DABY BALDE, CHANTEUR, PARLE À CŒUR OUVERT DE SON AVC «Paralysé du côté droit, je vis cloitré chez moi avec une aide à domicile»

mercredi 17 mai 2023 • 2576 lectures • 2 commentaires

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DABY BALDE, CHANTEUR, PARLE À CŒUR OUVERT DE SON AVC «Paralysé du côté droit, je vis cloitré chez moi avec une aide à domicile»

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iGFM – (Dakar) Il a échappé au pire… Victime d’un accident vasculaire cérébral qui l’a éloigné de la scène et bouleversé son quotidien, Moutarou Daby Baldé vit des heures sombres. Avec l’aide des autorités, il a pu se rendre en Tunisie puis à Bordeaux pour bénéficier d’une rééducation. Malheureusement, cela n’a pas suffi à lui faire totalement retrouver l’usage de ses membres et de la parole.

Aujourd’hui, confiné dans sa chambre au cœur d’un quartier dakarois, avec comme seule compagnie une téléviseur fixé sur le mur, il se bat «clopin-clopant», contre une santé déclinante. Histoire de surmonter sa maladie, les séquelles qu’elle lui a laissées et redonner un sens à sa vie… 

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Depuis plusieurs années vous êtes cloué au lit à cause d’un AVC, pouvez-vous revenir sur ces circonstancesqui vousont éloigné de la scène ? 
La maladie est survenue un beau jour. A aucun moment, je n’ai ressenti les symptômes. Il y a quatre ans, comme d’habitude, je vaquais à mes occupations lorsque ma vie a basculé.Alors que revenais fraîchementdeLondres,unsoir, aprèsune virée nocturne à «Yeungoulène», j’ai été saisi de violents maux de tête. Sur le coup, je ne savais pas ce qui était en train de m’arriver. La douleur s’accentuait de plus enplus et était devenue insupportable. J’ai alors appelé un de mes amis en pleine nuit. Celui-ci, après qu’il est venu à mon chevet, m’a transporté d’urgence à l’hôpital. Je n’ai aucun souvenir de ce qui s’est passé par la suite. Je suis resté trois jours dans le coma. Jeme suis réveillé à l’hôpital Fann. J’avais perdu l’usage de mes jambes et je parlais difficilement. J’ai alors réalisé que j’avais échappé au pire, que je revenais de loin. Les médecins m’ont annoncé que j’avais fait un accident vasculaire cérébral. Jusque-là, je n’avais aucune idée de ce qu’était un AVC. Je n’avais qu’une seule envie, sortir du lit et rentrer chez moi. Hélas, je ne pouvais même plus me lever seul, à plus forte raison marcher. 

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«Mon séjour en Tunisie et à Bordeaux, l’enveloppe du Président» 


Qu’avez-vous fait à l’issue de votre hospitalisation ? 
Ama sortiede l’hôpital,j’ai contacté El Hadj Ndiaye de la 2STV qui est mon ami, pour lui faire part de ma situation.Il s’est déplacé et est venu jusqu’ici pour me voir. Je lui ai demandédem’aiderpourque j’aille en Tunisie pour voirunmédecinet voir éventuellement,lesoptionsqui s’offraient àmoi, pourma guérison.Il a été sensible et a fait des pieds et des mainspour que jepuisse y aller. J’ai passé deux semaines en Tunisie. Malheureusement, celan’apas suffi. C’est ainsi qu’à mon retour, j’ai en treprisdesdémarchespour allerme soigner en Europe. J’ai pu obtenir deux devis de structures sanitaires, l’une en Allemagne et l’autre en France. J’ai ensuite fait des vidéos où j’interpellais directement le PrésidentMacky Sall, pour ma prise en charge. Mame Boye Diao m’a aussi aidé et a toutfaitpourquemondossier aboutisse. Le chef de l’État m’a octroyé une enveloppe de 25 millions et apayé les fraisduvoyage. Je suis allé àBordeaux etj’aifait4mois là-bas.Je faisaisdesmassages etdes séancesde kinésithérapie régulièrement. J’ai suiviuntraitement etune bonne rééducationethonnêtement, j’avais commencé à retrouver du poilde la bête. Je parvenais àmieux m’exprimer et marcher. Néanmoins, il a fallu que je revienne au bercail car, entre les frais d’hospitalisation, les soins, les médicaments et ma restauration, je n’avais plus d’argent. Le médecin qui me suivait m’aditqu’ilfallaitque je sois interné au moins un an pour avoir des chances de guérir. 


