«J’ai été critiquée et lynchée, j’ai souffert»

jeudi 2 janvier 2020 • 842 lectures • 1 commentaires

Politique 4 ans Taille

«J’ai été critiquée et lynchée, j’ai souffert»

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IGFM - Elle a eu son quart d’heure de gloire, son lot de malheurs aussi, avant de retomber brusquement dans l’anonymat. Ramatoulaye Diallo, plus connue sous le nom d’artiste de Déesse Major, s’apprête à faire son come-back sur la scène musicale, après 3 ans d’absence. Un retrait qui s’est imposé à elle, après ses déboires judiciaires en 2014 et 2016, à cause d’une histoire de «tenues indécentes». Depuis, elle fait la navette entre la France et le Sénégal. «L’Obs» a pu lui mettre la main dessus, le temps d’une interview où la rappeuse met les pieds dans le plat.

Cela fait un moment que vous avez disparu des radars. Que devient Déesse Major ?

Effectivement, ça va faire bientôt trois ans que j’ai pris du recul par rapport à mes activités musicales. Seulement, ce n’était pas un choix délibéré, mais une exigence de mon label avec lequel j’ai signé juste après le tollé occasionné par son arrestation en 2016. Il a jugé nécessaire que je fasse profil bas et de mettre à profit ce temps pour me consacrer à mon prochain album. Ce pour mieux pénétrer l’industrie musicale sur le plan local et international. J’avoue avoir eu beaucoup de mal à me faire à cette idée. Malgré le fait que j’étais constamment            en studio, j’ai ressenti un énorme vide. Mais, c’était un mal pour un bien.

Votre carrière musicale était donc à l’arrêt. Que prévoyez-vous pour votre retour ?

Je suis prête pour sortir mon album qui va me révéler au grand jour. J’ai fait pas mal de featurings avec des artistes d’ici et d’ailleurs. A coup sûr, ce sera du lourd. Ce qui est plus à retenir, c’est que ce sera mon premier opus. Depuis le début de ma carrière, je n’ai sorti que des singles. Donc il va marquer mon entrée en matière dans la discographie sénégalaise.

Actuellement, vous passez plus de temps en France qu’au Sénégal. Est-ce à dire que vous y êtes établie ?

J’habite au Sénégal et je me rends régulièrement en France pour la bonne et simple raison que mon label s’y trouve. Parallèlement, je mène un business entre Dakar et Paris.

«La nature m’a dotée d’un physique avec des formes et rondeurs…»

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D’aucuns disent que vous fuyez la clameur populaire qui s’était abattue sur vous en 2016, pour être libre de vous habiller comme bon vous semble, sans risques d’être taxée d’indécente et de représailles…

C’est normal que les gens se posent des questions. Ils ne me voient plus assez souvent au Sénégal. Les mauvaises langues en déduisent que je suis là-bas ou que j’y vis pour être plus libre. Au Sénégal, je n’y suis pas persona non grata. Lors de mes déboires judiciaires, j’ai bénéficié du soutien des Sénégalais issus de plusieurs secteurs. Mes fans, les acteurs culturels, les médias m’ont tous épaulée. Je ne me suis aucunement sentie seule. Donc, je ne sens pas le besoin de me réfugier dans un autre pays, pour soi-disant, aspirer à plus de liberté. La Déesse Major de 2014 ou 2016, n’existe plus. Celle-là était une gamine qui manquait de maturité, à l’orée de sa carrière. Aujourd’hui, j’ai grandi. Je serais toujours la même personne avec plus de sagesse. La nature m’a dotée d’un physique attirant, avec des formes et des rondeurs, de telle sorte que mon habillement peut-être jugé indécent par certains. Là où pour d’autres, ça peut passer comme lettre à la poste.

«Je reviens plus forte, déterminée à m’imposer et je vais soigner mon habillement»

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L’épisode de vos déboires judiciaires est derrière vous. Avec le recul, avez-vous des regrets ?

J’ai appris de mes erreurs. J’en ai tiré des leçons sur ma vie, sur moi-même et ma carrière. C’est une période qui m’a permis de grandir. Néanmoins, c’était très dur à vivre. Je me suis fait critiquer et lyncher. En 2014, je reçois ma première plainte de la part des associations de défense des valeurs et morales du Sénégal. 2016, une seconde plainte a été activée et qui aboutira à une garde à vue. Essayez de vous mettre à ma place et d’imaginer ce que l’on ressent dans pareils moments. J’étais vulnérable et on s’est acharné sur moi. J’étais une artiste livrée à elle-même dans la jungle du show-biz, sans un label ou un staff derrière moi. J’ai certes bénéficié de soutiens, n’empêche, j’ai souffert. Je n’aurais jamais cru que cela pouvait m’arriver d’être au devant de la scène de la sorte. Tout cela, à cause d’un geste mal calculé. Franchement, j’ai été dépassée par les événements, malgré mon fort caractère et mon tempérament de guerrière. Le côté positif, c’est que cela m’a inspirée et je l’ai mis dans l’album à venir. Rien ne peut plus me freiner. Je reviens plus forte que jamais, déterminée à m’imposer. Désormais je saurais où mettre les pieds et je vais soigner mon habillement.

On vous a vue au «Show of the year» du rappeur Niit Doff cette année, alors que vous étiez restée 5 ans sans y participer, à la suite d’un différend entre vous. D’ailleurs, on peut dire que c’est de là que tout est parti : votre apparition en «slip» et bas résilles vous a attiré les foudres de certaines organisations et de Niit Doff him-self. Aujourd’hui avez-vous arrondi les angles ?

C’est vrai que tout a démarré avec mon passage au «Show of the year». Je suis restée 5 longues années sans y participer à cause de ce fameux incident. Finalement, tout est rentré dans l’ordre. Avec mon frère et collègue Niit Doff, nous nous sommes entretenus et nous avons enterré la hache de guerre. Il n’y a plus aucune animosité entre nous et tous les malentendus ont été levés. La preuve, j’ai pris un énorme plaisir à y prendre part cette année à Paris. J’étais également invitée à celui du Sénégal, mais je n’ai malheureusement pu l’honorer. L’année prochaine, s’il plait à Dieu, j’y serais, car c’est une grande fête du Hip-hop sénégalais.

Récemment, le mouvement Hip-Hop a été secoué par une série de clashs entre rappeurs. Quel est votre avis là-dessus ?

Le clash est une branche dans le Hip-hop. Je dirais même que c’est un concept. A chaque rappeur son style. Certains rappent sur des thèmes sociaux, l’amour, d’autres sont plus engagés politiquement. Certains font du clash. Maintenant, il peut arriver qu’un rappeur en clashe un autre, juste parce qu’il est plus en vue que lui. Il y a également des gens qui se clashent parce qu’ils ne sont pas en phase. Je ne suis pas d’accord avec ce genre de pratiques car, celui ou celle qui le fait ne peut pas être objectif. Et lorsqu’on manque d’objectivité, on se laisse guider par la haine, les rancunes et ressentiments qui mènent à des dérives verbales, contrevérités et autres insultes. C’est à bannir. Sans doute avec les réseaux sociaux, cela a pris une certaine ampleur. Toutefois, la pratique du clash peut mettre en lumière des talents, montrer comment les rappeurs peuvent être prolifiques. Le clash, quand il reste amical, reste du talent à l’état pur.

MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU

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Publié par

Daouda Mine

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