Evolution du Covid-19 au Sénégal : «La tendance devrait aller vers une baisse des cas»

Mars 2020 - 1er cas. «Le premier cas du Covid-19 était détecté au Sénégal le 2 mars 2020. Il y a eu des cas importés à l’époque qui étaient relativement nombreux parce qu’il y avait beaucoup de Sénégalais de l’étranger qui étaient rapatriés. Le gouvernement a décidé, deux semaines après l’apparition du premier cas, de fermer les frontières, ensuite les écoles et de limiter les déplacements entre régions. Tout cela a permis de freiner l’évolution de la maladie à la fin du mois de mars 2020. En début avril, le Sénégal était quasiment indemne du Covid-19. Les cas étaient devenus rares. Vers le 15 avril 2020, il y a eu une apparition des cas communautaires. Cela veut dire que ceux qui ont eu la maladie au mois de mars ont pu, sans doute, passer la maladie à d’autres personnes sans que les services de santé ne puissent les connaître.» 
Avril 2020 - Augmentation des cas : «Il y a eu une augmentation des cas à partir du mois d’avril, avec une moyenne d’une vingtaine de cas par jour, jusqu’au milieu du mois de mai, avec le maintien des mesures drastiques de restrictions. Mais également avec la poursuite de la politique de détection des cas, surtout des cas contacts, le gouvernement a réussi ainsi à infléchir le rythme de progression des cas à partir de la moitié du mois de mai. Et cela s’est poursuivi jusqu’à la fin du mois de mai. Mais à partir de juin, il y a eu une ouverture. Les transports ont été libérés en juin. Les déplacements entre régions étaient permis. Les écoles également étaient ré-ouvertes en partie.» 

Entre juin et juillet 2020 – Accélération des contaminations : «Tout cela a fait qu’on a assisté à une recrudescence des cas pendant le mois de juin et cela s’est accéléré en juillet également. Cela n’apparaissait pas nécessairement, dans toute sa totalité, dans les statistiques officielles parce que le gouvernement avait décidé de changer la méthode de test à partir de fin juin et de ne tester plus que les cas asymptomatiques et les cas contacts qui avaient des comorbidités ou qui étaient âgés. C’est ce qui a fait qu’il y a eu une augmentation des cas en juillet et août. Mais ce chiffre aurait été supérieur si on avait tenu compte des cas asymptomatiques.» 
Mi-août 2020 – Baisse des cas. «Après la Tabaski aussi, il y a une augmentation des cas les deux semaines qui ont suivi. Mais à partir de mi-août, le pays a connu une baisse drastique des cas. Et ça s’est accéléré en septembre et octobre 2020. Ce qui fait que vers début novembre, le Covid-19 commençait à disparaître du pays dans les statistiques officielles. Les cas graves aussi se réduisaient.» 

Fin novembre, début décembre 2020 – La deuxième vague : «Maintenant à partir de la fin du mois de novembre et début décembre 2020, on a constaté une nouvelle vague (2e vague) du Covid-19 qui frappe le Sénégal. Cette vague-là s’est accompagnée d’une mortalité plus importante. Le rythme de décès était beaucoup plus élevé que ce que le pays avait connu jusqu’ici. Cela a conduit le gouvernement à établir un couvre feu le 6 janvier 2021, qui ne concernait que Dakar et la région de Thiès. On est toujours dans cette situation. Mais on constate aujourd’hui, depuis la moitié du mois de février 2021, après une hausse drastique des cas au mois de décembre 2020 et surtout au mois de janvier 2021, une baisse du rythme de progression des cas. Cela veut dire que la sévérité est en train de baisser. D’après les calculs que nous avons établi dans notre bureau (Bureau de prospective économique -Bpe), la tendance devrait aller vers une baisse des cas dans les prochaines semaines ou les prochains mois. Parce que plus la température est élevée, moins il y a des cas.»

Fin février 2021- Baisse de la sévérité des cas : «Au Sénégal, la sévérité du Covid-19 a diminué en une semaine. Son score est passé de 0,92 le 21 février 2021 à 0,94 le 28 février, soit une sévérité très faible. Le pays se classe au 20e rang africain (contre 21e au 21 février) et au 46e rang mondial (contre 55e). Cette hausse de performance s’explique par la légère baisse des nouveaux cas (le pays enregistre 25,5 nouveaux cas par 100 000 personnes pour la période du 07 au 21 février 2021, contre 21,5 nouveaux cas par 100 000 personnes pour la période du 14 au 28 février 2021). Il faut noter aussi que l’ouverture des frontières a laissé dégénérer très souvent des cas avec les mouvements des populations. C’est toujours très difficile des contrôler les cas qui traversent les frontières, même s’ils présentent des papiers.»
MATHIEU BACALY