Jeux africains : Balla Dièye, Chef de Mission à Accra : «Préparer l’édition de 2027 au Caire dès maintenant»

jeudi 28 mars 2024 • 1686 lectures • 0 commentaires

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Jeux africains : Balla Dièye, Chef de Mission à Accra : «Préparer l’édition de 2027 au Caire dès maintenant»

Certes, le Sénégal a grappillé 10 unités au classement final des Jeux africains, passant de la 22ème place de Rabat 2019 à un méritoire rang de 12ème à Accra, au terme de la 13ème levée. Mais, il faut se tourner d’ores et déjà sur la préparation en direction de la 14ème édition prévue en 2027 au Caire, en Égypte. Tel est le sentiment de Balla Dièye, le chef de mission de la délégation sénégalaise au Ghana. L’ancien champion d’Afrique de taekwondo a échangé avec RECORD.

Le Sénégal est passé de 22 médailles dont 1 en or à Rabat 2019 à 29 médailles avec 4 or au terme d’Accra 2024. Réaction ?
La moisson de 29 médailles à Accra, c’est le travail des fédérations nationales. En partant à Accra, le ministère des Sports, avait travaillé en collaboration avec le Comité olympique, pour amener une délégation performante en terre ghanéenne. Il fallait envoyer des délégations avec lesquelles on était sûr d’obtenir des médailles. Tel a été le cas et les résultats montrent que les fédérations qui travaillent sont capables de nous ramener des médailles. On n’est pas surpris de ces résultats d’Accra.


Le 12ème rang sénégalais acquis à Accra, comment l’appréhendez-vous ?
C’est un excellent résultat car 4 ans plus tôt, le Sénégal était 22ème à Rabat avec 1 médaille d’or. Aujourd’hui, on se retrouve au 12ème rang avec 4 médailles d’or. La délégation à Accra était moins fournie en termes de disciplines engagées par rapport à celle déplacée à Rabat. En outre, les fédérations n’avaient même pas le temps de faire une très bonne préparation. Et si on arrive à performer, je peux dire que c’est un excellent résultat. Je n’étais pas surpris car je visais au moins 5 médailles d’or. Dieu en a décidé ainsi. Il faut savoir Mbagnick Ndiaye et Abderrahmane Diao du judo ont loupé leurs finales, de même que la taekwondishe Yaye Aïta Ndiaye ; Bocar Diop du taekwondo s’est blessé en finale. Je félicite les fédérations, le ministère des Sports et le CNOSS. 


On peut donc considérer qu’en tant que chef de délégation, vous êtes satisfait ?
Oui, aujourd’hui, cela fait plaisir de voir une fédération comme celle de tennis de table obtenir sa toute première médaille à des Jeux africains. Le football masculin a obtenu du bronze alors que le football féminin a raté la 3ème place aux tirs au but. Il y a d’autres fédérations comme le triathlon, le badminton qui ont amené des athlètes très jeunes afin de les préparer pour le futur. Tout cela est à encourager. Sans oublier la lutte car c’est une discipline qui d’habitude nous donne beaucoup de satisfaction. Hélas, à Accra, on n’a pas amené tous les lutteurs car ils avaient une autre compétition, en Égypte. Raison pour laquelle, on n’avait aligné que 4 lutteurs à Accra avec des résultats optimaux obtenus au bout. Nous sommes très contents de notre 12ème rang africain. Et je pense que l’État va mettre les moyens pour que l’on puisse figurer dans le Top 5 africain la prochaine fois ou, pourquoi PAS, dans le Top 10.


Quelles sont les mesures qui s’imposent pour espérer voir le Sénégal dans le Top 10 lors de l’édition de 2027, en Égypte ?
Je pense qu’en 2027 le Sénégal pourra rentrer dans le Top 10 si l’on prépare les Jeux africains très tôt avec une bonne politique et une bonne vision. C’est un challenge à préparer dès à présent. Que les fédérations puissent comprendre que les Jeux africains constituent un prétexte pour que le ministère des Sports puisse connaître celles qui travaillent. Il faut mettre en place une politique qui permet de glaner des médailles d’or lors des prochains Jeux africains. Cela ne sera pas facile car les autres pays aussi travaillent. Il n’y a que le travail qui paie. Le ministère des Sports, le CNOSS et l’État doivent mettre les moyens qu’il faut pour que les fédérations puissent produire ces résultats car elles en sont capables. Sans préparation, ces fédérations arrivent à faire des résultats, qu’en serait-il alors en cas de bonne préparation ? C’est le moment de voir quelles sont les perspectives pour 2027. Je pense que nous allons tenir une réunion entre le ministère des Sports, le CNOSS et les techniciens fédéraux pour voir la vision de 2027 comme l’harmoniser et la décliner. Avoir véritablement des jeunes qui vont nous permettre de décrocher des médailles d’or lors des prochains Jeux africains.


