«Moi exclu de l’Apr ? Je ne le crains pas du tout !»

mardi 21 janvier 2020 • 647 lectures • 1 commentaires

Politique 4 ans Taille

«Moi exclu de l’Apr ? Je ne le crains pas du tout !»

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IGFM - Pour certains, c’est une énième provocation, une menace mise à exécution. Pour lui, c’est un cheminement en cohérence avec son état d’esprit du moment, avec ses convictions, dont l’aboutissement est de rendre l’Alliance pour la République (Apr) plus attractive, plus conquérante. Pour Moustapha Diakhaté, ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (Bby) et ex-chef de cabinet du Président de la République, Macky Sall, l’Alliance pour la République mérite une refondation dont le «noble» but serait le renforcement des instances du parti et le respect des textes. Mais surtout redonner au militant sa place dans le parti, le pouvoir de choisir ses responsables. Dans cette interview accordée à L’Observateur juste après la publication-annonce, hier lundi, sur sa page Facebook, de la création du mouvement «Maankoo Taxaawu sunu Apr», Moustapha Diakhaté est largement revenu sur cette initiative qu’il partage avec d’autres responsables du parti présidentiel.

Vous avez publié sur votre page Facebook une photo sur laquelle il est écrit : «Maankoo Taxaawu sunu Apr». Avez-vous matérialisé votre volonté de créer un courant au sein de  de votre parti pour la refondation l’Alliance pour la République?

Non, il ne s’agit pas d’un courant. Il s’agit tout simplement d’un mouvement, d’une association à l’intérieur de l’Alliance pour la République (Apr).

Quel est but d’un tel mouvement ?

Le mouvement va porter un message. Le message d’inviter les militants et les militantes du parti (Apr) qui ont le souci d’avoir un appareil politique performant, de faire en sorte que le parti soit structuré, organisé. Parce que depuis onze (11) ans que le parti existe et que les textes ont prévu des structures et des instances au niveau local comme national, aucune de ces structures et de ces instances n’a été mise en place. Donc, il s’agit tout simplement de faire appliquer les statuts et le règlement intérieur, qui structurent les relations entre les militants du parti, mais également la vie et le fonctionnement du parti.

Est-ce à dire que vous remettez en cause la manière dont fonctionne actuellement l’Apr ?

Si tel n’était pas le cas, je me serais contenté de l’existant. Aujourd’hui, nous sommes l’un des rares partis où aucune des structures prévues par les statuts ne fonctionne, à part le Secrétariat exécutif national (Sen), qui est une instance d’exécution et non une instance d’élaboration et de délibération. Ce sont des failles et des faiblesses organisationnelles et de mon point de vue, il faut qu’on y mette un terme pour avoir un parti bien structuré, bien organisé, qui peut se prendre en charge, avec non seulement les chantiers du Président de la République, mais également avec les préoccupations des militants et des Sénégalais.

Êtes-vous le seul initiateur de ce mouvement, y a-t-il d’autres personnes ?

Je réserve cette question pour plus tard. Après la publication du manifeste, vous en saurez davantage.

Quand comptez-vous publier ce manifeste ?

Sous peu.

Depuis quand avez-vous commencé à mettre en œuvre ce projet ?

Pour le mouvement ? Peut-être depuis quelques mois. Mais en fait, j’ai toujours réfléchi sur comment faire en sorte que notre parti, l’Alliance pour la République (Apr), soit structuré, organisé sur l’ensemble du territoire national, dans les 557 communes, les 45 départements et les 14 régions que compte le pays, mais aussi dans la diaspora, pour en faire véritablement un appareil politique. Ce sera certes pour gagner des élections, mais aussi et surtout pour participer à la réflexion et à l’élaboration de propositions pour notre pays.

Avez-vous discuté de votre projet avec le Président Macky Sall, par ailleurs président de l’Apr ?

Par rapport à ce que nous allons faire ? Pas pour le moment ! Mais ce sera le cas avant d’aller plus loin.

