"Quels premiers soins faut-il donner lors d’une brûlure ?"

mardi 23 juillet 2019 • 686 lectures • 1 commentaires

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iGFM - (Dakar) IGFM vous propose cette contribution sur les bonnes pratiques en cas de brûlures de Mme Stéphanie RICOU, Professeure de SVT, membre de la Cellule de communication du Centre du Traitement des Brûlés de l’Hôpital de Fann de Dakar parvenue ce mardi à notre rédaction.

"Quand on parle de brûlures chacun d’entre nous a une histoire dramatique à raconter dans sa famille ou chez un ami. Et chacun de raconter l’accident, la douleur et les difficultés de guérison ou les décès. Pourtant si l’évènement arrive, on se sent désarmé par l’urgence, la douleur et la peur.

Quels premiers soins faut-il donner lors d’une brûlure ?  Que se passe t’il lors de l’hospitalisation ?

Agir tout de suite !

 Dr Fatoumata BA, urgentiste (Hôpital de Fann, Dakar) donne les réponses à ces questions. C’est l’heure qui suit la brûlure qui est la plus cruciale. En effet ce sont les premiers gestes effectués sur la brûlure qui détermineront la survie du malade.
  Les fausses idées

 

- Appliquer :

* de la pâte dentrifrice

* du sable chaud

* de l’huile

*un antiseptique

 

Les bons gestes



  • Rouler le brûlé dans une couverture pour étouffer le feu



  • Règle du 15/15/15 : de l’eau à 15 degrés à 15 cm pendant 15 min avant d’aller à l’hôpital.



* Couper une feuille d’aloé-véra à la base.

* Découper les bordures pour enlever les épines.

* Eplucher la feuille pour récupérer le gel.

* Appliquer le gel sur la brûlure si la plaie n’est pas ouverte.

 

A domicile, il faudra d’abord refroidir la brûlure puis envelopper le brûlé dans un drap propre. Avant même d’amener le malade à l’hôpital et quel que soit son état, il est essentiel d’appliquer la règle du 15/15/15. Il s’agit de faire glisser de l’eau fraîche mais pas froide (pour ne pas provoquer un choc thermique) sur la blessure. Cette eau doit s’écouler doucement à environ une quinzaine de centimètres en hauteur au-dessus de la brûlure. Le temps d’au moins quinze minutes à une demi-heure est aussi essentiel. Tant que la température de la peau n’est pas descendue en dessous de 45°, la lésion continue.

Le drap doit être parfaitement propre : en effet la peau détruite par la brûlure est la porte ouverte à tous les microbes. La peau est une surface de protection face aux bactéries et aux virus de l’environnement. Dès que la surface de la brûlure dépasse la taille d’une main, le malade est en danger de mort à cause des infections possibles.

Pendant ce temps, il faudra appeler le SAMU national (1515) pour un transport en ambulance médicalisée. Le premier geste des urgentistes dans l’ambulance sera de réhydrater la personne par une perfusion.

Ce sont des gestes simples mais qui nécessitent un certain sang-froid quand le blessé est dans la panique et la douleur.

Une hospitalisation délicate 

Le Dr Véronique GREVY, anesthésiste réanimatrice (Hôpital du CHAL, Annemasse, France) nous explique le long et dur parcours du brûlé à l’hôpital. L’hospitalisation peut durer plusieurs semaines à plusieurs mois.

L’admission :

Le brûlé sera dans un premier temps admis au service réanimation et y restera jusqu’à stabilisation. La rupture de la barrière de la peau entraîne un déséquilibre chimique au niveau des fluides corporels qu’il faut absolument compenser par la perfusion de solutés. Dans les cas les plus graves, une greffe de peau peut être pratiquée.

Les soins :

Pour prendre en charge un brûlé, un service spécialisé, un isolement et du matériel spécifique sont nécessaires.

Chaque deux jours, les pansements doivent être renouvelés au bloc opératoire sous anesthésie générale. On soigne la peau en train de cicatriser pour éviter la formation des brides. Dans les cas les plus graves, une greffe de peau est  réalisée. Les constances biologiques sont surveillées (notamment les équilibres ioniques) et le malade sera sous antibiotiques pour éviter le risque infectieux. La prise en charge de la douleur, surtout par la morphine est très surveillée.

Dans l’idéal, le malade est placé dans une chambre individuelle parfaitement aseptisée où la température, l’humidité et l’air sont contrôlés. Le risque infectieux reste toujours présent. Le personnel soignant utilise des blouses et des chaussons jetables. Le lit est composé d’un matelas anti-esquarres ou bien il s’agit d’un lit fluidisé. La salle de bain est équipée d’une baignoire spéciale.


Une étape incontournable : la kinésithérapie.

La bride est une séquelle fréquente de la brûlure. Elle correspond à la rétraction de la peau qui peut coller les membres et empêcher les mouvements. Dans certaines situations handicapantes, une chirurgie sera nécessaire pour libérer la bride. Le malade restera aussi longtemps couché. La rééducation par un kinésithérapeute professionnel est donc essentielle pour assouplir la cicatrice, freiner la formation d’une bride, empêcher l’immobilisation des membres et remuscler. Il faut réapprendre à plier un doigt, poser le pied sur une marche d’escalier et y appuyer, des gestes en apparence simples…Une aide psychologique est parfois requise.

Le retour à la maison :

Lorsque l’urgence vitale est levée et que la peau débute sa cicatrisation, le brûlé pourra rentrer chez lui. Il sera expliqué aux proches des mesures d’hygiène très sérieuses à suivre à la maison. Les massages et la rééducation se poursuivront longtemps. Si le malade a les moyens, une cure thermale avec des bains et des massages permettra d’améliorer la cicatrisation  qui dure des mois voire des années.

A l’heure actuelle, le Sénégal ne dispose pas de structure de traitement des brûlés. Les malades sont souvent refusés ou hospitalisés dans des salles communes et pris en charge de manière inadéquate, souvent très risquée.

 Le Centre de Traitement des Brûlés à l’Hôpital de Fann est un réel espoir pour une vraie prise en charge de la brûlure au Sénégal et pour l’Afrique de l’Ouest.

Stéphanie RICOU

Professeure de SVT

Cellule de communication du CTB

 

 

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Publié par

Daouda Mine

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