(Entretien) Mimi Touré : «Madické Niang fut un client infructueux de la Crei»

vendredi 2 novembre 2018 • 521 lectures • 1 commentaires

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(Entretien) Mimi Touré : «Madické Niang fut un client infructueux de la Crei»

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IGFM-Sur la longue liste des soldats prêts à défendre le Macky contre attaques et tirs, elle figure en première ligne. Toujours engagée. Toujours au service du Président Sall. D’ailleurs, Aminata Touré, femme discrète, n’hésite pas à mettre les points sur les «i» et se barricader contre les pourfendeurs du chef de file de l’Alliance pour la République (Apr). Et dans cet entretien via e-mail, l’envoyée spéciale du président de la République et coordonnatrice du pôle de parrainage du candidat Macky Sall, parle sans détour. Les réponses claires et concises. La sortie fracassante de l’ancien Premier ministre, Cheikh Hadjibou Soumaré, la fiabilité du fichier électoral, le parrainage et ses mille déboires, l’insécurité en banlieue, tout y passe…

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L'ancien Premier ministre, Cheikh Hadjibou Soumaré, a peint un tableau sombre du régime. Comment analysez-vous sa sortie ? 


A moins de quatre mois des élections, il faut que le nouveau arrivé sur la scène politique qu’il est, se fasse entendre et visiblement, à tout prix. Comme technocrate, je m’attendais à plus d’objectivité de sa part. C’est facile, les déclarations sans arguments objectifs. Comme économiste, il sait bien qu’un pays comme le Sénégal, qui fait un taux de croissance de 7,2%, est sur la bonne voie. Nous sommes la troisième meilleure performance africaine en la matière. Il sait aussi que nous sommes un pays dont la signature est positivement appréciée sur les marchés financiers et par les Instituts d’évaluation indépendants que sont Moody’s ou Standard & Poor's. Il était le président de la Commission de l’Uemoa et sait bien que depuis 2012, nous avons fait des progrès économiques importants. Nous avons gagné plus de 15 places dans le classement Doing Business relatif à l’amélioration de l’environnement des Affaires. Nous sommes sur une bonne trajectoire de développement. Il nous faut rester persévérant et résilient, car évidemment, tout n’est pas réglé. Loin s’en faut. Les défis restent encore nombreux. Comme politiciens, anciens ou nouveaux, peu importe, nous devons impulser un débat public qui  repose sur des faits objectifs et nous devons surtout rivaliser en termes de programmes à proposer aux Sénégalais. Il est dommage que l’intellectuel qu’il est emboîte si rapidement, le pas aux politiciens classiques, comme s’il voulait faire du rattrapage en matière d’attaques subjectives sans fondement. Le débat doit se faire chiffres contre chiffres, programme contre programme. Et les Sénégalais apprécieront en toute indépendance.


N'a-t-il pas une part de raison, d'autant plus que beaucoup de Sénégalais peinent à voir le bout du tunnel ?


Incontestablement, le Sénégal se porte mieux depuis 2012. L’inflation est maîtrisée depuis 2012. Le panier de la ménagère est resté stable sur une longue période. Le pouvoir d’achat général a augmenté, à commencer par celui des fonctionnaires dès 2012. Avec la baisse de l’impôt sur le revenu. L’augmentation progressive du prix de l’arachide a aussi amélioré les revenus des paysans. Les retraités ont constaté une hausse de leurs pensions avec, en plus, l’instauration d’une pension minimale. Plus de 300 000 familles bénéficient d’un appui direct de l’État par les bourses familiales. Sur la question de l’énergie, les progrès sont très importants. On se souvient encore de la période noire des émeutes de l’électricité. Aujourd’hui, même si on peut signaler des coupures très sporadiques, force est de constater que nous avons fait des pas de géants en la matière. Le rapport Mo Ibrahim le note d’ailleurs, en nous classant parmi les 5 pays africains qui ont le plus avancé sur l’accès à l’énergie, y compris en zones rurales. En sept ans, il a été construit dans ce pays, plus de forages, de pistes rurales et même d’autoroutes comme jamais avant. Ce sont des faits vérifiables. Et les Sénégalais ont pris bonne note. Encore une fois, et je n’insisterai jamais assez, il reste encore beaucoup à faire, car le développement d’un pays, c’est l’accumulation de progrès successifs. Et depuis 2012, de nombreux progrès économiques et sociaux ont été enregistrés. C’est justement tout le sens du second mandat que sollicite notre candidat, pour consolider ces importants progrès du premier mandat. Ce qui permettrait au Sénégal d’aller vers une étape encore plus importante de son développement économique et social.


