Wasis Diop, l'homme des îles
mardi 24 janvier 2023 • 1130 lectures • 1 commentaires
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iGFM – (Dakar) “Guitariste de talent, chanteur à la voix rauque, compositeur en quête de trouvailles mélodiques, Abdoul Aziz Diop aka Wasis Diop est un artiste avant-gardiste, s'exprimant dans une musique méditative afro-jazz ou afro-pop, aux accents folk, soul, blues, funk ou rock...”
D'après un article de Sylvie Clerfeuille - Afrisson
West African Cosmos
Né autour de l’année 1950 à Dakar (Sénégal), Wasis Diop grandit à Colobane, un quartier de la capitale où il commence à s’initier en autodidacte à la guitare à l’âge de 14 ans. Mais son père, grand dignitaire de la communauté Lébou le prédestine à de hautes fonctions. C’est ainsi qu’il rejoint en 1970 la France pour des études d’ingénieur. En 1974 à Paris, il rencontre le musicien et chanteur Umbañ Ukset avec qui il crée le groupe West African Cosmos (WAC), dont la musique combinera Occident et Afrique en un style afro-jazz et cela bien avant que l’appellation « World Music » existe. Wasis Diop quitte le groupe en 1979 pour travailler seul. Il sillonne ensuite le monde entier s’arrêtant pour un temps en Jamaïque. Là, il s’enrichit des savoirs de Lee Scratch Perry et enregistre avec lui, jusqu’à son retour en France en 1980. En 1981 à Paris, Wasis Diop collabore avec la chanteuse franco-malgache Marie-France Anglade, réalisant l’opus éponyme « MFA Kera » (son nouveau nom d’artiste). Entre 1982 et 1984, Wasis Diop fait de fréquents voyages à Londres (Angleterre), où il travaille avec Robin Millar, le producteur de Sade Adu, rencontré précédemment au mythique studio d’Hérouville et qui produit son 45T “Waw Diere Dieuf (Thank you very much)”, sorti en 1982 chez WEA sous le nom de Wazis & The Mambetts.
Hyènes de Djibril Diop Mambéty
1986 marque son retour à la musique. Wasis Diop réalise en 1988 l’album “Aduna” avec Yasuaki Shimizu, un compositeur, saxophoniste et producteur japonais d’avant-garde. La collaboration et présence de Wasis Diop au Japon en 1989 affermissent son succès en Extrême-Orient. Un an plus tard, il sort chez Disques Dreyfus, son maxi 45T “Maïssa / La ballade de Jimi Saar”. Sa rencontre avec Martin Meissonnier l’amène à une collaboration avec la Tunisienne Amina Annabi aboutissant à la chanson “Le dernier qui a parlé…” que cette dernière interprétera au Concours Eurovision 1991, engendre diverses compilations produites par Radio Nova en France et par Shimizu au Japon.
Son premier album solo, attendu depuis longtemps, sort en 1993. C’est en fait la bande originale du film « Hyènes » (1992) de son grand frère Djibril Diop Mambéty (1945-1998), comédien, scénariste et réalisateur. Mais elle est si personnelle qu’elle est considérée comme un album à part entière, le morceau « Dune » sera plus tard samplé par Dr Dre & Trackmaster pour l’album « The Firm » (Nas, Foxy Brown and AZ)…
African Dream
Son succès mondial est confirmé en 1995 par son deuxième album « No Sant », et le single « African Dream » entre dans les charts anglais et est plébiscité par Andy Kershaw sur Radio1. Dans cet opus, Wasis y insère, sous l’intitulé Dem Ba Ma, le titre “Le dernier qui a parlé” composé 4 ans plus tôt pour Amina Annabi. Considéré comme l’un des principaux artistes internationaux d’Afrique, Wasis Diop sort à l’automne 1998 son troisième album « Toxu », dont “Samba le berger” (une chanson sur l’immigration africaine en France).
Wasis Diop a composé de nombreuses bandes originales pour le cinéma et la télévision, aussi bien pour des productions japonaises que françaises, brésiliennes, africaines et américaines. Sa composition “Everything is never quite enough” revient souvent dans le film “L’Affaire Thomas Crown” (The Thomas Crown Affair) de l’Américain John McTiernan (1999). On peut citer aussi « L’amour interdit » de Jacques Malaterre pour qui il a également composé le générique de « L’Odyssée de l’espèce » et « Homo sapiens », ainsi que la musique de « Survivre », une série télévisée française de TF1. En mars 2004, MK2 honore Wasis Diop dans la « Grande Bibliothèque de Paris » et l’invite à jouer en concert la bande originale de « Hyènes ». Depuis, Wasis Diop a travaillé avec Serah (chanteuse country-folk), produisant deux de ses albums.
Bintou Were, un opéra du sahel
En 2005, Wasis Diop co-écrit avec Koulsy Lamko « Bintou Were, un opéra du sahel », un spectacle panafricain sur l’immigration et l’intégration africaine, mis en scène par Jean-Pierre Leurs, avec des chorégraphies de Germaine Acogny et Flora Théfainen et soutenu par la Fondation Prince Claus. Composé par Zé Manel Fortes (Guinée Bissau), « Bintou Were, un opéra du sahel » mêle chants wolofs, bambaras et malinkés, soutenus par des instruments africains, dont le kamélé ngoni, la kora, le djembé.
Présenté en avant-première en février 2007 à Bamako (Mali), puis en Hollande et du 25 au 27 octobre au Théâtre du Châtelet à Paris (France), « Bintou Were, un opéra du sahel » est interprété par des artistes originaires du Sahel, habillés par Oumou Sy, et sous la direction artistique et musicale de Wasis Diop.
« Bintou Were, un opéra du sahel » fera l’objet, en 2009, d’un livre (« Mémoire d’un Opéra du Sahel »), d’un film documentaire (Making-off – Opéra du Sahel), d’un CD et d’un DVD des spectacles des 25, 26 et 27 octobre au Théâtre du Châtelet (Making-off – Opéra du Sahel).
En 2008, Wasis Diop revient avec Judu Bék, un projet raffiné et personnel aux mélodies délicates : « Dans cette vie, rien n’est statique… Le seul danger est de ne pas s’adapter, de ne pas voyager, de rester au même endroit, musicalement ou spirituellement. Notre réponse en tant que musiciens est d’aller de l’avant« , dit Wasis Diop.
Wasis et le cinéma
Parmi les films dont il a composé la bande originale, on peut noter : “N’tturudu / Le masque” de son ami Umbañ Ukset (1986), “Samba Traoré” d’Idrissa Ouédraogo et “Yalla yaana” de Moussa Sène Absa (1992), “TGV” de Moussa Touré et “Tourbillon (Silmandé)” de Pierre Yaméogo (1998), “La Petite vendeuse de soleil” (1999) de son grand frère Djibril Diop Mambéty , “Les couilles de l’éléphant” (2001) de Henri Joseph Koumba Bididi , “Le prix du pardon” de Mansour Sora Wade (2002), “Un amour d’enfant” (2004) de Ben Diogaye Bèye , “Delwende, lève-toi et marche” de Pierre Yaméogo et “Le Sifflet” de As Thiam (2005) ou encore “Daratt (Saison Sèche” (2006) de Mahamat Saleh Haroun, « Judu Bék » (2008). Wasis Diop signera en 1993 la bande-originale de “Gris-Gris”, un magnifique film de ce réalisateur Tchadien. — avec Abdoulaye Saer Diop et 62 autres personnes.
Publié par
Mame Fama GUEYE
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