Mouhamadou Moustapha Kandji,  le socle de la Tidjaniya dans le Baol

vendredi 8 juin 2018 • 2132 lectures • 1 commentaires

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Mouhamadou Moustapha Kandji,  le socle de la Tidjaniya dans le Baol

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iGFM - (Dakar) - Mouhamadou Moustapha Kandji, plus connu sous le nom de Thierno Kandji (1840-1945) a fait de la propagation de l’Islam dans la région, son crédo. Elève de Maodo et ami de Bamba, il était le socle de la Tidjaniya dans le Baol.

C’est une sorte de Hijra. Un voyage, un but, une foi. Comme le Prophète Mouhammad (Psl), accompagnés des premiers fidèles, de La Mecque à Médine en 622, marquant le début du calendrier musulman, l’Imam Thierno Kandji, lui, a quitté tout seul et sur le tard, sa terre natale à la quête de Dieu. De contrées plus propices à l’enseignement de Saint Coran et des préceptes de l’Islam. Originaire du Saloum, entre Baytite et Mabo, il a été un aventurier de la foi. Le quinqua qui n’a jamais connu son père, mort alors qu’il était môme, a dédié toute sa vie à l’Islam. De Kouk (en Gambie) à Ndiarème, Imam Thierno Kandji a eu à séjourner dans tous les foyers islamiques du pays, ou presque, à la recherche de connaissances. «Dans le seul but, explique son petit-fils, Thierno Mouhamadou Moustapha Kandji, d’être plus près de son Seigneur», Allah Soubhanahou Wa Ta'ala !

Le grade suprême ou «Idiaza Inelakhiya»

Assoiffé de savoir, Thierno Kandji a eu à séjourner à Gaya, où il avait rencontré Seydi El Hadji Malick Sy, pour la première fois. C’était à Ngambou Thilèye dans l’un des champs de Maodo où il l’a attendu pendant des jours. Adepte du soufisme, l’homme avait une parfaite maîtrise du Coran, dont il a écrit au moins une copie de sa main. Il avait déjà l’autorisation de transmettre le «Wird» Tidiane à qui le voulait, mais aux yeux de Thierno, ce n’était pas suffisant. Avec Maodo, il a signé un pacte avant de prendre la direction du Mali où il a rencontré Tidiane Ibn Baba Alhalawi, un érudit originaire de la Mauritanie. Ils ont passé la première et dernière nuit dans une même chambre. Constatant que son hôte était en quête de quelque chose qu’il ne pouvait lui donner, Ibn Baba Alhalawi lui a suggéré de rebrousser chemin, dès le lendemain, vers Gaya. «Il lui à donner des indications sur l’homme qui détenait ce pourquoi il avait fait le voyage au Mali. Et tous les indices menaient à Seydi El Hadji Malick Sy», explique Thierno Mouhamadou Moustapha Kandji, plus connu sous le nom de Baye daara.

Sans désemparer, Thierno Kandji est retourné voir Seydi El Hadji Malick Sy. Son objectif : acquérir le grade d’Al Itelakh. La plus haute distinction qu’un Cheikh pourrait avoir dans la confrérie Tidiane. Un dégré d’érudition qui permet de donner en nombre illimité le «Wird» Tidiane, mais aussi de faire sortir de la Tariqa les faux dévots. Très engagé sur les chantiers d’Allah et généreux à souhait, Maodo lui fait accédé à ce grade. Mais se lie surtout d’amitié avec cet homme, à qui il ressemble comme deux gouttes d’eau et qui deviendra son protégé. «Seydi El Hadji Malick avait confiance en Mame Thierno», rapporte Baye Dara. Et le petit-fils d’ajouter : «Avant de séjourner à Thiès, chez El Hadji Tafsir Amadou Barro Ndiéguène, un nommé Goumba Amar, habitant du village de Thilo Dramane dans le Cayor, avait déjà dit à mon grand-père qu’il ressemblait beaucoup à Maodo et que si jamais il le rencontrait, il y aurait certainement une belle complicité entre eux. C’est d’ailleurs, ce qui a poussé Thierno Khandji à aller une première fois à la rencontre de Maodo. A l’époque, El Hadji Malick Sy n’était pas encore parti à La Mecque et on l’appelait Malick Fawade. Mais, à cette époque-là, Maodo était déjà une source lumière de la Tidjanya qui avait déjà formé beaucoup de Muqqadams qu’il avait laissés rentrer chez eux pour la propagation de l’Islam et de la Tariqa Cheikh dans tout le pays.

Après l’acquisition de son diplôme, «Idiaza Inelakhiya», Thierno Kandji decide de rentrer au Saloum, en reprenant le même itinéraire qu’il avait pris. A Khombol, il a retrouvé Tafsir Babacar Diba, puis Ibrahima Kébé et Séga Diallo. A Diourbel, c’était pour rendre visite à un de ses neveux qui y était installé pour de bon. Il y restera deux ans. Et en 1903, se rendant compte mystiquement qu’il ne pouvait plus quitter Ndiarème, il y a ouvert un daara et instauré le Gamou, un an après celui de Tivaoune par Seydi El Hadji Malick Sy. Avec le lotissement de Diourbel, en 1906, il s’y est installé définitivement. C’est en 1908 qu’il a eu son aîné, alors qu’il était âgé de 68 ans. En 1909, Seydi El Hadji Malick, qui devait se rendre à Gossas, a fait une escale à Diourbel, pour lui rendre visite. C’est à cette date que Maodo a demandé à tous les talibés tidianes de la localité de se rapprocher de Thierno Kandji et de ne plus faire le déplacement jusqu’à Tivaouane pour un quelconque éclairage sur la Tariqa. C’est aussi à cette époque qu’un des quartiers de Diourbel a été baptisé officieusement en son nom : Thierno Kandji.