N’est-il pas bien placé pour alerter sur les finances publiques qui se porteraient mal, pour avoir été dans le système ?


Justement, c’est parce que Hadjibou Soumaré a été dans le système, comme vous dites, qu’il devrait être capable de comparer le Sénégal de Abdoulaye Wade et celui de Macky Sall. Je lui suggère de faire, en toute objectivité, une analyse comparative des 12 années du Président Abdoulaye Wade et du septennat finissant du Président Macky Sall. Il sait bien qu’il n’y a pas photo en matière d’investissement public utile, de politique sociale et de meilleure gouvernance. A ce sujet, selon l’Index Mo Ibrahim, nous sommes 10e dans la classe des 54 États africains que compte notre continent et l’objectif est d’être premier. Avant 2012, nous étions dans les profondeurs du classement, notamment du temps des valises de Segura, du Fesman, festival de danse et chants à 90 milliards FCfa ou des expéditions punitives contre vos collègues journalistes.


Le Gouvernement clame toujours que le pays est liquide, mais la situation des populations ne s’améliore pas. N'y a-t-il pas paradoxe ?


Vous savez la liquidité d’un Etat sert à financer des programmes et à construire des infrastructures au bénéfice des populations. Cette liquidité dont vous parlez a servi, par exemple, à faire l’autoroute Ila Touba, le pont de Gambie, les Universités Cheikh Ibrahima Niasse de Kaolack et Amadou Makhtar Mbow de Diamniadio, entre autres. Ce n’est pas par hasard que notre coalition gagne toutes les élections depuis 2012. Pour rappel,  il y en a eu 5, toutes remportées par Benno bokk yakaar. Les populations, dans leur large majorité, ne sont pas dans les médias tous les jours, elles vaquent tranquillement à leurs occupations et s’expriment tout aussi tranquillement le jour du vote. Elles voient le travail accompli et reconnaissent les efforts. Et comme je dis, l’adhésion se mesure à chaque consultation électorale. Nous ne faisons pas dans l’arrogance néanmoins, sachant parfaitement qu’il faut mériter la confiance des populations. C’est le credo de notre candidat, qui s’est efforcé, tout au long de son mandat, à soulager les difficultés de nos concitoyens de tous les secteurs, tout particulièrement les plus défavorisés par le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc), le Programme d’aménagement des zones frontalières, les programmes spécifiques en direction des femmes et des jeunes, à travers  la Délégation à l’entrepreneuriat rapide et autres programmes. La liste est longue. Je pourrais parler des investissements sportifs, dont l’Arena est le beau point culminant ou de la pêche, avec le vaste programme de modernisation, à travers la subvention des moteurs de pirogues et la construction des quais de pêche ou de l’élevage, avec la subvention des aliments et la réhabilitation du Ranch de Dolly. Voilà le véritable débat. Nous ne nous laisserons divertir outre mesure, dans la défense du très bon bilan de notre candidat. Tout en reconnaissant toujours qu’il reste encore beaucoup à faire et des choses à améliorer. Nous ne sommes tous, que des humains, après tout.


S'agissant du fichier électoral, Pape Diop et Me Mame Adama Guèye dénoncent un hold-up électoral orchestré par le Président Sall. Qu'en pensez-vous ?


