Interview - Oumar Daf, le match-vérités

samedi 18 janvier 2020 • 355 lectures • 1 commentaires

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Interview - Oumar Daf, le match-vérités

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IGFM - Ancien international sénégalais, actuellement coach de Sochaux en Ligue 2 française, Omar Daf rend un hommage appuyé à son ex-coéquipier en sélection, Souleymane Camara, s’indigne du classement de Sadio Mané au Ballon d’Or et dégage des perspectives pour sa carrière d’entraîneur. Le tout, avec pondération et franchise.

 «Je ne me fixe pas de limite»


LE PARI – «Quand j’ai pris l’équipe n’année dernière, la situation était très compliquée. J’ai réussi à assurer le maintien en (L2). Cette année, après un bon recrutement, nous avons fait un très bon début de championnat. Pour moi, c’était important de montrer qu’à ce niveau aussi, nous sommes capables. Nous avons les compétences pour faire du bon boulot, en Afrique ou en Europe en tant qu’entraîneur.»

L’ENTRAINEUR - «Je suis entraîneur, mais très proche de mes joueurs. Pour pouvoir tirer d’eux le maximum, il faut les aimer, les connaître. Je suis très proche de mes joueurs, mais en même temps, très exigeant. Quand on a les qualités et les capacités, si les joueurs n’arrivent pas à reproduire ce qu’on veut, la meilleure manière pour qu’ils comprennent c’est de montrer l’exemple. C’est important !

SES REFERENCES – «Sur le plan du jeu, des entraîneurs comme Guardiola ont fait leurs preuves. Sur le management, d’autres comme Ancelotti ont montré de grosses capacités. Il y a aussi des entraîneurs africains qui travaillent très bien. Aliou Cissé en est un, Belmadi aussi, montre de très belles choses. Mais chaque entraîneur doit garder sa personnalité.»

OBJECTIF A LONG TERME - «J’ai une mission à Sochaux. Les dirigeants m’ont fait confiance pour stabiliser le club sur le plan sportif, on est en train de réussir cet objectif, ce pari. Pour la suite, il faudra aller là où on me fera confiance, là où il y a un projet intéressant. Je ne me fixe pas de limite. Je suis prêt à aller entraîner partout.»

SELECTION - «Bien sûr ! Pour l’instant, j’ai passé tous mes diplômes, je suis entraîneur d’une équipe professionnelle en Europe. Pourquoi pas un jour sélectionneur ? Footballeur, on avait envie d’aller le plus haut possible. L’objectif en tant que entraîneur c’est de montrer qu’on a les qualités et les capacités. J’essaie de remplir ma mission avec Sochaux et dans l’avenir, je m’efforcerai d’aller le plus haut possible, comme on l’a fait en tant que joueur. Dans la vie, il faut avoir des ambitions et viser le plus haut possible.»

 «Souleymane Camara m’inspire, c’est mon sage»


Ancien international sénégalais, actuellement coach de Sochaux en Ligue 2 française, Omar Daf rend un hommage appuyé à son ex-coéquipier en sélection, Souleymane Camara, s’indigne du classement de Sadio Mané au Ballon d’Or et dégage des perspectives pour sa carrière d’entraîneur. Le tout, avec pondération et franchise.  

Après 19 ans de carrière, Souleymane Camara arrive au terme de sa carrière. Il dispute, selon le président de Montpellier, Laurent Nicollin, sa dernière saison…

C’est exceptionnel ! Déjà, devenir footballeur professionnel, c’est très difficile, avec une telle durée et une telle régularité, je lui tire mon chapeau. Respect ! Il faut lui rendre hommage, en considération de tout ce qu’il a donné à la sélection nationale du Sénégal, à son club, Montpellier, et au football en général. C’est un vrai exploit qu’il a réalisé dans le métier. En plus, il a fait tomber beaucoup de records (meilleur buteur de l’histoire de Montpellier, recordman de matches joués, 429, et premier joueur à marquer au moins un but pendant 15 ans d’affilée). Tout  cela est dû à son sérieux et à son travail. C’est mon jeune frère, mais depuis que je le connais, il est resté égal à lui-même : très humble, très discret, mais déterminé. Quand il veut quelque chose, il fait tout pour l’obtenir. Tout ce qu’il a aujourd’hui, c’est le fruit de son travail.

Ses débuts n’ont pas été faciles, surtout à Nice (2005-2008). En plus d’être la cible des supporteurs, Souleymane n’entrait pas dans les plans de son entraîneur, Frédéric Antonetti (2005-2009). Cette étape délicate de sa carrière a-t-elle rendu Souleymane plus fort ?

Son parcours montre le caractère de l’homme. Malgré qu’il soit réservé, c’est quelqu’un qui a beaucoup de personnalité. C’est cette personnalité-là qui lui a permis de surmonter les difficultés à Nice et d’aller se relancer par la suite à Montpellier. Il a fait le bonheur de ce club pendant une décennie.

Le président de Montpellier, Laurent Nicollin, a dit sur les ondes de la radio RMC, que Souleymane Camara va intégrer le staff du club. Entraîneur, directeur sportif ou chargé du recrutement, lequel de ces postes cadre le plus avec sa personnalité?

Je le connais depuis plus de 20 ans. C’est une très bonne chose pour lui. Il pourra beaucoup apporter à Montpellier et dans beaucoup de domaines. C’est à lui de réfléchir et de voir comment il veut se positionner, parce qu’il lui reste quelques mois de compétition. Mais sur le terrain, avec son expérience, il peut être très utile. Pour le recrutement aussi, il connait très bien le continent africain, mais aussi le football européen. Souleymane a les compétences requises. Maintenant, la décision lui appartient.

