Madina Ndiathbé, un foyer d’enseignement arabo-islamique du Fouta Toro, peu connu

vendredi 1 septembre 2023 • 1592 lectures • 0 commentaires

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Madina Ndiathbé, un foyer d’enseignement arabo-islamique du Fouta Toro, peu connu

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iGFM - (Dakar) Situé dans le département de Podor, région de Saint Louis, Madina-Ndiathbé est un foyer d‘enseignement arabo-islamique du Fouta Toro pas très connu.

Cependant, ce centre a, sensiblement, contribué au développement de l’éducation et la formation religieuse des musulmans du Sénégal. Les lignes qui suivent tentent de donner un aperçu sur l’historique et les réalisations de ce centre, sous la direction du marabout Thierno Hamdy Rabby Ndiath.

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Selon Idrissa Ndiath, notre informateur, ce village est fondé par Ibra Saydou Nourou Ndiath, un marabout enseignant, qui venait de Dioudy dans le Fouta Toro, entre 1686 et 1689. Il y avait avant son arrivée des gens qui n’étaient pas du tout favorable à son installation. C’est la raison pour laquelle ce marabout enseignant avait juré qu’il allait repartir. C’est ainsi qu’il laissa ses trois fils : Amadou Ibra, Amad Ibra, Hamady Ibra sur place afin d’aller chercher un site propice, lui permettant de continuer sa mission d’enseignant et d’éducateur.

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 Lorsqu’il alla chercher où habiter, il donna à ses enfants trois gris-gris (tèré) qu’ils devaient enterrer (soul) dans trois endroits différents. Ils ne devraient les déterrer qu’après trois ans. Là où ils trouvent des termites en les déterrant ils choisiraient cet endroit comme lieu d’habitat par excellence. L’un était enterré à Madina-Ndiathbé, l’autre à Thilèl et le troisième à Thimou, nous dit notre interlocuteur. (Madina-Ndiathbé, le mercredi 06 janvier 2021).



Celui de Madina Ndiathbé était atteint par les termites. Par conséquent, conformément aux orientations de leur père, ils choisirent cet endroit pour y habiter. Ils s’y installèrent. Il y avait trois pères de famille qui vivaient dans ce village : Hamad Nâbé, Amadou Nabé et Hamady Nabé. Les gens de Goloré et du Fouta Toro disaient, d’ailleurs, que les amulettes que fabriquaient ces trois familles étaient bénies et leur apportaient beaucoup de bien.  



En effet, chacun des trois enfants de Ibra Saydou Nourou Ndiath choisit un endroit au village : Amadou Ibra habitait au centre du village, Hamad Nabé Ibra à l’entrée et Hamad Ibra à la sortie Ce choix était géographiquement très stratégique, bien planifié lors à l’époque. Amadou Nabé avait un daara et son fils Oumar Amadou le remplaça après sa mort. Oumar Amady était un élément d’Abdoul Khadre Kane du Fouta Toro. Ce dernier est enterré à Goriki Samba Diom près de Gangheul Soulé. Notre informateur soutient que Abdoul Khadre donna, d’ailleurs, aux fils de Oumar Amady des terres pour y habiter. C’est là où fut implanté l’actuel daara de Thierno Hamdy Rabby.
Mouhamadou Moustapha dit Thierno Hamdy Rabby : 1915-2001



Pourquoi ce marabout est connu sous l’appellation de Thierno Hamdy Rabby ?


Son père a vécu longtemps sans avoir un enfant vivant. Trois de ses enfants sont décédés, chacun, une semaine après sa naissance. Elhadji Demba Hama qui fut mouqaddam d’Elhadjhi Malick Sy de Tivaoune (1853-1922), aurait informé son marabout d’un tel destin. Ce dernier lui aurait dit « Si Dieu le veut tu auras un enfant qui vivra, te remplacera, assumera votre héritage et continuera votre mission après votre décès ».



Lorsqu’il a eu un enfant, il lui donna le nom du prophète Mouhamadou Moustapha. Et quand il a égorgé un mouton le jour du baptême, il dit Hamadtou Rabby. (Je rends grâce profondément à mon Seigneur », d’où vient son surnom qui a fini par occulter son vrai nom.



Thierno Hamdy Rabby est né en 1915, son père est décédé en 1946 date à laquelle il prit les responsabilités du daara jusqu’à sa mort le 03 novembre 2001. Il a continué à enseigner et à former les talibés durant toute sa vie. Thierno Hamdy Rabby est considéré comme étant le marabout ayant le plus marqué ce centre. Pour immortaliser son nom, sa vie et son œuvre, les populations de Toro et les sortants de son daara lui consacrent une Ziyara annuelle à Madina-Ndiathbé.



Les successeurs de Thierno Hamdy Rabby à la tête du daara



 Ses frères ont assuré la continuité du daara après sa disparition. Il s’agit de Thierno Malick Ndiath qui est mort, le 21 octobre 2012. Thierno Baba Galé Ndiath devint le continuateur de la mission jusqu’à son décès, le 01 février 2019. Il fut remplacé par Thierno Bouna Oumar Ndiarth, décédé le 18 mars 2020. Depuis cette date, c’est Thierno Idrissa Ndiath, fils de Thierno Hamdy, né en 1957, qui est le calife et responsable du foyer. Il est épaulé par Seydou Nourou Ndiath fils de Thierno Malick.



