Témoignages : Moïse Ambroise Gomis raconté par d’ex-Miss Sénégal

mercredi 17 juin 2020 • 1184 lectures • 1 commentaires

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Témoignages : Moïse Ambroise Gomis raconté par d’ex-Miss Sénégal

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IGFM - Anciennes reines de beauté, elles ont vu leur vie transformée après leur élection. Elles ont profité de cette notoriété pour créer leur propre business, occuper des postes de responsabilités ou se faire un nom, grâce à la couronne. Elles s’appellent Madina Camara Seydi, Miss Sénégal 1990, devenue Coach en nutrition et professeur de Yoga, résidant entre Washington Dc et Johannesburg, Maïmouna Diallo, Miss Sénégal 1997, ancienne chargée des Relations publiques et du Marketing au ministère du Tourisme et propriétaire d’une agence de conseil et stratégies, Aminata Diallo, Miss Sénégal et CEDEAO 2007, entrepreneuse, créatrice d’une marque de produits capillaires, Fatima Diallo Diouf, Miss Sénégal et CEDEAO 2008, responsable de la communication d’une direction du ministère des Finances et organisatrice d’événements. Aujourd’hui, épouses et mères, elles ont pour la plupart tourné le dos au monde des strass et des paillettes. Pour autant, elles n’ont pas oublié leur mentor, celui grâce à qui leurs rêves ont pu se réaliser, l’emblématique Moïse Ambroise Gomis. D’abord éloigné de la scène à cause d’une santé fragile, il a finalement été rappelé à Dieu dans sa quatre-vingt-deuxième année. Elles racontent ici leur rencontre, leur collaboration, leur histoire avec l’incontournable «Prési» du comité de Miss Sénégal…

MAIMOUNA DIALLO, MISS SENEGAL 1997

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«Comment Moïse m’a guidée et encadrée…»

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Nous venons de perdre Moïse Ambroise Gomis, celui grâce à qui vous avez été révélée au public sénégalais à travers le concours Miss Sénégal. Quel sentiment vous anime ?

Comme tous les Sénégalais, c’est un sentiment de tristesse qui m’anime. C’est aussi un sentiment de gratitude envers ce grand homme. Cette disparition de Moussa Ambroise Gomis est une grande perte. Il a eu à faire énormément de choses pour son pays dans des domaines tels que la culture, la musique, le stylisme, la coiffure, le concours Miss Sénégal, en mettant en avant la beauté de la femme sénégalaise. C’est une grande perte pour moi et pour l’ensemble de notre pays.

J’en profite pour renouveler encore mes sincères condoléances à la famille de mon ami, mon frère, mon oncle, Moussa Ambroise Gomis, en commençant par Tata Viviane Gomis et ses enfants, les acteurs de la culture (musique, mode, coiffure et beauté), ceux des médias, entre autres. Mes pensées vont également à Son Excellence Monsieur Macky Sall, et à l’ensemble du peuple sénégalais. Que Moïse Ambroise Gomis, mon cher ami, repose en paix et que Firdaws soit sa dernière demeure.

Aujourd’hui, même si cette époque est révolue, quels souvenirs gardez-vous de cet homme, qui a tant œuvré pour mettre en valeur la beauté de la femme ?

De beaux souvenirs. C’était un homme bien, aimable et généreux. Il a été un oncle, un frère, un ami, mais surtout un conseiller.  Moïse m’a guidée, il m’a soutenue et m’a aidée à faire les bons choix à chaque fois que j’en ai eu besoin. Ce n’est jamais facile d’être sur la scène publique à l’âge de 18 ans. Il faut beaucoup de courage, un excellent encadrement pour garder la tête sur les épaules et les pieds sur terre et surtout pour ne pas oublier d’où l’on vient et où on veut aller.

Ses précieux conseils m’ont permis de donner le meilleur de moi-même. Pour tout vous dire, il a été quelqu’un d’important pour moi. Dans le cadre de ce concours, toutes les candidates, à l’époque, avaient signé une convention et une fois élue, nous devions respecter à la lettre le protocole établi. Par exemple, toujours bien s’habiller, jamais des tenues vulgaires, pour les représentations ou les audiences, toujours être accompagnée par un membre du Comité Miss Sénégal ou un parent.

