MOISE AMBROISE GOMIS : L’ultime «parade» d’un homme aux mille et une vies

samedi 6 juin 2020 • 1021 lectures • 1 commentaires

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MOISE AMBROISE GOMIS : L’ultime «parade» d’un homme aux mille et une vies

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IGFM - Du quartier Nord de l’Île de Saint-Louis à Karack, quartier situé dans la commune d'arrondissement de Mermoz-Sacré-Cœur, où il a passé les derniers moments de sa vie, Moïse Ambroise Gomis a eu une vie partagée entre la musique, la mode, mais aussi le sport. Rappelé à Dieu hier à l’âge de 82 ans, l’initiateur de «Miss Sénégal» a eu une vie bien remplie…

Les témoignages n’en finissent pas… Parents, proches, amis, ex collaborateurs n’ayant pas eu l’occasion de témoigner de vive voix, ont tenu à crayonner leur regret, leur profonde tristesse et le vide laissé par Moïse Ambroise Gomis. Promoteur culturel et ancien animateur, il  a rejoint les cieux hier, à l’âge de 82 ans. Après avoir fasciné les téléspectateurs durant plusieurs années avec son timbre accrocheur et ses multiples initiatives culturelles, Ambroise, dont la santé était devenue très fragile, s’était retiré du petit écran. Sans vraiment tourner le dos à la culture. Même s’il était gagné par la maladie, l’acteur culturel fourmillait encore d’idées. Des projets qui transcendaient l’espace national, révèle l’ancien journaliste du quotidien Le Soleil et conseiller en communication au Conseil sénégalais des chargeurs (Cosec), El Hadji Amadou Mbaye. «Il avait des projets panafricanistes qu’il voulait lancer. Jusqu’à ses dernières heures, Il n’a jamais baissé les bras, il était un homme de réflexion, quelqu’un qui a le nez creux, une vision prospective qui lui permet d’anticiper sur la mode, sur la musique», souligne monsieur Mbaye qui l’a côtoyé depuis 1988. Moïse avait plein de projets en tête et il ne pouvait les développer qu’à travers sa propre entité. Il avait une générosité de cœur, formait des jeunes et les lancer dans le show-biz dans le domaine de la mode. Ambroise envisageait d’avoir son propre studio d’enregistrement, sa propre télévision. «L’actuel ministre de la Culture, Abdoulaye Diop, l’a beaucoup soutenu. Il croyait en lui. Il tenait à ce qu’il se relance sur d’autres choses», témoigne le conseiller en Communication au Cosec.

26 éditions de Miss Sénégal

Acteur reconnu du paysage culturel sénégalais, Ambroise Gomis a accompagné et encadré plusieurs générations. Il a notamment contribué à professionnaliser le concours annuel de Miss Sénégal dont il a donné ses lettres de noblesse, 26 ans durant, avant de passer la main à la nouvelle génération. S’il avait pris ses distances avec la vie publique préférant se consacrer à sa famille, c’est parce que l’ancien président du comité d’organisation de Miss Sénégal avait été atteint d’Accident vasculaire cérébral (Avc) qui l’avait privé de parole durant un moment. Dénicheur de belles filles, le dandy de la jet-set a consacré une bonne partie de vie à sélectionner les jolies nymphes et à les promouvoir. A travers le concours de beauté, il a mis en vedette plusieurs générations de mannequins. Ce qui lui tenait le plus à cœur, c’était de mettre en valeur la beauté de la femme sénégalaise. «Il aimait à me répéter que nous n’avons pas à accepter que l’Europe nous impose ses canons de beauté. Nous Africains, nous avons nos propres canons de beauté, qu’il nous suffisait juste de l’imposer à la face du monde. C’est cela qui l’a poussé à organiser Miss Sénégal», se rappelle El Hadji Amadou Mbaye.

Génération 80, Kaléidoscope, Ciseaux d’or, Trophées prestige, Miss Diongoma…

Dans le domaine de la mode et de la musique, l’initiateur des « Ciseaux d’Or» a lancé des étoiles qui sont devenus de grandes vedettes du show-biz. Moïse Ambroise Gomis a fait les beaux jours de la Radio télévision sénégalaise (Rts). Il était aussi l'organisateur de plusieurs concours, dont le «Trophée prestige» de la coiffure et «Miss Jongoma». Il a aussi animé les émissions «Génération 80» et «Kaléidoscope» sur la même chaîne publique.

C’est à Saint-Louis que Moussa Ambroise Gomis, son nom à l’état-civil, a fait ses humanités. Natif du quartier Nord de l’Île de Saint-Louis, d’un père originaire du Sud du pays et d’une mère Saint-louisienne, l’ex animateur a fait ses premiers pas à l’école Saint Joseph de Cluny avant d’intégrer le Petit lycée. Intelligent et très doué, se rappelle son camarade de classe et ami d’enfance Marius Gouané, Moïse n’a pas eu du mal à se faire orienter au Lycée d’excellence Faidherbe. «Nous nous sommes connus depuis tout petit, puis, nous avons partagé les classes à l’école Saint Joseph de Cluny et au Petit lycée du Ce1 à la classe de Cm2. Nous étions les camarades de promotion de feu Bruno Diatta», se souvient l’artiste, poète et musicien, Marius Gouané. Même s’il a été révélé au grand public par ses émissions télévisées, Ambroise a intégré les médias, très jeune. C’est lorsqu’il était au collège qu’il a été choisi pour animer une émission enfantine. «Il est sorti premier d’un concours organisé dans toutes les écoles primaires de Saint-Louis. Il a été choisi avec une Française de notre classe pour animer une émission enfantine à la radio. Il s’exprimait parfaitement en français et était l’un des meilleurs en Rédaction dans notre classe», poursuit Marius Gouané. Il a toujours aimé écouter de la musique. Mais aussi la jouer. Son amour pour les notes musicales l’a poussé à intégrer le groupe Amicale Jazz avant d’être membre de l’orchestre de Mady Konaté à Dakar. «C’était un très bon chanteur de variétés», ajoute monsieur Gouané. Après le décès de Mady Konaté, Moïse s’envole pour le Canada d’où il reviendra avec un background en communication. Ce qui a facilité son entrée à la RTS.

Conversion à l’Islam

Ce n’est pas que dans le milieu des médias ou celui de la mode, il s’est illustré. Moïse Ambroise a eu un passé de grand sportif. Ceux qui l’ont connu pendant sa jeunesse, en savent quelque chose. L’agilité de Gomis sur le terrain de football a toujours séduit son ami Gouané. Ses accélérations fulgurantes, ses vifs changements de direction, sa vitesse et ses manœuvres de feinte et de contournement ne laissaient aucune chance à son vis-à-vis. Ambroise a joué dans l’équipe de football du Lycée Faidherbe. Il a aussi été pensionnaire du Réveil de Saint-Louis. «Il était l’avant-centre de l’équipe. C’était un très bon dribbleur, il marquait beaucoup de buts», témoigne son ancien camarade de classe. Dans une interview avec L’Observateur, il révélait aussi avoir pratiqué l’athlétisme avant que des soucis cardiaques ne le contraignent à déserter les pistes. Selon ses proches, l’époux et père aimant s’était converti à l’Islam un peu plus de 15 ans avant son décès et portait le nom de Moussa Ambroise Gomis.

AIDA COUMBA DIOP

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Daouda Mine

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