Sa relation avec Serigne Touba

Notable religieux reconnu de tous et par tous, Thierno Kandji faisait partie du comité d’accueil Cheikh Ahmadou Bamba à Diourbel. Le Cheikh mouride devait y séjourner en résidence surveillée. «A sa décente, raconte Baye Daara, Cheikh Ahmadou Bamba a fait deux rakkas pour remercier le Tout-puissant. Il s’est ensuite levé pour se diriger à son lieu de résidence. C’est dans ces entrefaites que le colon lui a tendu la main, mais le Cheikh n’a pas daigné le saluer. Il est parti directement saluer l’Imam Thierno Kandji. Il lui a demandé son nom de famille et Thierno Kandji lui a répondu ceci : ‘’Si c’est ici (Ndiarème), c’est Kandji, mais si c’est au Saloum, c’est Dramé’’.»

Après leur échange, Serigne Touba a été amené en résidence surveillée à Keur Gou Mack et quand on lui a demandé le pourquoi de son geste, Cheikh Ahmadou Bamba répond : «C’est la première fois que je l’ai vu en réel, mais j’ai vu la lumière du Saint Coran qui circulait dans son corps. Quand le colon m’a signifié qu’il allait m’amener ici (à Diourbel), j’étais un peu inquiet à cause de son obscurité, mais j’avais rêvé d’une lumière qui jaillissait de là et c’était lui. Et en plus, c’est un parent parce que ma mère (Sokhna Diarra Bousso) est du Saloum (Porokhane)», rapporte Baye Daara. De cet échange, naquit, entre le Cheikh et Thierno Kandji, une relation fraternelle. Ce qui fait qu’à chaque Gamou de Thierno Kandji, Cheikh Ahmadou Bamba lui faisait, à l’époque, parvenir sa participation. «Quand Serigne Touba avait trouvé que Mame Thierno organisait le Gamou en 1903, un an après celui de Tivaouane, il lui dit que ces personnes que vous regroupez sont les invités du Prophète (Psl) et moi, je suis son serviteur. Leur prise en charge me revient. C’est ainsi qu’il lui envoie un bœuf à chaque Maouloud», ajoute Baye Daara.

Mame Thierno et la peste

La peste a fait des ravages dans le monde. Durant cette période, le Baol n’était pas épargné par cette épidémie et c’est à Ndiodior qu’on appelle Nesré, qu’on amenait ceux qui avaient attrapés la maladie. «Si tu meurs, on enterre sur place, si tu es guéri, on te met en quarantaine quelques jours durant pour avoir la certitude de la guérison du patient», explique Baye Daara. Et face à la situation sanitaire qui se dégradait de jour en jour, le Commandant de cercle de l’époque voulait que l’Imam Thierno Kandji s’exile afin d’échapper à l’épidémie. Mais celui-ci s’y est opposé avec beaucoup de fermeté. «D’ailleurs, ceux qui mourraient de la peste, c’est lui qui leur faisait le bain mortuaire, les couvrait de ses habits, priait pour eux avant de les inhumer», poursuit-il. Il avait foi en Dieu et n’avait aucunement peur de la peste. Ni de la mort. Il savait qu’un jour où l’autre, il allait y passer.

Mame Thierno Kandji a vécu plus d’un siècle. Ce qui fragilisait son état physique, avec une santé qui se détériorait petit à petit. En 1945, il avait déjà 105 ans et à cause d’une maladie, il ne pouvait plus sortir de sa chambre et était donc cloué au lit. Un jeudi, neuvième (9e) jour du mois de Rajab (Ndéyou Koor), dans le calendrier musulman, Modou Kane, un des fils de El Hadji Abdou Hamid Kane de Kaolack, est venu lui rendre visite pour s’enquérir de son état de santé, vu son âge avancé. Emissaire de son père, Modou Kane avait croisé, à son arrivée chez l’Imam, le Prophète Mohamed (Psl), Cheikh Ahmet Tidiane Chérif, Cheikh Oumar Foutiyou Tall et Seydi El Hadji Malick Sy. «A sa sortie, il a demandé à ce que l’on prépare ses funérailles», rapporte Baye Daara Kandji. C’est le lundi suivant, 13e jour du mois de Rajab, que Imam Thierno Kandji a rendu l’âme. Il a été inhumé en pleine nuit. «Cette nuit-là, se souvient Baye Daara, il y avait une claire de lune. Quand on était parti aux cimetières pour son inhumation, on y avait trouvé un groupe d’individus, comme des Chérifs, vêtu de leur Djellaba dont leur bonnet couvrait presque tout leur visage. Personne ne pouvait les identifier. Ils étaient tous de mêmes tailles. Ils étaient beaucoup plus nombreux que les êtres humains qui étaient venus l’accompagner à sa dernière demeure.»

Auteur : L'Observateur

 
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