Me concernant, il m’accompagnait et s’il n’était pas disponible, je me faisais accompagner par mon grand-frère. J’ai essayé d’être à la hauteur des exigences et de respecter strictement le contrat avec le comité Miss Sénégal. Il m’a fait comprendre qu’en portant la couronne de Miss Sénégal, je devenais l’ambassadrice de la beauté de mon pays. Je me devais de la mériter, par mon comportement, ma tenue en public, et surtout, je devais, quoi qu’il arrive, garder ma dignité. Il estimait que Miss Sénégal est l’une des vitrines de notre pays.

Avez-vous gardé des relations avec lui ?

Oui nous avons toujours gardé d’excellentes relations. Il tenait à ce que je sois présente lors des finales, à chaque fois que j’étais au Sénégal. J’ai été membre du jury, parfois présidente du jury. J’apportais mon aide aux membres du Comité d’organisation, composé principalement de Famara Sané, Moussa Kouyaté, Mme Mbow, Mame Aïcha Dado Guèye. Je profite de cette occasion pour leur présenter mes sincères condoléances. Nous avons maintenu le contact. Il m’arrivait de faire le déplacement lors des finales pour couronner les nouvelles élues. De temps en temps, on s’appelait, on se voyait pour échanger.

Il vous citait souvent comme une référence parmi les miss élues sous son magistère. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

De la gratitude. C’est difficile d’être choisie comme exemple, c’est une lourde responsabilité. Souvent on ignore les raisons. Mais nous prions et nous essayons de ne jamais trahir la confiance placée en nous. J’ai essayé de rester cette petite fille originaire de Kolda, attachée à ses parents, ses amis(es) et ancrée dans sa culture et sa tradition peulh. Peut-être que c’est dû à tout ça. Il m’est très difficile de répondre à cette question. Lui seul aurait pu répondre avec exactitude.

Qu’est-ce que cette élection, par l’intermédiaire d’Ambroise Gomis, vous a-t-elle apporté?

Beaucoup de choses ! Énormément ! Sur le plan relationnel, sur le plan de la maturité, sur le plan de l’ouverture, tant au niveau national qu’international. Cela m’a aussi permis d’avoir une ouverture d’esprit par rapport à mon environnement, de comprendre, d’apprendre, d’être tolérante, de rester humble. Avec cette élection, j’ai également compris que dans la vie, il faut se battre pour se faire une place, ne jamais se décourager, avoir confiance en soi, être persévérant. Cela a été positif dans ma vie. J’étais Miss Sénégal, donc ambassadrice. Mon rôle était de représenter le Sénégal sur le plan national et sur le plan international. Il s’agissait de faire la promotion de la destination Sénégal, de la culture de mon pays.

Dès mon couronnement, un contrat me liant au Ministère du Tourisme et à la Sapco, pour une durée d’un an, a été signé. C’est pareil pour Icotaf, avec à l’époque, les mèches Linda et la Sotiba. Ma mission était de représenter le Sénégal en Afrique et dans le monde, avec la Sotiba et Icotaf pour faire la promotion du made in Sénégal. Ce fut aussi un honneur pour moi d’avoir eu la possibilité de représenter mon pays. Ce privilège m’a permis de rencontrer des personnes extraordinaires venant d’horizons différents. J’ai appris auprès de chacun et de chacune d’entre eux. Aujourd’hui encore, je bénéficie de cet honneur de recourir à leurs conseils. Je les en remercie. Ils se reconnaîtront. Je saisis cette opportunité pour remercier mes parents, ma famille, au sens large, mes amies, pour leur soutien et leur compréhension sans faille. Cela n’a pas été facile, mais ils sont restés à mes côtés pour me rappeler qui je suis et d’où je viens.

