Révisions constitutionnelles : «Nous allons attaquer la loi devant la Cour suprême»

mardi 7 mai 2019 • 400 lectures • 1 commentaires

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Révisions constitutionnelles : «Nous allons attaquer la loi devant la Cour suprême»

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IGFM - C’est un homme de principe. Ses convictions sont inoxydables. Membre du Groupe parlementaire «Liberté et Démocratie», Cheikh Abdou Mbacké se réclame être le député du peuple. Fauteur de troubles lors de la dernière plénière, le coordonnateur de Bokk Gis-Gis de Mbacké apprend qu’ils vont attaquer la loi sur la suppression du poste de Premier ministre devant la Cour suprême. Outré de n’être pas parvenu, avec ses collègues, à bloquer la plénière, Cheikh Abdou Mbacké informe que c’est le Président Abdoulaye Wade qui a demandé aux députés du Pds de ne pas signer la motion censure contre le Premier ministre. Non sans faire savoir qu’en perspective des élections Locales, il n’écarte pas de s’allier avec le pouvoir pour reprendre le Conseil départemental et la mairie de Mbacké.     

Vous vous êtes battus contre le projet de loi constitutionnelle n°07/2019 portant révision de la Constitution, mais il a été adopté par la majorité. Quelle analyse en faites-vous ?

Nous sommes des députés du peuple et nous avons fait ce qu’on devait faire. Malheureusement, toute l’opinion nationale et internationale connaît pourquoi et comment le projet a passé. Ce sont les députés corrompus de Macky Sall, qui n’honorent ni le peuple qu’ils sont censés représenter ni l’Assemblée nationale qui ont adopté ce projet loi. Sans gêne, les députés de Benno ont avoué être à la solde du prince. Ce sont des députés de Macky Sall et ils ne se soucient pas des problèmes du peuple. Pour adopter cette loi inopportune, ils ont reçu un million de FCfa chacun et des billets pour La Mecque de leur prince. Ils ont monnayé leur dignité et leur honneur en ignorant royalement les tenants et aboutissants de cette loi. Ils n’ont même pas essayé de comprendre le fond de cette loi. Mais, l’article 52 de cette nouvelle loi va renforcer les pouvoirs exceptionnels du président de la République. Et le chef de l’Etat peut utiliser ses pouvoirs pour dissoudre l’Assemblée nationale au cas où il la perd en 2022. Si l’opposition est majoritaire, le président de la République peut évoquer des questions de blocage et dissoudre ainsi l’Assemblée nationale.

Vous avez présenté 19 amendements qui ont tous été rejetés. Qu’est-ce que cela vous a fait ?

C’est regrettable. J’avais présenté 19 amendements pour l’intérêt du pays et de l’Assemblée nationale. Mais, la mouvance présidentielle a choisi de faire plaisir au Président Macky Sall au détriment de l’intérêt du peuple. Ce qui me fait le plus mal, c’est que la majorité a rejeté tous les 19 amendements sans chercher à comprendre l’utilité. Pis, les députés de la majorité ont glissé une note au Garde des Sceaux, ministre de la Justice pour lui demander d’utiliser l’article 78 du règlement intérieur de l’Assemblée pour rejeter les amendements. Avec ces 19 amendements, je voulais que l’Assemblée retrouve sa souveraineté. Qu’on donne au moins une fois par an, le droit à l’opposition de faire une commission d’enquête parlementaire dans un domaine, comme ça se passe au Mali. Mais, la loi a été votée par la majorité des députés. Ils n’ont qu’à assumer toutes les conséquences.

Après l’adoption du projet de loi par l’Assemblée, qu’est-ce que vous comptez faire pour attaquer la loi ?

Nous sommes en concertation et allons attaquer cette loi devant la Cour suprême. Nous utiliserons toutes les voies légales pour que cette loi ne passe pas. Parce qu’elle viole la Constitution et elle n’a aucune pertinence. On ne déchante pas et on fera tout ce que la loi nous permet. Mais, notre premier acte, c’est d’aller devant la Cour suprême, puisque Macky Sall et son régime jouent avec les lois du pays.

Mais ce sont seulement 7 députés de l’opposition qui ont voté contre le projet, les autres se sont abstenus. Qu’est-ce qui s’est passé ?

C’est vrai qu’on était trop seul dans le combat. L’opposition était divisée sur la question de la suppression du poste de Premier ministre. Nos collègues du Parti démocratique sénégalais (Pds) se sont abstenus. Le Groupe parlementaire «Liberté et Démocratie», dirigé par mon grand-frère Serigne Cheikh, a reçu des instructions du Président Abdoulaye Wade de ne pas voter contre le projet. Cependant, comme je ne suis pas un député de Abdoulaye Wade ni du Président Pape Diop, mais un représentant du peuple, j’ai voté contre ce projet, parce que ce n’est pas une bonne loi, et nous l’avons rejetée.

Pourquoi Wade vous a demandé cela ?

J’ai été dans la délégation. Me Abdoulaye Wade nous a reçus pour nous demander de ne pas bloquer le projet. Puisqu’on avait décidé d’introduire une motion de censure contre le Premier ministre. La loi nous permet, à 48 heures de la plénière, avec 17 députés, d’introduire une motion de censure contre le Gouvernement. Et si on avait introduit cette motion de censure, le Premier ministre allait précéder le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, à l’Assemblée nationale. C’est le Président Abdoulaye Wade qui a demandé aux députés du Pds de ne pas signer la motion de censure. Mais, je ne connais pas la motivation exacte du Président Wade. Quand les députés du Pds ont désisté, on s’est tourné vers ceux de Taxawu Sénégal et des non-inscrits, mais ils n’ont pas voulu signer la motion. Cela prouve largement que l’opposition n’est pas unie dans son combat contre le pouvoir. Il y a des calculs inavoués des uns et des autres. C’est ce qui nous fragilise.

Les élections Locales approches, comptez-vous poursuivre votre compagnonnage avec le Pds pour le Conseil départemental de Mbacké ?

Aux dernières élections Locales, on était en coalition avec le Pds et lors de la Présidentielle, avec Idrissa Seck. Mais, avec Rewmi, c’est fini, c’était juste pour l’élection présidentielle. Nous avons plus de conseillers et de députés que Rewmi. On ne peut plus être derrière eux (Idrissa Seck et Cie, Ndlr). Pour le Pds aussi, ce n’est pas sûr qu’on aille en coalition pour les élections Locales. Le Président Wade et le Pds pensent qu’ils peuvent gagner seuls Touba. Mais, sans moi et le Bokk Gis-Gis, ils ne peuvent pas gagner Touba et Mbacké. Maintenant, s’ils pensent qu’ils peuvent gagner seuls et tentent de m’écarter, je n’écarte pas d’aller en coalition avec des responsables de Benno bokk yakaar (Bby). Nous formerons ainsi une grande coalition pour récupérer le Conseil départemental et la Commune de Mbacké.

FALLOU FAYE  

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Daouda Mine

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