Nombre des apprenants à l’heure actuelle : ils sont plus de 200 apprenants. Ces talibés ne mendient pas, le marabout responsable ne demande aucune participation aux parents. Toutes les prestations : enseignement, nourriture, prise en charge médicale, sont gratuites. Ces talibés sont nourris, soignés, entretenus, selon le responsable moral du centre, grâce à l’aide du Dieu. 



Provenance des pensionnaires : Les talibés viennent du Sénégal essentiellement du Fouta Toro, de la Gambie et de la Guinée. Ils mémorisent le Coran en entier. Ce qui montre qu’il y a un bon programme et une bonne méthode pédagogique.



Programme d’enseignement : Le daara de Madina Ndiathbé, comme la plupart des centres musulmans traditionnels, enseigne le Coran, la langue arabe et les sciences islamiques. Toutes les matières : Fiqh Bayan, Usul, Tafsir, Nahw Lugha, entre autres, y sont enseignées.



Une femme Sakina Bal de Bodé Lao était venue s’installer à Madina Ndiathbé pour des raisons conjugales. Maîtrisant le Coran, elle l’a enseigné à son fils Alpha Mamadou. Ce dernier aurait mémorisé le Livre saint sous sa direction.



Sortants de Madina Ndiathbé : Les sortants de ce centre musulman sont nombreux parmi eux, on peut citer à titre d’exemple : Thierno Mouhamadou lamine bal Boléré, Thierno samba Tall Hayré-Goléré en Mauritanie, Marabout enseignant Alpha Khalid Dioudy Dièry, Thierno samba Ama Bal à Kaolack, Thierno Souleymane Ellahdji Goléré, Theirno Aly Amar Niang Aram, Thierno Elhadji Demba Sarr Aram, Elhadji Baydi Bamo Sy Diatar imam, Thierno Ousmane Djigo Dimat, Alpha Mamadou Boy Ganghel, Alpha Ousmane Kébé Goléré Hayré Mauritanie, Elhadjui Malick Ndiaye Sy Ndiayène Pendor, Alpha Diaké Dem Barobé Diékél, Alpha Mamadou Ane Thioubélé, Thierno Siné Dia Diary Ngheul, Thierno samba Hamad Sy Daara Diolof, Thierno yaya Ba Richard Toll, Thierno Abo Diop Dakar, Thierno Seydou Gaye CDakar, Thierno Yoro Sall Bodé salsabé, Thierno Ahmad Tidiane Diallo Boké Diallo, Thierno Mamadou Amadou Sy Gonkol, Thierno Abdou Rahmane Ndiath Damga, Thierno Demba Koro Sy Damga, Thierno Mouhamad Simal Thiwal Awgalé, Thierno Abo Samba Mbengue Waoundé, Thierno Amdou Sall imam de Thilla Bocar, Thierno Aly Ly Thilla Boubacar, Thierno Malik Diallo Thilla Boubacar, Thierno Barak Sy Diako Thilla Boubacar, Thierno Moustapha BA, Thilla Boubacar, Thierno Abo Diop imam Wandé, Thierno Chaybany Sarr, Thierno Chamsou Dîne Ba Péthé, Thierno Maktar Sy Péthé, Thierno Ndiaye Borko, Thierno Abo Tall Kaolack, Thierno Samba Amiel Ndiath Kaolack, Thierno Assane Dia Ranérou, Thierno demba Kéthiou Sow, Thierno Yay aba Richard Toll, Thierno Abdoulay Lam Bogué Mauritanie, Elhadji kara Bignona, Thierno Amad Tidiane Ndiath Ziguinchor, Cheikh Ndiath Koungheul, Thierno Deme Sébikoutane, Thierno Amadou Ly Richard Toll, Thierno Amadou Saéd Ross Bèthio, Thierno Amadou Ly Rosso Sénégal, Thierno Abo Sy Dîatâr imam et Serigne daara, Thierno Hamdy Rabby.



Considéré comme berceau de l’islam au Sénégal, à cause de sa proximité avec la Mauritanie, Fouta Toro regorge d’importants foyers d’enseignement arabo-islamique, malheureusement, peu connus dont celui de Madina-Ndiathbé. Depuis sa création, ce centre musulman, comme le confirme la liste de ses sortants, a sensiblement contribué à l’éducation, à la formation et à la socialisation des apprenants. Thierno Hamdy Rabby est l’un des personnages ayant le plus marqué ce foyer islamique. Il a formé, à travers le Sénégal et les pays limitrophes, des imams, des Serignes daara, des prédicateurs et des éducateurs de hautes qualités. Pour immortaliser son œuvre, si tel n’est pas encore le cas, il est souhaitable qu’un établissement d’enseignement public dans le département de Podor porte son nom.


Djim Ousmane Dramé chercheur et chef du laboratoire d’islamologie de l’IFAN-UCAD

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Publié par

Harouna Fall

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