Mes remerciements vont également à ces grandes dames qui m’ont encadrée durant cette période. Je veux nommer Tata Diouma Dieng Diakhaté, Tata Collé Ardo Sow, Tata Sadya Gueye (celle que mes enfants appellent affectueusement mame Sadya), Tata Oumy Sy, Tata Bineta Sall Sao. Je les remercie pour leur soutien, leur disponibilité, leur affection et leur confiance. Qu’Allah les garde. Je leur présente, à toutes, mes sincères condoléances.

FATIMA DIALLO DIOUF, MISS SENEGAL ET CEDEAO 2008


«Je suis un produit d’Ambroise Gomis»


Aujourd’hui, malgré la douleur de la disparition de son «mentor», elle peut être fière de ce qu’elle est devenue. Fatima Diallo Diouf fait partie de celles qui ont pu bénéficier des sages conseils de feu Moïse Ambroise Gomis et qui en ont tiré profit. De son manteau protecteur, il l’a couverte et accompagnée dans plusieurs étapes de sa vie. «Il n'était pas avare en conseils et bonnes idées, pour me pousser à toujours donner le meilleur de moi-même. À chaque fois qu'on se parlait, il me donnait des orientations sur les projets que j'entamais et ne manquais jamais de me rappeler de garder la tête sur les épaules», raconte-t-elle, un brin mélancolique. Sacrée Miss Sénégal en 2008, elle venait de succéder à la jolie Aminata Diallo et allait au-devant de nouveaux défis. La première pour elle, fut Miss CEDEAO pour la paix. Un titre qu’elle a décroché haut la main. La main d’Ambroise Gomis y était pour beaucoup à l’époque. «J’ai beaucoup appris de lui, de sa grande expérience dans le milieu», fait-elle savoir, avant de mesurer la perte immense qu’occasionne la mort de cette icône de la mode au Sénégal.

Pour cet homme, sa reconnaissance sera éternelle. Par son entremise, la jeune-femme, actuelle chargée de communication dans une direction du Ministère des Finances, a pu gravir des échelons et faire des réalisations. Nostalgique, elle se souvient : «grâce à lui, j’ai eu pas mal d'opportunités quand même. J'ai pu participer au concours Miss CEDEAO pour la Paix, que j'ai remporté. J'ai pu faire des dons au Sénégal et dans la sous-région, ce qui me tenait à cœur. J’ai aussi pu rencontrer des décideurs en Afrique et en Europe, pour discuter de la condition des enfants abandonnés, un de mes principaux combats. Sans parler des contrats de publicité que j’ai pu décrocher. Aujourd'hui si je suis souvent sollicitée pour certains concours de beauté, c'est grâce à l'expérience que j'ai gagnée à ses côtés.» Ce n’est donc pas un hasard lorsque Fatima Diallo suit les traces de son protecteur, en organisant des concours de beauté, très prisés dans la sous-région. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle en est fière : «car comme on a l'habitude de la dire, je suis un produit d'Ambroise Gomis.

De l’eau a coulé sous les ponts et elle a fait du chemin depuis la couronne. Toujours est-il que Fatima n’a pas coupé les ponts avec lui. «Le jour où j'ai décidé de me présenter à ce concours, il m'a dit : c'est dès aujourd'hui qu'il faudra te comporter comme une miss et adopter les bonnes habitudes. Il n'a jamais cessé de me coacher, même après avoir rendu ma couronne. C'était un homme intègre. J'avoue que ces derniers mois, on se parlait un peu moins. Mais je prenais souvent de ses nouvelles et pas plus tard que l'année dernière, avec quelques membres de son agence, nous avons assisté à un hommage qui lui a été rendu à Daniel Sorano.» Un hommage qui est venu à son heure !

AMINATA DIALLO DITE MA-JOLIE, MISS SENEGAL ET MISS CDEAO 2007


LE DECES D’AMBROISE GOMIS : «Cela m’a personnellement beaucoup affectée»


Dans un premier temps, je présente mes sincères condoléances à la famille du défunt et à toute la population sénégalaise.  C’est une immense perte pour le milieu de la mode sénégalaise. La disparition de Moïse Ambroise Gomis m’a personnellement beaucoup affectée. Il a toujours été comme un papa pour moi, un mentor…

DIMENSION DE L’HOMME : «Humble, d’une incroyable générosité»

Prési, comme on l’appelait affectueusement, était très humble, il avait le cœur sur la main, était d’une générosité incroyable. Il a beaucoup fait pour la mode, la culture au Sénégal. Il a promu la beauté de la femme africaine et sénégalaise en particulier. Je me rappelle qu’il était très content lorsque je lui ai annoncé que j’allais participer à l’élection Miss Sénégal.

