui aurait poussé la directrice dudit collège à interdire la présence de visiteurs dans l’établissent. «Pour le moment, les visites de médias sont interdites par la directrice de l’école», a fait savoir le vigile trouvé sur les lieux. Si la situation déborde et que les écoles soient infectées à un pourcentage plus élevé, les chefs d’établissement scolaire pensent qu’il va falloir essayer d’autres solutions et éviter de refermer les écoles. 


 


BACARY BADIANE, PRESIDENT DE LA FEDERATION DES PARENTS D’ELEVES DU SENEGAL (FENAPES) : «Nous disons non à une refermeture des écoles»


 


«Ce sont les écoles qui éduquent nos enfants pendant que nous sommes au bureau, dans les séminaires ou autres. Fermer les écoles, c’est ramener les enfants à la maison ou dans la rue. Les parents d’élèves ne sont pas du tout d’accord pour une nouvelle fermeture des établissements scolaires. Nous disons non à une refermeture des écoles parce que, sur une population de 16 millions d’habitants, c’est seulement 4 millions d’enfants qui vont à l’école. Ce n’est pas le moment de fermer les classes, mais il faut que les enseignants veillent sur le respect des mesures barrières. Il faut porter le masque et se laver les mains. Il faut prendre des précautions, parce que le risque est partout.»


 


RAPPORT EPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE DE L’OMS DU 20 JANVIER 2021 : «Les fermetures d'écoles doivent être un dernier recours…»


 


«Les fermetures d'écoles doivent être un dernier recours. Elles doivent être temporaires et seulement à un niveau local dans les zones de transmission intense du virus. Plusieurs études ont montré que la réouverture des écoles n'avait pas correspondu à des hausses significatives de transmission dans la communauté ou à des pics d'infection. La découverte, à la fin de l'année 2020, de nouveaux variants plus contagieux exige plus d'analyses par sexe et par âge pour mesurer si et comment l'impact de ces nouveaux variants sur les enfants pourrait différer de celui de la souche originelle. Si on trouve que les enfants sont plus touchés, les mesures de santé publique pourraient devoir être ajustées. Les écoles ne s'avèrent pas être des foyers de super propagation, sauf dans quelques cas où les mesures de protection n'ont pas été bien mises en œuvre. Le taux de transmission dans la communauté se reflète à l'école. Quand la transmission dans la communauté est faible et que les mesures de prévention appropriées sont prises, il est peu probable que les enfants et les écoles soient en pointe dans la transmission. Mais à l'inverse, quand les infections augmentent, comme c'est le cas ces trois derniers mois, les mesures de prévention et de protection sont cruciales pour prévenir la transmission.»


ABLAYE GADIAGA SARR

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Publié par

Namory BARRY

admin

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