Pourquoi Bordeaux plutôt que l’Allemagne ?
On m’avait parlé du médecin togolais qui officiait dans cette structure sanitaire à Bordeaux. On m’a vanté ses mérites et j’ai choisi d’aller làbas. Jen’aipas regretté car j’ai vude l’amélioration. Malheureusement, jen’aipurester le temps qu’ilfallait. Même avant mon retour au Sénégal, j’ai adressé un courrier au Président pour lui faire part de la situation. Toutefois, c’est resté sans suite. J’ai contacté qui de droit mais,jusqu’ici,mesdémarches sont restées vaines. 


«J’espère un jour retrouver l’usage total de mes membres» 


Aujourd’hui, quelles sont vos attentes ? 
Aujourd’hui, je ne demande qu’un appuifinancier à quiconque voudra bienm’aider, pour retrouverma vie d’avant. J’ai beaucoup de relations dans le gouvernement mais, je n’ai jamais utilisé mon statut d’artiste pour avoir une voiture, une maisonou un quelconque privilège. J’ai joué des soirées privées pour nombre d’entre eux, ainsi que le Président Macky Sall lui-même. Malgré tout, je n’ai jamais voulu tendre la main. Seul travailler, gagner mon pain à la sueur de mon front m’intéresse. Je suis un artiste musicien etj’ai marqué mon empreinte dans le paysage musical sénégalais. Je suis l’un des dignes ambassadeurs de la Casamance, de la région de Kolda d’où je tiens mes origines. Toute ma vie, je l’ai consacrée au service de mon Art. En Europe et un peu partout dans le monde, on connaît qui est Moutarou Daby Baldé. J’ai côtoyé les plus grands noms de la musique sénégalaise, dont Youssou Ndour et Baba Maal. J’ai également géré plusieurs restaurants et night clubs comme le Blu-Saxo. Si aujourd’hui, j’ai décidé de parler de ma santé et de solliciter l’aide des bonnes volontés, des autorités ainsi que des collègues artistes, c’est parce que je n’ai pas le choix. Je dois poursuivre mes soins, pour espérer un jour retrouver l’usage total de mes membres. 


De combien avez-vous besoin concrètement pour poursuivre vos soins ? 
Je ne sais pas exactement. Il me faut obtenir un devis des praticiens qui tiendront compte de la durée de la rééducation. 


En attendant, comment faites-vous pour suivre votre traitement et vivre quotidiennement, puisque vous nepouvez plus travailler ? 
Pour mes médicaments, c’est un ami qui m’aide. A chaque fois que mes médicaments sontterminés, il me les envoie. J’ai aussi un autre ami qui prend pratiquement en charge tous mes besoins. Il le fait en toute discrétion et m’a expressément demandé de lui dire tout ce dontj’ai besoin. Huile, courant, riz, il s’occupe de tout et ne veut que j’en pipe un mot. Beaucoup ne savent même pas que je suis au Sénégal. Je vis cloitré chez moi, avec une aide à domicile.Il y a aussi une dame qui se déplace pour me faire des massages au beurre de karité. Je fais des exercices moi-même, j’essaie de marcher et de longer les couloirs tout seul. Ce n’est pas évident, car je suis paralysé du côté droit. Je vaquais à mes occupations, aujourd’hui, je ne peux plus me déplacer. 


Vous n’êtes pas marié ?
Je l’étais, mais j’ai divorcé bien avant que cela arrive. J’ai une fille qui vit à Londres avec sa mère. 
Vos collègues artistes sont probablement au courant de votre situationsanitaire. Ontils été solidaires ? 
Personne n’est venu me voir. Mais, je ne leur en tiens pas rigueur, ils n’en sont pas obligés. N’empêche, ça donne du réconfort, lorsqu’on traverse des épreuves, de se sentir entouré. J’ai commencé à faire de la musique, j’avais 25 ans, donc je me considère comme un éminent acteur culturel. Je ne serais pas contre, s’ils veulent m’aider, tout comme les bonnes volontés et les autorités. Si possible, j’irai enCasamance explorer d’autres méthodes. 


Voulez-vous dire qu’il y a une part mystique dans votre maladie ? 
Je ne saurais vous dire, honnêtement. Nous sommes en Afrique et avec nos réalités. Une chose est sûre : je crois en Dieu et Il est seul maître de mon destin. Je reste convaincu que tôt ou tard, je vais remarcher et redevenir moimême. Tout vient à point à celui qui sait attendre. Le diagnostic des médecins, c’est que je suis victime d’un AVC et c’est cela que je retiens. Je vais me soigner en conséquence. Sauf que je n’ai pas les moyens, je n’ai aucun revenu qui mepermettedeme tirerd’affaires… 


MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU

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Publié par

Mame Fama GUEYE

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