Peut-on être un homme introverti comme Souleymane Camara et être un bon entraîneur ?

Quand on est coach, le plus important est de se faire comprendre et de faire passer son message. Souleymane a l’expérience et il est très intelligent. Coach, il saura faire passer ses messages avec beaucoup de calme et de sérénité.

Quel souvenir avez-vous gardé de ses débuts en sélection, à l’âge de 19 ans ?

Je connaissais déjà Souleymane avant son arrivée en sélection, en 2002. Quand il a rejoint le groupe, c’est sa détente qui a attiré l’attention. Il gagnait tous les duels aériens. Après les repas et les entraînements, les joueurs en ont parlé et l’ont trouvé très impressionnant. Malgré sa petite taille, il avait une détente impressionnante.  Mais ce qu’on retient le plus de lui, c’est qu’il est arrivé et est resté à sa place. Il a été  apprécié de tout le monde, pour sa simplicité et sa discrétion.

Malheureusement, il n’a pas pu s’imposer en sélection.

C’est dommage, il faut respecter les choix des entraîneurs qui étaient en place, mais il avait toutes les qualités pour apporter beaucoup plus à l’équipe nationale. Souleymane est le joueur d’équipe par excellence. Il est toujours là pour servir ses coéquipiers et c’est un redoutable buteur.

Quel terme, selon vous, qualifie le mieux Souleymane Camara, sur le terrain comme en dehors ?

Le sage ! C’est mon sage à moi. Je m’inspire beaucoup de lui dans tous les domaines. Sur beaucoup de plans : humain, religieux et footballistique. J’échange beaucoup avec lui, malgré qu’il soit plus jeune que moi. Nous sommes des musulmans, la foi a une part importante dans notre vie. J’ai partagé la chambre avec lui en sélection, je peux vous dire que c’est mon sage.

Vos discussions en équipe nationale tournaient essentiellement autour de quoi ?

On parlait beaucoup de l’équipe nationale, parce qu’on voulait amener un trophée au Sénégal. On parlait aussi de l’image qu’on voulait donner à la jeunesse. Quand on venait en sélection, on voulait surtout que les jeunes s’identifient à nous pour notre comportement et notre détermination sur le terrain. Ce pari, Souley l’a gagné. Pendant plusieurs années, il n’a jamais fait parler de lui en dehors du terrain. On savait que beaucoup de jeunes nous regardaient et s’identifiaient à nous. On devait leur montrer le bon exemple.

BALLON D’OR, CAN ET CAF AWARDS

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«Le classement de Sadio au Ballon d’or est un scandale»


Vous avez été footballeur international, aujourd’hui vous êtes entraîneur d’une équipe professionnelle, Sochaux, en France. Que pensez-vous de la CAN en janvier, est-elle différente celle d’avant, quand vous étiez en activité ?

La Can en fin de saison, c’est mieux pour les footballeurs africains, parce qu’ils ne sont pas  pénalisés. J’ai joué plus de 12 ans avec l’équipe nationale et disputé 5 coupes d’Afrique, je connais l’importance de cette compétition pour un footballeur africain. Donc si j’ai des joueurs qui sont sélectionnés par leur pays, je suis content pour eux. A chaque fois qu’un joueur est sélectionné, c’est une fierté pour l’entraîneur et le club. Donc, il faut les encourager.

Qu’avez-vous ressenti quand vous avez vu Sadio Mané brandir le trophée du meilleur joueur africain 2019 ?

Ça montre que dans notre pays, nous avons des compétences et des talents à tous les niveaux. Sadio a gagné, mais c’est la victoire du peuple sénégalais. Il faut rendre hommage au joueur : c’est un footballeur fantastique, mais surtout un homme exceptionnel. Sadio reste toujours égal à lui-même. Je l’ai côtoyé quand j’étais avec la sélection comme entraîneur : il représente dignement le pays, en pensant à chaque seconde à la victoire du Sénégal. Qu’il gagne le Ballon d’or africain, c’est une fierté pour nous tous. C’est largement mérité et il y en aura d’autres. Il est le meilleur joueur africain depuis des années et fait partie des meilleurs au monde, on en est fier.

Il fait partie des meilleurs du monde, comme vous dites, mais sa quatrième place au Ballon d’or européen a suscité de vives réactions…

C’est un scandale. Le fait que Sadio ne l’ai pas gagné, c’est un scandale. Mais il devait être au moins parmi les trois premiers. Vu ses performances depuis des années, Sadio méritait mieux. Mais nous les Africains devons le soutenir davantage, en communiquant sur tout ce qu’il fait de bien, pour que les Sénégalais et les Africains soient derrière lui.

Deux fois finaliste des Caf Awards pour le titre de meilleur entraîneur africain, Aliou Cissé pourra-t-il, un jour, avoir la reconnaissance de ses pairs

Aliou Cissé est avant tout un ami. On a partagé des moments très forts sur le terrain et en dehors. On est lié par l’amitié. J’ai collaboré avec lui, je peux vous assurer que c’est quelqu’un de très compétent, très rigoureux. Il méritait le titre (meilleur entraîneur africain) parce qu’il a ramené le Sénégal à la Coupe du monde après des années d’absence et a hissé l’équipe nationale à la finale de la CAN, 17 ans après notre première finale. Il mérite du respect, parce qu’il travaille très bien. Je pense qu’il aura un jour cette récompense.

Saliou GACKOU

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Daouda Mine

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