Témoignage poignant- « Ma bourse trempée dans le sang de Fallou Sène »

vendredi 18 mai 2018 • 221 lectures • 1 commentaires

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Témoignage poignant- « Ma bourse trempée dans le sang de Fallou Sène »

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iGFM – (Saint Louis) Quarante-huit heures après les évènements meurtriers survenus au Campus de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, IGFM est retourné sur les lieux du crime pour faire le point. Deuxième étape de ce périple, le campus de l’Université Gaston Berger de Saint Louis. Témoignage poignant des étudiants.


A quelques mètres du Temple du Savoir, une dizaine de camions de gendarmes armés jusqu’aux dents sont postés des deux côtés de la route. Le visiteur qui débarque sur les lieux, est frappé par l’impressionnant dispositif déployé par les forces de l’ordre. Une présence qui fait dire à certains passants, que c’est la première fois dans l’histoire de l’université qu’un tel déploiement à été constaté.

La mine grise. Les gendarmes semblent être toujours sous le choc. Assis à même le sol, armes à la main, le regard hagard, ces éléments vivent dans leur chair « l’affront » subi dans le campus. Le sale quart d’heure que les étudiants leur ont fait subir, mardi. Ils ont été pris à partie par près de 3000 étudiants. Une situation qui a poussé un d’entre eux à ouvrir le feu sur les étudiants pour sauver ses collègues. Un coup de feu qui a été fatal à Fallou Sène.

Dans le campus. C’est le calme plat. L’Université Gaston Berger de Saint, jadis gaie et pleine de vie,  pleine d’espoir et d’espérance, présente un autre visage, en cet après midi du mercredi 17 mai 2018. Maussade.

La tristesse et la désolation se lisent sur les visages des rares étudiants qui ont toujours le moral de rester dans ce campus…endeuillé.

Un groupe d’étudiants assis devant une boutique devisent tranquillement. Les évènements tragiques du mardi 15 mai sont au menu des débats. Ici, personne ne veut se prononcer au micro de la presse. « Nous préférons observer le deuil », lance un d’eux.

Un peu plus loin, dans la cour du Rectorat, nous croisons trois étudiants, venus constater l’ampleur des dégâts. O. Sakho, étudiant en Sociologie, ne peut pas cacher sa colère, sa désolation. « Je suis désolé, déçu, frustré, rancunier. Il n’y a pas de mot pour qualifier ce que je ressens. La plus grande déception, c’est la perte de notre camarade Fallou Sène. Quoiqu’il en soit, on essaie de tenir » lance-t-il.

Il observe un silence. Le regard grave, il poursuit avec un trémolo dans la voix. « Les étudiants sont obligés de prendre de l’argent entaché de sang. Avant de donner de l’argent, ils le trempent dans le sang de l’étudiant. On va récupérer nos bourses tout en sachant qu’elle est trempée dans le sang de notre camarade…Fallou Sène » pleure-t-il.

« L’argent était disponible 24 heures. Il a fallu qu’il y ait mort d’homme pour qu’ils commencent à payer. Il a fallu qu’on sorte pour qu’ils réagissent», regrettent-il.

A quand la reprise dans ces conditions ? A cette question, Sakho se veut clair : « On ne peut pas parler de reprise pour l’instant. Les étudiants sont sortis. Ils sont rentrés chez eux avec leur colère. Une colère collective. Personne ne sait quand ils reviennent, s’ils ne reviennent pas avec la même colère », se demande-t-il.

A la sortie, les étudiants attendent l’arrivée des bus ou autres taxis pour rentrer chez eux. Retrouver leur famille. Pour se sentir plus en sécurité. Manger à leur faim. Boire à leur soif, sans bourse entachée de…sang.

Harouna FALL et Cheikh Sarr (Envoyés spéciaux à Saint Louis)

 
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Daouda Mine

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