Ce sont des allégations sans fondement aucun. Que les preuves de ce qu’ils disent soient portées à la connaissance des Sénégalais ! Comment un hold-up s’organiserait-il d’ailleurs ? Les résultats des élections sont affichés à la porte de chaque bureau de vote et vous, les journalistes, les annoncez en direct. De plus, la loi électorale autorise les scrutateurs. N’importe quel Sénégalais muni de sa carte d’identité peut demander à assister au comptage des résultats dans un bureau de vote. Le processus est très transparent. Il est tout simplement impossible de truquer des élections au Sénégal, on a dépassé ce stade depuis très longtemps. Si c’était aussi simple, en 2012, le candidat Macky Sall dans l’opposition n’aurait pas battu le Président Abdoulaye Wade en place depuis 12 ans, à la recherche d’un troisième mandat. C’est regrettable que la diffusion de fausses nouvelles soit devenue une stratégie de plusieurs membres de l’opposition. Une opposition-fake news, on pourrait dire. Pour le pétrole, qui est encore à des kilomètres sous-mer, on nous parle de milliards perdus par le Sénégal, alors que l’exploitation n’a même pas débuté. Pour toutes ces allégations de soi-disant contrats léonins, aucun début de preuve n’est apporté. Et ce n’est pas par hasard que cela se passe à une encablure des élections. Ces diffuseurs de fausses nouvelles se disent que c’est une période où tout politicien est intouchable et par conséquent, peut dire ce qu’il veut. Certains font dans la victimisation, en inventant des persécutions qui n’existent que dans leur imagination. L’idée qu’on peut accéder au pouvoir par la manipulation et la désinformation semble être largement partagée dans l’opposition. Ce n’est pas connaître le degré de maturité des électeurs. Et nous, de la majorité, nous ne nous en laisserons pas compter. Chaque fois que de besoin, la réalité des faits sera rétablie.


Pourtant, Samuel Sarr parle même de trois fichiers électoraux sans être démenti...


Ah oui ? Trois fichiers ? Pourquoi pas quatre ou cinq, pendant qu’on y est !  On est dans la fantasmagorie là. A quoi serviraient ces fichiers ? Tout ceci, c’est de l’animation politique de mauvais goût, pour expliquer par après, la débâcle électorale de leurs auteurs. Il y a un seul fichier électoral évidemment et il sera mis à disposition des candidats dans les délais prescrits par la loi électorale. Pour rappel, l’opposition et la majorité se sont entendues pour une refonte complète du fichier électoral. C’est avec ce fichier que nous sommes allés aux élections législatives. Il ne faut pas prendre les Sénégalais pour moins intelligents qu’ils sont. Ils savent que tout ceci n’est que rhétorique de futurs mauvais perdants.


Qu’attend donc le Gouvernement pour mettre en œuvre les 25 recommandations des experts de l'Union européenne, surtout avec les problèmes à Touba ?


Il faut d’abord établir que ce rapport que vous citez  et qui est tout à fait indépendant, atteste clairement de la fiabilité du nouveau fichier électoral. Ces consultants n’ont pas de parti-pris, ce qui balaie d’un revers de main les accusations de manipulation. Dans toute entreprise, il y a naturellement des améliorations possibles. Je disais que nous avions entrepris une lourde opération, la refonte complète du fichier, avec quelques difficultés inhérentes à ce type de changement. Mais le ministère de l’Intérieur, depuis lors, travaille d’arrache-pied pour mettre toutes les cartes d’identité et d’électeur à la disposition des citoyens. D’après ses services, plus de 96% des cartes d’électeurs de la refonte du fichier de 2017 ont été produits. J’invite par conséquent, les citoyens concernés à aller retirer la leur dans les centres de dépôt où il y a encore de nombreux stocks de cartes qui attendent leur propriétaire.


Avec ces contestations persistantes sur le processus électoral, n'êtes-vous pas en train de semer les graines d'un contentieux post électoral ?


Il faut tout d’abord voir le contenu des contestations et se demander s’il s’agit de contestations sérieuses et avérées ou de contestations sans fondement. Quand on conteste, il faut amener des preuves de ce qu’on dit. Il faut saisir les instances habilitées et surtout donner l’occasion aux citoyens de vérifier la véracité des allégations. La vérité est que l’opposition, depuis 7 ans, essaye en vain de créer une tension qui pourrait lui être favorable électoralement. A trois mois de l’ouverture de la campagne électorale, elle met toutes ses dernières forces dans une bataille d’opinion, sur la base d’informations non soutenues par des preuves tangibles. Je reste convaincue que nous avons une tradition solide d’organisation d’élections, le scrutin de février 2019 ne fera pas exception et se déroulera normalement, InchAllah, c’est-à-dire de manière transparente et en toute sécurité.


À propos du parrainage, des achats de conscience sont signalés un peu partout. L'on pointe du doigt le pouvoir en place. Présentement, où en êtes-vous avec le parrainage et à ce jour, combien de parrains avez-vous pu collecter pour votre candidat ?


