Greffe d'un coeur de porc: une prouesse mais une avancée encore incertaine
mercredi 12 janvier 2022 • 977 lectures • 1 commentaires
Société 2 ans Taille
La greffe d'un coeur de porc sur un humain, annoncée cette semaine aux Etats-Unis, marque une avancée impressionnante. Mais elle doit encore faire ses preuves pour changer la donne dans les années à venir.
"C'est déjà une prouesse", a résumé mercredi l'anesthésiste français François Kerbaul, qui suit le domaine des greffes au sein de l'Agence de biomédecine, l'organisme français en charge du secteur.
L'université américaine du Maryland a annoncé lundi que des chirurgiens avaient réussi à greffer sur un patient humain le coeur d'un porc.
L'opération a été menée vendredi et a permis de montrer pour la première fois qu'un coeur d'animal pouvait continuer à fonctionner à l'intérieur d'un humain sans rejet immédiat. D'autres "xénogreffes" avaient été tentées par le passé mais les patients étaient immédiatement décédés.
Un aspect était essentiel dans l'opération américaine: le porc donneur était un animal génétiquement modifié, notamment pour éliminer des protéines susceptibles de provoquer le rejet immédiat d'un organe non humain.
Celui-ci n'a pas eu lieu. Mais cette avancée peut-elle offrir dans les années à venir "une solution à la pénurie d'organes", comme l'a avancé Bartley Griffith, le chirurgien qui a réalisé la transplantation ?
Il est bien trop tôt pour le dire, préviennent unanimement les chercheurs.
"C'est une première étape mais probablement que les prochaines semaines ou les prochains mois seront cruciaux pour nous donner des perspectives", a expliqué M. Kerbaul.
C'est cet intervalle de temps qui permettra de savoir réellement jusqu'où l'organe greffé est accepté par l'organisme du patient, un quinquagénaire qui n'était de toute façon pas éligible médicalement à recevoir un coeur humain.
Les incertitudes sont très nombreuses. Certes, si le cochon a été choisi comme animal, c'est que son coeur est relativement proche de l'homme.
Mais, pourra-t-il fonctionner chez un être bipède, habitué à la station verticale, alors que l'animal d'origine restait à quatre pattes et nécessitait donc a priori moins d'efforts de son coeur ?
"C'est le moyen et long termes qui comptent le plus", a résumé le chirurgien cardiaque Francis Wells à l'organisme britannique Science Media Center.
"Pour le moment, on n'a encore aucun élément là-dessus et on va surveiller attentivement comment évolue ce patient bien courageux", a-t-il ajouté. "C'était peut-être bien trop tôt pour faire une telle annonce au monde entier."
© Agence France-Presse
Publié par
Youssouf SANE
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