Tunisie: le Sarost 5 toujours bloqué

lundi 30 juillet 2018 • 238 lectures • 1 commentaires

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Tunisie: le Sarost 5 toujours bloqué

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iGFM (Dakar) Le week end dernier, de nombreuses informations contradictoires, concernant le sort des 40 migrants bloqués au large de la Tunisie depuis 15 jours, ont circulé. Alors que le navire humanitaire espagnol Open Arms n’était qu’à quelques km du Sarost 5, les autorités tunisiennes ont annoncé leur intention d’accueillir sur leur sol les 40 migrants. Cependant pour l’heure, la situation à bord n’a pas changé.

Samedi 28 juillet, le Premier ministre tunisien Youssef Chahed a déclaré lors d’une séance plénière au Parlement que "pour des raisons humanitaires", la Tunisie allait finalement "accueillir les 40 migrants" bloqués au large du port tunisien de Zarzis depuis le 16 juillet.

Lundi 30 juillet en milieu d’après-midi, le Sarost 5 était cependant toujours immobilisé en pleine mer. "Les autorités portuaires tunisiennes n’ont pas encore reçu l’autorisation de Tunis de laisser entrer le bateau", déclare à InfoMigrants Mongi Slim du Croissant rouge tunisien. "On sait que le gouvernement a accepté que notre navire accoste en Tunisie mais depuis cette annonce on est toujours bloqués ! On attend quoi", se plaignait déjà samedi soir à InfoMigrants un des membres d’équipage.

Pour que le bateau puisse amarrer à Zarzis, il faut que le MRCC tunisien - le centre de contrôle maritime tunisien - donne son autorisation. On ignore encore pourquoi il n’a rien reçu malgré l’annonce du Premier ministre samedi.

Open Arms au large des côtes tunisiennes

Tout le week-end, la confusion a régné à bord du Sarost 5. À leur réveil samedi matin, les migrants aperçoivent au loin le navire humanitaire Open Arms qui est immobilisé à quelques milles nautiques de là. L’espoir renaît à bord du bateau. L’ONG espagnole a l’autorisation d’entrer dans les eaux tunisiennes pour offrir une assistance humanitaire et médicale aux membres du Sarost 5. Mais en milieu d’après-midi, Open Arms rebrousse chemin vers Malte pour évacuer d’urgence un de ses sauveteurs.

Le lendemain, dimanche 29 juillet, le navire humanitaire reprend la route en direction des côtes tunisiennes et se positionne de nouveau à proximité du Sarost 5 – il repart finalement dans les eaux internationales lundi en début d’après-midi, les autorités tunisiennes ne l’autorisant finalement pas à stationner dans leur zone maritime.

Entre-temps, le gouvernement tunisien a fait part de son intention d’accueillir les 40 migrants. L’ONG espagnole assure que sa présence dans les eaux tunisiennes a permis de débloquer la situation. "Quand la Tunisie a vu qu’une organisation aussi médiatique que la nôtre était devant sa porte - et que nous voulions rencontrer les migrants à bord - ils ont eu peur qu’on montre publiquement que les migrants n’étaient pas bien traités", a déclaré à l’agence de presse espagnole EFE Oscar Camps, le président de l’ONG.



À bord du Sarost 5, l’incertitude pèse sur les migrants déjà éprouvés moralement et physiquement par plus de deux semaines en mer. "Mon Dieu, quand est-ce que tout cela va s’arrêter. Le gouvernement donne officiellement son accord mais il ne se passe rien. Que nous veut la Tunisie encore ?", s’interroge lundi Samuel*, un migrant qui est en contact régulier avec InfoMigrants.

La Tunisie, pas un "port sûr" selon les ONG

Par ailleurs, les ONG s’inquiètent également de l’arrivée éventuelle de ces migrants en Tunisie. "Ce pays ne remplit pas les critères pour être qualifiée de ‘port sûr’. Il n’y a pas de cadre légal pour y déposer une demande d’asile", dénonce à InfoMigrants Olivia Santer, porte-parole d’Alarm Phone. "La violation des droits fondamentaux des demandeurs d’asile en Tunisie a été documentée par ce que subissent les anciens migrants du camp de Choucha qui luttent toujours pour un statut légal (..). Quatre ans après la fermeture du camp, leur combat se poursuit toujours", déclare l’ONG dans un communiqué.

Le Croissant rouge tunisien assure lui que tout est prêt pour gérer au mieux l’arrivée des 40 migrants du Sarost 5. Ces derniers doivent être accueillis par l’ONG au port de Zarzis et seront ensuite envoyés au foyer de Médenine (à l’ouest de Zarzis) où "ils pourront bénéficier de soins médicaux, de distribution de nourriture et de vêtements", selon Mongi Slim du Croissant rouge tunisien.



Les demandeurs d’asile pourront, toujours selon le croissant rouge tunisien, déposer une demande auprès du Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR). Sur ce sujet aussi, les informations demeurent floues. L’agence onusienne assure avoir déjà rencontré plusieurs migrants du Sarost 5 lors d’une mission sur le navire, mais les naufragés et l’équipage nient la visite du HCR à bord. "Nous avons demandé plusieurs fois que le HCR vienne nous voir mais ils ne sont jamais venus", assure Samuel. Contacté par InfoMigrants, le HCR n’a – pour l’heure – pas répondu à nos sollicitations.

L’ONG Alarm Phone se dit outrée par le HCR qui "n’a pas su se positionner clairement en faveur des droits des rescapés". "Cela renforce notre inquiétude pour l’avenir de ces 40 migrants", signale Olivia Santer. "Ils devraient être en Europe car ils ont été repérés dans les eaux maltaises. Mais une nouvelle fois, les autorités européennes n’ont pas pris leurs responsabilités et ont renvoyé le problème", souffle Olivia Santer.

*Le prénom a été modifié

Infomigrants.net
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Daouda Mine

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