LEURS RELATIONS : «Prési, ce papa, ce mentor, qui me rappelait que j’avais une image à protéger»

Prési était un papa, un mentor pour moi. Nous avons toujours eu de bonnes relations, il me donnait beaucoup de bons conseils, m’interdisait même les sorties avec des amies, pour ne pas que mon nom soit cité dans des scandales... etc. Ill me rappelait tout le temps que j’avais une image à protéger et que je ne devais pas le décevoir, parce que j’étais sa fille. On ne se voyait plus beaucoup lorsque je me suis mariée, mais on se parlait souvent au téléphone. Lors de notre dernière rencontre, nous avons mangé ensemble à la Royaltine (un de ses endroits préférés). Il était tout content de me revoir et m’appelait «ma miss», la jolie. J’étais fière d’être parmi ses «miss préférées». C’est quelqu’un que j’estimais beaucoup. Je voyais en lui un protecteur bienveillant. Il tenait toujours à ce que termine mes cours avant de rejoindre les autres, pour les tournages de l’émission Styles et Modes, avec les mèches Darling, où j’ai fait ma première apparition à la télé.

SON APPORT DANS SA CARRIÈRE : «Il m’a révélée au grand public…»

Moïse Ambroise Gomis a beaucoup fait pour moi. Il a toujours cru en ma personne. Prési m’a révélée au grand public, d’abord avec l’émission Styles et Modes, avant mes sacres aux concours de miss Dakar, Sénégal et CEDEAO. Ce qui m’a donné le privilège de participer à la 33ème session ordinaire des chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest. Je portais la voix de la jeunesse de l’Afrique de l’Ouest, en 2007.

MADINA CAMARA SEYDI, MISS SENEGAL 1990


«Il m’a accompagnée et conseillée, à une période où j’en avais le plus besoin»


«C’est avec une profonde douleur que j’ai appris le décès d’Ambroise. Une personne généreuse, courtoise, gracieuse, pleine de compassion, est partie avec son talent et ses connaissances. A l’époque où Ambroise était très actif, les femmes de manière générale, ne bénéficiaient pas d’autant d’avantages que maintenant, mais lui s’est toujours distingué par le respect qu’il avait pour nous et a toujours œuvré pour la promotion de la femme. J’aurais souhaité maintenir beaucoup plus le contact avec lui. J’ai eu à le voir à quelques reprises pendant mes vacances au pays. Si seulement je savais qu’il allait partir si tôt je l’aurais contacté plus souvent. Je regrette amèrement de ne pas l’avoir vu plus fréquemment. Nous avons toujours entretenu de très bons rapports. C’est feu Demba Ndir qui avait organisé l’élection à laquelle j’ai participé, mais c’est Ambroise qui m’a introduite au pays. Il a couvert tout l’évènement et a fait tout ce que l’on pouvait attendre d’une personne de bien. Avec sa générosité et ses propos rassurants, il m’a toujours donné confiance en moi-même. Il me conseillait et m’a accompagnée pendant une période où j’en avais le plus besoin. J’étais jeune, sans expérience, mais il savait que j’étais sage, motivée et que je voulais apprendre. Il n’a pas hésité à me prendre sous son aile. Je me rappelle ma toute première interview à la télévision. C’était avec lui. Il était rassurant et m’a aidé à garder le calme, cela a été déterminant pour la suite. C’est quelque chose que je n’oublierai jamais. A l’époque, notre pays ne participait pas à l’élection de Miss Monde et Miss Univers. À part les contrats déjà signés, avant qu’on ne sache qui allait être élue Miss, je n’ai pas eu à travailler avec des agences de la place. C’était une période d’apprentissage, très enrichissante pour moi.»

MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU

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Daouda Mine

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