Tempête en Israël après l’annulation du match de football contre l’Argentine

jeudi 7 juin 2018 • 631 lectures • 1 commentaires

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Tempête en Israël après l’annulation du match de football contre l’Argentine

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iGFM - (Dakar) - Pour préparer la Coupe du monde en Russie dans la sérénité, les footballeurs argentins s’épargnent un détour agité par Israël. En décidant de se retirer du match amical contre l’équipe israélienne qui devait se jouer le 9 juin, la Fédération argentine a provoqué une déflagration davantage politique que sportive.

La rencontre devait se tenir à Jérusalem au stade Teddy-Kollek, sur l’insistance du gouvernement. A l’origine, elle était prévue à Haïfa. Mais la droite a vu dans cet événement de prestige une nouvelle façon de célébrer la reconnaissance de la ville comme capitale d’Israël, après le transfert symbolique de l’ambassade américaine, le 14 mai. Elle rêvait déjà d’une poignée de main entre le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, et la vedette planétaire Lionel Messi.

« Le match n’a été annulé que pour une seule raison, les menaces sur la vie de Messi, de sa famille », a expliqué mercredi 6 juin au soir Miri Regev, la ministre de la culture et des sports, en montrant des photos du maillot argentin taché de sang, relayées sur les réseaux sociaux. Une campagne virale très puissante a été organisée ces derniers jours sur Twitter, pour appeler les joueurs argentins à renoncer au match et à ne pas se rendre complices de l’occupation.

La ministre de la culture israélienne a été la principale initiatrice du déplacement de la rencontre à Jérusalem, dans le cadre des célébrations du 70e anniversaire de l’Etat d’Israël. Son ministère a déboursé pour cela 2,5 millions de shekels (598 000 euros). Miri Regev a nié toute responsabilité dans le retrait de l’Argentine. Pourtant, la veille, elle osait dire que Lionel Messi venait en Israël pour « embrasser le Kotel », le mur des Lamentations, se réjouissant du« milliard de followers » qu’a le prodige du FC Barcelone. Une façon de transformer le numéro 10 argentin en pigiste de luxe pour l’office de tourisme de Jérusalem, sujet inflammable politiquement en l’absence d’un règlement de paix avec les Palestiniens, qui souhaitent aussi en faire leur capitale future.

Pour la ministre, le coupable est identifié : « Il s’agit d’un vieux-nouveau terrorisme, qui effraie, dissuade et terrorise les sportifs. Le même terrorisme qui a provoqué le massacre de Munich », ajoute-t-elle, faisant la comparaison avec le traumatisme national que fut l’assassinat des athlètes israéliens par des Palestiniens aux Jeux olympiques de 1972.

Un retrait comme « contribution à la paix dans le monde »


De son côté, loin de l’agitation israélienne, le président de la Fédération argentine, Claudio Tapia, a expliqué qu’il fallait voir dans ce retrait une « contribution à la paix dans le monde ». « Ce qui s’est passé ces soixante-douze dernières heures, les actions, les menaces qui ont eu lieu nous ont conduits à prendre la décision de ne pas voyager », a-t-il détaillé. Accaparé par sa tournée en Europe, qui l’a conduit mercredi à Londres, le premier ministre Benyamin Nétanyahou a pourtant pris le temps d’appeler le président argentin Mauricio Macri pour, selon la presse, tenter de renverser la décision. Mais celle-ci relève de la fédération sportive et non du pouvoir exécutif.

« Lorsque la politique suffoque le sport, se lamente l’éditorialiste Raz Shechnik dans le quotidien israélien Yediot Aharonot, voici le résultat : un but contre son camp israélien, inscrit avec précision par le premier ministre Benyamin Nétanyahou, la ministre de la culture et des sports Miri Regev et la coalition folle qui permet à ses leaders de faire des folies. » Dénonçant la volonté d’organiser le match à Jérusalem, le journaliste poursuit ainsi :
« Essayons objectivement de nous mettre une minute à la place des Argentins : pourquoi devrions-nous être politiquement affiliés à Israël ? »

La Fédération israélienne de football a annoncé qu’elle comptait déposer une plainte auprès de la FIFA contre la Fédération palestinienne. « Nous avons affaire à un acte de terrorisme footballistique de la part de la fédération palestinienne de football et de son président. Il ne s’agit plus simplement d’un discours de plus devant le congrès [de la FIFA] ou d’une proposition de plus à l’agenda, mais de menaces contre les joueurs de football venant en Israël », a dit le vice-président de la Fédération israélienne, Rotem Kamer.

Les dirigeants palestiniens « remercient » l’équipe d’Argentine


De leur côté, les dirigeants palestiniens se sont évidemment réjouis de l’annulation de la rencontre. « Les pays d’Amérique latine, en particulier l’Argentine, savent très bien comment les régimes oppresseurs ont utilisé le football afin de promouvoir leur agenda politique, a souligné le président de la Fédération palestinienne, Jibril Rajoub, dans un communiqué. Dans ce contexte, nous remercions les joueurs de l’équipe nationale d’Argentine de s’être montrés à la hauteur de leurs valeurs et d’avoir refusé de servir d’outil politique pour blanchir l’oppression. »

Jibril Rajoub avait adressé une lettre le 28 mai à son homologue argentin pour le sensibiliser à la portée politique du déménagement du match à Jérusalem. Haut cadre du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, le dirigeant s’active depuis des années au sein de la FIFA pour obtenir l’exclusion de la Fédération israélienne de football des compétitions internationales, en raison de l’existence de six clubs dans ses ligues situés dans des colonies, en Cisjordanie. Mais, à la fin d’octobre 2017, la FIFA a préféré ne pas s’emparer de ce sujet explosif, en affirmant qu’elle devait « rester neutre en ce qui concerne les sujets politiques ». Aucun débat ne se tiendra donc à l’avenir sur ces clubs israéliens et d’éventuelles sanctions, a-t-elle averti, tant que le cadre juridique de la Cisjordanie n’aura pas été précisé.

Sans surprise, les activistes du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), qui appellent à punir l’Etat hébreu pour la poursuite de l’occupation en Cisjordanie depuis cinquante et un ans, revendiquent la paternité de la victoire que représente, à leurs yeux, la décision de l’Argentine. Elle est plutôt rare, dans leur camp, qui reste essentiellement cantonné à certains campus anglo-saxons et aux marges d’extrême gauche, en Europe.« Le BDS n’est pas une vraie menace pour Israël, 

Le Monde
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Daouda Mine

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