Justice populaire ou quand le ‘‘bourreau’’ devient ‘‘victime’’: Les sénégalais se prononcent !

lundi 14 septembre 2020 • 712 lectures • 1 commentaires

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Justice populaire ou quand le ‘‘bourreau’’ devient ‘‘victime’’: Les sénégalais se prononcent !

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iGFM – (Dakar) Le fait est devenu très ancrée dans les habitudes. Dans beaucoup de cités du pays, les voleurs ou les agresseurs, quand ils sont pris, sont sévèrement lynchés. Qu’en pensent les sénégalais? Qu’est ce qu’en dit la loi ? C’est ce que iGfm a tenté de savoir.

Ceux qui le suivaient sur le réseau social Tic Toc, se consoleront à jamais avec les vidéos  qu’il leur a laissées. En janvier dernier, alors qu’il se rendait à son lieu de travail, Ibrahima Khalil Niang, ou "Khalilan" Niang sur le réseau «Tik-Tok», est attaqué par 5 hommes. Ses agresseurs lui ont pris ses 31 000 francs Cfa.  Il lui ont fracassé le crâne avec une machette et lui ont pris son portable.

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Le coup qu’il a pris sur la tête, l’emportera. Il en mourra lentement, laissant derrière lui, deux jeunes filles et des proches: «Nous demandons au gouvernement de prendre le taureau par les cornes, car si les populations se font justice elles-mêmes, ce sera grave», lâchait un de ses proches lors des obsèques.

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En mars 2020, le meurtre du jeune Diakaryou Diagoura avait plongé les habitants de la Médina, dans l’émoi. L’agent de nettoiement se rendait à son lieu de travail à l’aube. Il a été sauvagement poignardé par des individus. Son téléphone portable emporté et sa dépouille abandonnée dans un vulgaire coin de rue.


L’épisode du vol de la Range de Eumeu Sène


Mais, parfois, la victime n’est pas dans le camp qu’on pense. Car, la cruauté des agresseurs a fini de faire naître une pratique toute aussi violente chez leurs proies. La preuve, en juillet 2019, dans les ruelles de la patte d’oie, les populations ont mis la main sur un agresseur présumé. Il lui infligeront la correction de sa vie. C’est complètement ensanglanté que le malfrat sera remis à la police.


En avril 2019, aux Mariste, c’est un présumé voleur de moto qui sera lynché à son tour puis livré à la gendarmerie de Yarakh. Certains malfrats n’ont pas eu cette chance. A Guédiawaye, en février 2019, un présumé agresseur a été poignardé à mort. Il aurait agressé une dame et pris son téléphone. La dernière illustration de cette justice privée, c’est l’épisode de la tentative de vol présumée de la «Range rover» du lutteur Eumeu Sène.


Le voleur présumé a été battu à mort. Ses bourreau présumés, sont actuellement en prison. «Vous annoncer que votre fils est mort dans c’est conditions, c’est difficile. Je parle avec vous, mais c’est très difficile», avait déclaré Mamadou Touré, père du défunt. Si les citoyens procéder de la sorte, c’est qu’il y a bien une raison.


«Si les gens en arrivent là… »



 


iGfm a tendu le micro à nombre de nos concitoyens. Et beaucoup évoquent une rupture de confiance vis-à-vis des tribunaux et des forces de l’ordre. «Si les gens en arrivent là, c’est qu’il y a bien une raison. Je suis désolé de le dire, mais la justice de ce pays ne fonctionne pas normalement. Si les gens n’ont pas confiance en leur Justice, ils ont tendance à régler le problème eux-mêmes, alors qu’ils ne doivent pas le faire», déclare Mamadou Diouf.


Une autre concitoyenne estime que «si nous avions une Justice exempte de reproches, ceci n’arriverait pas.» «Mais, déjà, si on vous dit que vous devez nourrir le voleur que vous avez amené à la police, alors qu’il vous a nui, cela pose problème. Parfois, il y a des interventions et le malfrat est libéré. C’est cela qui pousse certains à se faire justice eux-mêmes. La justice doit renouer le lien de confiance pour que les gens puissent aller vers elle», précise-t-elle.


L’avis du juriste


Avocats à la Cour, Me Amadou Aly Kane précise que la Justice privée, n’est pas légale. Car, c’est l’Etat qui a le monopole de la violence. «Ensuite, il y a le principe universel de la présomption d’innocence. Il faut une enquête, qu’un Juge se penche sur le dossier et établisse qu’il est coupable, pour que la sanction puisse tomber. Mais on ne peut pas attraper quelqu’un et le violenter», indique la robe noire.


Il avertit: «C’est  un abus. Celui qui bat à mort un individu, peut être poursuivi pour meurtre. S’il s’en tire avec des blessures, un certificat médical, l'auteur pourrait être poursuivi pour cela aussi. C’est selon la gravité. Vous pouvez battre un voleur et vous retrouver en prison. Donc cela n’en vaut pas la peine.»


Quant aux motifs évoqués par les populations pour justifier cette pratique, l’avocat estime que c’est à ceux qui rendent la Justice de faire leur travail de sorte que les personnes qui vont vers elle, soient satisfaites du traitement de leur affaire. Mais, face à la cruauté de certaines agressions, les populations sont-elles prêtes à oublier de telles pratique ? Telle est l'autre question.


Hawa SIGNATE

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Publié par

Youssouf SANE

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