"Décapitation" de Macron: des journalistes "mis en cause"

vendredi 28 décembre 2018 • 495 lectures • 1 commentaires

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IGFM- Trois journalistes ont été convoqués, après avoir filmé le simulacre de décapitation d'Emmanuel Macron, par des gilets jaunes.

Des journalistes entendus comme témoins par la police, cela arrive. Des journalistes entendus comme "mis en cause" pour "provocation non suivie d'effet au crime ou délit", c'est plus rare et plus grave pour la liberté de la presse. C'est pourtant ce qui est arrivé, jeudi, à trois journalistes de Charente libre, à Angoulême.

Deux des trois journalistes auditionnés jeudi (le dernier est rédacteur en chef adjoint) ont couvert, vendredi 21 décembre, le simulacre de décapitation d'un pantin à effigie d'Emmanuel Macron, sur l'île de Bourgines, dans le chef-lieu de la Charente. Une scène qui a choqué, de la préfète du département au Premier ministre... jusqu'à certains gilets jaunes.

Ismaël Karroum, le rédacteur en chef adjoint de Charente libre entendu jeudi par la police, a découvert sur place qu'il était entendu comme mis en cause : "On pensait qu'on était convoqués comme témoins, mais mis en cause ça voulait donc dire qu'il y avait des poursuites possibles", explique-t-il à L'Express.

"On a senti que les policiers étaient gênés"

"On a accepté de répondre aux questions. On a tout de suite senti que les policiers étaient gênés. On a senti que ça ne venait pas du parquet local. C'était très surprenant", poursuit le journaliste.

"Quand on se rend sur place vendredi, on se doute qu'on va assister à quelque chose de potache (un faux procès du président de la République, NDLR), mais on ne sait rien pour le simulacre de décapitation", explique Ismaël Karroum.

"L'audition a surtout tourné autour de la vidéo" faite par le photojournaliste (qui fait partie des convoqués), précise le rédacteur en chef. C'est ce qui semble avoir provoqué les convocations. "Au début du mouvement des gilets jaunes, on a eu pas mal de problèmes avec des journalistes bousculés ou insultés...On a alors décidé de filmer, parfois en Facebook live, pour se protéger." Et vendredi dernier, c'était pareil.

"Un bug de la chancellerie" ?

"Si on nous poursuit pour ça, alors il faut poursuivre la préfecture qui a autorisé la manifestation, alors il faut poursuivre la mairie d'Angoulême qui a laissé le lieu aux gilets jaunes", s'insurge Ismaël Karroum, qui ne voit néanmoins pas comment il pourrait avoir des poursuites.

"Je ne crois pas qu'il y a une intention d'intimidation", estime le rédacteur en chef adjoint de Charente libre. Il modère : "Je crois plutôt à un bug de la chancellerie." Contactée par L'Express, cette dernière n'a pas répondu à nos sollicitations.

De son côté, le Syndicat national des journalistes a réagi sur Twitter. L'organisation voit dans ces auditions une entrave à la liberté d'informer.

Lexpress.fr

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Daouda Mine

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