C’est-à-dire ?

Pour le moment, nous n’avons pas sorti le texte fondateur de notre mouvement, qui va définir ses objectifs, sa structuration, les actions qu’il entend entreprendre. Tout cela n’a pas encore été fait, mais cela se fera bientôt.

Est-ce que de telles initiatives sont acceptées au sein de votre parti ?

Le parti qui compte le plus de mouvements en interne, c’est l’Apr. Il y en a beaucoup. Il y a des organisations qui sont statutaires. Mais  beaucoup de militants ont aussi créé des mouvements, des associations etc. L’essentiel, c’est de travailler à renforcer le leadership de l’Apr sur l’échiquier politique national.

Donc, les textes de l’Apr n’interdisent pas la création de mouvements en interne ?

Pas du tout. Notre parti, c’est une alliance. C’est-à-dire une alliance d’hommes et de femmes. Une alliance de personnalités, mais aussi une alliance de mouvements. En somme, nous sommes une alliance dans le sens large du terme.

Il y a quelques jours, on vous reprochait vos prises de positions contraires à la ligne de votre parti, celle tracée par son président, Macky Sall. Aujourd’hui, vous créez un mouvement à l’intérieur de l’Apr et de surcroît, vous parlez de refondation. Ne craignez-vous pas des sanctions, notamment une exclusion de l’Apr ?

Une exclusion de l’Apr ? Je ne la crains pas du tout ! Nous sommes dans un espace démocratique. Si les gens ne peuvent pas prendre des initiatives, ce n’est pas la peine. Mais vous parlez de quelle ligne du Président ? La ligne du Président, c’est le citoyen Moustapha Diakhaté.

Nous parlons de la ligne tracée par le président du parti…

Pour ce qui concerne le parti, je ne connais pas une ligne du président du parti. La ligne d’un parti politique est élaborée par les instances délibératives et pour le cas de l’Apr, aucune instance délibérative ne s’est réunie depuis 2014. Et c’est au sein des instances délibératives que sont élaborées les lignes du parti, c’est-à-dire les positions du parti. Je n’aime pas d’ailleurs le concept de ligne, cela sonne  trotskiste ou marxiste-léniniste. Or, nous sommes un parti libéral. Les positions du parti sont définies par les structures délibératives. Même si c’est le Président qui doit le dire, il faut que cela soit validé par une structure délibérative. Ce qui n’est pas le cas.

Jusqu’où comptez-vous aller avec ce mouvement-là ?

Jusqu’à ce que le parti soit structuré sur l’ensemble du territoire national. Jusqu’à ce que les militants du parti soient en mesure de choisir eux-mêmes leurs responsables politiques au niveau de chaque commune, département ou région. Jusqu’à ce que le parti soit moderne, apte à formuler des propositions pour faire avancer notre pays.

Est-ce que la création d’un tel mouvement n’ouvre pas la voie de la succession du Président Macky Sall à la tête de l’Apr ?

Pas du tout. Notre objectif, c’est de renforcer le leadership du parti en termes d’organisation sur le plan territorial et sur le plan de la formulation d’idées et de propositions.

On vous accuse de travailler pour un des responsables de l’Apr et probable candidat en 2024, le ministre et responsable de l’Apr à Dakar, Amadou Ba. Qu’en est-il exactement ?

Personne ne m’a accusé de cela ouvertement. Je n’ai pas entendu de telles accusations. C’est une accusation absurde. Quand j’ai commencé à faire de la politique, Amadou Bâ, probablement, était à l’Université. J’ai été dans l’Apr avant lui. Je ne suis pas là pour rouler pour une personne. Ce n’est pas mon genre. Si c’était le cas, j’allais le faire publiquement. Je ne suis pas dans ça. Maintenant, on fait des accusations pour décrédibiliser une action politique, mais c’est peine perdue.

SOPHIE BARRO

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Publié par

Daouda Mine

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