«Il est obligatoire de résoudre le problème des deux Tabaski …»

mardi 21 août 2018 • 367 lectures • 1 commentaires

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«Il est obligatoire de résoudre le problème des deux Tabaski …»

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IGFM-La communauté des «Ibadous» du Sénégal célèbre la Tabaski aujourd’hui, alors que la commission dirigée par Mourchid Iyane Thiam commémore cette fête demain. Ce qui fait que la Tabaski va encore être célébrée dans la division cette année au Sénégal. Une situation que déplore, Ababacar Cissé Diop, coordonnateur du Comité d’Imams de la Mosquée de l’Ucad. Dans cet entretien avec «L’Obs», l’Imam a démenti ceux qui les accusent de se référer à La Mecque par rapport à l’apparition de la lune. Il en veut pour preuve le dernier Ramadan que les «Ibadous» avaient débuté avant La Mecque.

M.Diop, on parle souvent de la communauté «Ibadou Rahmane» du Sénégal qui prie à l’Ucad à l’occasion des fêtes religieuses musulmanes. Pouvez-vous revenir sur la création de votre commission, son idéologie ?

Notre commission date de plus de cinq ans. C’est la Coordination des Musulmans de Dakar qui a mis sur pied cette commission pour mieux s’organiser. Toutes les informations qui concernent la nouvelle lune sont centralisées au niveau de cette commission, après on fait le tri pour voir si ce sont de bonnes informations ou pas. Si l’information est avérée, on fait l’annonce et si elle est fausse, on ne la diffuse pas. La commission se réclame de gens qui suivent la Sunna et le consensus. Et même toutes les tarikhas du Sénégal se réclament de cette idéologie, c’est-à-dire, ceux qui suivent le Prophète Mohamed (Psl), selon les textes du Coran. Sur le plan de la foi, de la croyance, des pratiques surtout, on se réfère au Coran, à la Sunna. On se limite aux recommandations d’Allah et de Son Prophète, Mohamed (Psl).

Peut-on avoir une idée du nombre des membres de cette commission ?

Nous ne pouvons pas donner le nombre exact des membres, parce que, disons que tous les «Ibadous» qui sont dans les quartiers, en général, y ont des représentants, même s’ils ne siègent pas, que cela soit à Dakar ou dans toutes les autres régions du Sénégal. Nous sommes présents dans toutes les régions du Sénégal. Par exemple, au 29e jour de chaque mois, ils envoient leur correspondance de Dakar, de Ziguinchor, de Saint-Louis, etc.

Mais, est-ce qu’il y a des critères spécifiques pour adhérer à cette commission ou bien elle est exclusivement réservée aux «Ibadous» ?

Non, la commission n’est pas seulement composée de «Ibadous». Il y a du tout. C’est une commission ouverte aux Musulmans qui épousent notre idéologie. Tout Musulman qui accepte notre ligne peut intégrer la commission.

Généralement, vous vous démarquez de la Commission nationale de concertation sur le Croissant lunaire dirigée par Mourchid Iyane Thiam, ce qui est souvent à l’origine de la division dans la célébration des fêtes religieuses comme la Tabaski ou la Korité. Qu’est-ce qui explique cela ?

On ne se démarque pas de la Commission nationale. Cette commission a été créée en 1996, si je ne me trompe. Cela veut dire qu’il y avait des divergences au Sénégal avant même la naissance de ce qu’on appelle le mouvement «Ibadou». La Commission nationale est reconnue et fait de gros efforts, on n’en disconvient pas. Mais seulement, en ce qui concerne la lune, il y a, en général, deux positions qui se dégagent. Une position qui dit que la lune est une et unique à tel enseigne que dans n’importe quel pays du monde, si on a des informations sûres, claires et à temps, que la lune y est apparue, on considère que le mois débute ou bien il est fini. Nous défendons cette position universelle. Il y a à côté une autre position qui dit que chaque contrée a sa propre vision. Les grands savants qui défendent cette thèse, ne le disent pas selon la conception de la position lunaire au Sénégal. Pourquoi je le dis ? Les savants qui disent que chaque contrée a sa propre vision, se basent sur le fuseau horaire. Les régions qui ont le même fuseau horaire, le même levant, le même couchant du soleil ou de la lune, peuvent jeûner ou rompre ensemble ou encore fêter ensemble. Donc, ils ont les mêmes débuts ou fins de mois. Malheureusement, au Sénégal la majeure partie de la population ne le comprend pas comme ça. Dès qu’il s’agit d’une information qui vient en dehors de la frontière sénégalaise, les gens ne l’acceptent pas. Par exemple, si la Mauritanie dit qu’elle a vu la lune, les gens vous disent : «Non, ce n’est pas le Sénégal.» C’est cela qui crée en général la division.

Il y a aussi le fait que vous vous rangez généralement du côté de La Mecque alors qu’on n’a jamais vu le contraire se produire, c’est-à-dire que La Mecque se base sur des informations provenant d’un autre pays, comme le Sénégal par exemple, pour démarrer ou rompre le jeûne. Comment l’expliquez-vous ?

C’est une erreur de dire qu’on se range du côté de La Mecque en ce qui concerne l’apparition de la lune. La Mecque, dont vous parlez, se réfère à la deuxième position, c’est-à-dire selon les levants et les couchants, les zones qui sont dans le même fuseau horaire peuvent jeûner ensemble. Pourquoi je dis qu’on ne se range pas derrière La Mecque ? Le mois de Ramadan passé, ceux que vous appelez les «Ibadous» au Sénégal ont débuté le jeûne avant La Mecque et c’est suite à une information du Mali et de la Côte d’Ivoire sur le Croissant lunaire. Peut-être que certains le disent par rapport à la Tabaski. Parce que là, le lendemain de Arafat, c’est la Tabaski.

Mais est-ce qu’il n’est pas temps de résoudre définitivement ce problème de deux Korité ou Tabaski au Sénégal ?

C’est ce qui est normal et obligatoire. Au début, il y avait des rencontres qui étaient organisées dans ce sens. Malheureusement au Sénégal, on fait des séminaires et tout, mais il n’y a pas de suivi. Le Gouvernement avait même appelé à des négociations entre toutes les communautés et les commissions. Il faut dire que, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, il n’y a pas seulement deux commissions au Sénégal. Il y en a plus de dix.

SOPHIE BARRO
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Daouda Mine

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