Seydi Gassama, le sujet qui fâche  

samedi 10 avril 2021 • 1682 lectures • 5 commentaires

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Seydi Gassama, le sujet qui fâche  

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IGFM- L’homme défend souvent des sujets «tabous» qui divisent le peuple sénégalais. Est-ce sa posture de directeur exécutif d’Amnesty international/Section Sénégal qui lui donne ce droit ? L’Observateur a percé le mystère des positions à polémiques de Seydi Gassama.

Il y a eu d’abord cette proposition emballée sous forme de  «boutade» à plaisanteries , lâchée courant 2020. «Est-ce qu'il n'est pas temps de légaliser la consommation du Yamba et laisser les jeunes en consommer. De ce fait, l’Etat pourra mettre en place des endroits dédiés comme des pharmacies et boutiques pour la vente. Si c’est fait, les jeunes n’iront pas voir les dealers pour acheter du Yamba. Et ça permettrait à l’Etat de savoir qui en consomme. L’Etat est actuellement impuissant face au phénomène. Mais s’il l’autorise, il peut non seulement économiser tout l’argent dépensé dans la lutte, mais pourra couper l’herbe sous les pieds des trafiquants», conseillait Seydi Gassama, au micro d’un site de la place. Ce vœu à peine voilé du Directeur exécutif d’Amnesty international/Section Sénégal, avait suscité mille commentaires et moult réactions. Les uns plus virulents que les autres... 

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Avril 2021, L’histoire semble se répéter. Une nouvelle fois. Mercredi dernier, alors que le Sénégal retrouve progressivement mais difficilement le sourire, après les émeutes meurtrières de mars 2021 consécutives à l’affaire Sonko-Adji Sarr, Seydi Gassama refait ça. Mais cette fois-ci, la voix d’Amnesty Sénégal va toucher un sujet à polémiques. Plus sensible. Dans le rapport annuel d’Amnesty international/Section Sénégal, Seydi Gassama et Cie défendent les droits de la communauté Lgbti (Lesbiennes, gays, personnes bisexuelles, transgenres ou intersexuées). «Les militants de cette communauté ont fait l’objet de campagnes de diffamation et de menaces de mort. C’est devenu une question électorale au Sénégal. Il y a beaucoup de surenchères sur la question des Lgbt. L’Etat nous dit qu’on veut nous imposer de dépénaliser. Oui, quand il faut appliquer les résolutions des Nations-Unies sur l’affaire Karim Wade, on dit qu’on est souverain, on n’applique pas. Quand il s’agit de Lgbt, on dit qu’on veut nous imposer. Je pense qu’il faut arrêter la surenchère, la démagogie. Aucun Etat, aucune Ong basée sur les Nations unies ne peut obliger le Sénégal à dépénaliser», défend Seydi Gassama.

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«Seydi Gassama est dans son rôle…»


Un coup de gueule du droit-de-l’hommiste qui a (encore) soulevé un tollé et provoqué une pluie de critiques. La toile est entrée en ébullition, les internautes ont proféré des mots aigres à l’endroit de Seydi. Mais comme toujours, les tirs groupés ont laissé de marbre Gassama. Malgré la volée de bois vert, il est resté droit dans sa ligne de conduite. Inébranlable, comme si de rien n’était. Une zen-attitude qui (dé)montre la morale d’acier de l’homme, qui n’a jamais «ravalé» ses propos jugés «audacieux». Il a toujours exprimé tout haut ce que beaucoup murmurent tout bas. Est-ce sa posture de droit-de-l’hommiste qui lui confère le droit d’aborder tous les sujets, même ceux qui ne sont pas conformes aux réalités sociologiques du pays ? Me Amadou Diallo, président d’Amnesty international/Section Sénégal : «Seydi Gassama est dans son rôle. Pour cette affaire, il a été clair et n’a convoqué que la Constitution du Sénégal. Amnesty international/Section Sénégal n’a pas un agenda caché et ne se bat pas pour la légalisation de l’homosexualité. Mais ce qu’on rappelle à l’Etat et à tous, c’est que quand on parle de citoyens, il n’y a pas de discrimination. On ne distingue pas si tel ou tel est homosexuel pour avoir la carte d’identité, il est Sénégalais, c’est tout. Seydi Gassama a seulement dit que l’Etat a l’obligation de protéger les droits de la communauté Lgbt.»


Mais pour Mame Mactar Guèye, c’est «ce soi-disant droit de protection des gays dans un pays à plus de 95% de musulmans», qui demeure le «péché» impardonnable de Seydi Gassama. «Un jour, à la sortie d’une émission à la Rdv, j’ai taquiné Seydi Gassama, lui disant que ‘’tu appartiens à une grande famille religieuse. Donc comment peux-tu défendre les droits des homosexuels ? Il m’a répondu qu’il ne réagit que quand il y a risque de porter atteinte à leur intégrité physique. Mais, je lui ai fait savoir qu’aucune violence n’est faite sur eux au Sénégal, donc il doit éviter de défendre les homosexuels», explique la personne morale de Jamra. Néanmoins, regrette Mame Mactar Guèye, ses conseils à l’endroit de son frère n’étaient qu’un coup d’épée dans l’eau. «Seydi Gassama, dit-il, est dans son rôle de défense des homosexuels. Son Ong est d’inspiration occidentale et d’idéologie maçonnique. Des Ong comme Amnesty sont en partie financées par des lobbies maçonniques et homosexuels. Donc, les Seydi Gassama sont obligés de défendre les protégés de ces lobbies-là, ils ne peuvent pas faire autre chose». «Puisque, poursuit-il, «à chaque fois que la communauté homosexuelle mondiale gagne du terrain, en termes d’acquisition de nouveaux droits, ils tirent les ficelles. Ils sont obligés de justifier les financements en défendant dans leurs démembrements locaux, les mêmes positions qui sont défendues en Occident. Seydi Gassama ne peut pas faire autre chose que ce que veut et souhaite la maison-mère, Amnesty international.»


Peur, menaces et réactions extrêmes…
C’est cette «contrainte» qui va à l’encontre de ses valeurs reçues qui explique, peut-être, la propension de Seydi Gassama à porter des combats qui divisent souvent le peuple. Des luttes à polémiques. A mille problèmes. Moustapha Wone, sociologue : «Des sujets liés au sexe, comme l’homosexualité, le lesbianisme, etc., sont des sujets assez compliqués à aborder dans nos sociétés. Les gens ont peur devant les nouvelles orientations sexuelles. Un groupe qui se sent menacé, est prêt à tout pour défendre sa survie. C’est ce qui explique les réactions extrêmes, la phobie que les uns et les autres ont de l’homosexualité. Ils pensent qu’avec la promotion de l’homosexualité, on n’aura plus d’enfants, tôt ou tard, on va disparaître, alors que personne ne veut disparaître. Il y a une peur, donc de laisser prospérer les idées de Seydi Gassama et autres. Il faut donc prendre le mal à la racine, en nous arrêtant tous.»


IBRAHIMA KANDE

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Publié par

Daouda Mine

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