On a eu des incidents très  isolés. Avec pour un cas à Mbour, la saisine de la justice qui a fait son travail. Je ne pense pas que les Sénégalais soient à acheter aussi facilement qu’on voudrait le faire croire. Ils sont conscients de l’importance de l’exercice démocratique et comprennent l’importance de la carte d’électeurs. Puis, franchement, vous pensez qu’un parti, l’Apr en l’occurrence, qui contrôle 480 mairies sur 552, en plus de l’apport des alliés, a besoin d’acheter des parrainages ? Pour nous, la période de parrainage est aussi l’occasion pour nouer un dialogue avec nos concitoyens, en explicitant les raisons pour lesquelles nous souhaitons qu’ils  parrainent notre candidat : son bilan, ses réalisations, ses projets futurs. C’est aussi l’occasion d’écouter leurs attentes et même leurs récriminations. Le tout, pour garder le pouls exact sur le pays et répondre aux attentes, dans la limite des possibilités.  En somme, cela se passe bien pour notre coalition, nous sommes sur le terrain et faisons ce que nous avons à faire, sans tambour ni trompette.


L'on a constaté une surenchère dans la collecte des parrainages au sein de l'Apr. Et dans l'esprit de certains responsables, c'est le nombre de parrainage qui détermine le poids à la base. N'est-ce pas une porte ouverte à des différends et à la triche ?


On est en démocratie, la compétition est un de ses moteurs importants. Chaque responsable engagé tient à faire de son mieux. Et quand vous avez une grande coalition comme la nôtre,  ça fait beaucoup d’acteurs sur le terrain. C’est tant mieux, ça nous permet de «détailler» le bilan de notre candidat, dans tous les coins et recoins du Sénégal et d’engager des conversations avec le maximum de Sénégalais. Je rappelle que c’est le Conseil constitutionnel qui va valider les parrainages, donc il n’y a pas de soucis à se faire en la matière : les doublons, répétitions et fausses informations ne seront pas admis par ce dernier.


Comment analysez-vous la brouille au sein du Pds ? Elle fait l'affaire de Benno quand même…


Ce sont les affaires internes du Pds, mais puisque vous me posez la question. Les observateurs de la scène politique se demandaient jusqu’à quand les nombreux responsables du Pds, dont certains sont des figures de proue de ce parti, allaient accepter le diktat de leur Secrétaire général, Abdoulaye Wade, qui ne voit que son propre fils, Karim et ignore tout l’aréopage de responsables l’ayant accompagné dans sa vie politique. Madické Niang a osé. Est-ce que d’autres suivront ? Je ne sais pas. Madické Niang ne démarre pas avec grande inspiration. Quand je l’ai entendu dire que c’est notre régime qui pervertit les valeurs, je me suis demandé s’il s’agissait du même Madické Niang, ancien ministre de la Justice et des Affaires étrangères d’Abdoulaye Wade. Il ne faut quand même pas exagérer. Il était au cœur du système Wade et fut client infructueux de la ,Crei. Le terrain des valeurs n’est définitivement pas le sien.


Quel adversaire politique le pouvoir craigne-t-il le plus en 2019 ?


Nous respecterons tous les candidats, ils seront tous d’égale dignité. Pour l’instant, on ne les connaît pas. Mais, c’est le peuple, le centre d’intérêt de nos préoccupations. Le contrat est entre notre candidat Macky Sall et le peuple sénégalais, qui l’a élu en 2012 à 65,80% et lui renouvelle régulièrement sa confiance. Nous allons donc nous atteler à convaincre nos compatriotes sur la base du bilan important de notre candidat, afin que ceux-ci lui renouvellent, dans leur large majorité, un bail de confiance, le 24 février 2019.


Et comment analysez-vous le «phénomène» Sonko, qui cristallise tous les débats de l'heure ? 


Je n’ai pas de commentaire particulier. Je ne perçois pas la politique comme une affaire de phénomène. C’est un engagement durable auprès des populations, avec un projet de développement économique et social, en vue de créer les conditions d’une vie meilleure pour tous.


IBRAHIMA KANDE & NDIAGA NDIAYE

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Publié par

Daouda Mine

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