Les disciplines martiales ont plus performé que les autres disciplines. Qu’est-ce qui explique cela selon vous ?
Grosso modo ce ne sont pas seulement les arts martiaux mais les sports de combat de façon globale. D’habitude, on voit le judo, le taekwondo, le karaté et même la boxe qui glanent des médailles. On peut dire aujourd’hui que ce sont des disciplines qui nous valent beaucoup de satisfactions parce qu’il y a un travail qui se fait à la base et l’on voit aussi que ce sont des fédérations qui tournent beaucoup sur des compétitions nationales voire même internationales. C’est juste qu’il faut continuer à les accompagner, à respecter leur calendrier international respectif. C’est ça qui permet aujourd’hui qu’à chaque fois que l’on va dans ce genre de compétitions, qu’on puisse glaner des médailles. Le fait de ne pas faire la compétition sur le plan international prive les athlètes d’expérience. Mais aujourd’hui, si l’on voit par exemple le cas du judo, du taekwondo et du karaté, ce sont des athlètes qui ont l’habitude de la compétition et ils sont très jeunes. Mais ils ont l’expérience des grandes compétitions et n’ont pas de stress. Raison pour laquelle ces disciplines arrivent à faire des résultats. La boxe revient petit à petit. Nos boxeurs ont fait récemment un tour en Italie mais ils n’ont pas eu de compétitions internationales. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes boxeurs qui arrivent à produire des résultats extraordinaires sur la scène africaine.


Comment faire pour maintenir en forme ces disciplines qui se sont illustrées à Accra ?
Je pense qu’il faut continuer le travail et à appuyer les fédérations tout en permettant aux athlètes de faire des compétitions sur le plan international. Il faut avoir également une bonne préparation. Je ne parle pas de préparation effectuée sur 10 jours mais une préparation continue sur toute l’année. C’est ça qui va permettre aux fédérations de pouvoir garder le cap et de produire des résultats. Mais il ne faut pas oublier la base, c’est-à-dire la petite catégorie. Si aujourd’hui, on ne prépare pas la relève, on aura toujours des problèmes. Aujourd’hui, on peut voir que ce sont les mêmes jeunes athlètes qui font les compétitions et glanent de l’expérience. Et aujourd’hui, pas mal de fédérations ont compris qu’il faut travailler au jour le jour et faire des compétitions régulièrement. C’est ça qui amène les résultats. Si on voit les résultats du taekwondo découlent d’un travail entamé depuis très longtemps. Le taekwondo est sur la scène internationale et organise également des compétitions régulières. C’est ça qui fait qu’aujourd’hui, les résultats commencent à tomber. Il en est de même pour le judo, le karaté, etc. Et pour espérer maintenir ce cap-]là, il faut que le ministère des Sports continue d’appuyer ces fédérations-là, surtout dans la préparation. 


Êtes-vous d’avis que la prochaine médaille olympique du Sénégal devrait venir des arts martiaux ?
Je dis que si on continue de travailler sur les sports de combat, cela peut nous valoir d’énormes satisfactions. Le Sénégalais excelle dans les sports de combat. Je peux dire aujourd’hui que ce soit dans les arts martiaux, la lutte ou la boxe, si on met les moyens et qu'on investit, on peut vraiment avoir des résultats. Aujourd’hui, on est à la quête d’une médaille olympique et je pense que le ministère des Sports et le CNOSS orientent leurs politiques sur les sports de combat. On a plus de chances là-bas car ce sont des sports individuels où on peut détecter un talent et commencer à investir sur lui pendant des années. C’est ça qui peut permettre aujourd’hui d’espérer une médaille olympique. Il faut préparer pendant des années et ne pas attendre le jour J pour espérer décrocher quelque chose. À Accra, 11 athlètes qui ont bénéficié de bourses de préparation du CNOSS nous ont valu d’excellents résultats. C’est le cas des judokas Mbagnick Ndiaye et Abderrahmane Diao qui ont été médaillés d’argent, Louis François Mendy de l’athlétisme médaillé d’or. Idem pour Mansour Lô du taekwondo qui a bénéficié de l’aide du CNOSS. Nous avons le tennis de table qui arrive à décrocher maintenant des médailles sans oublier l’athlétisme avec Saly Sarr qui bénéficie d’une aide tout comme Cheikh Tidiane Diouf. Ce sont tous des athlètes pour qui le CNOSS a mis en place les moyens pour les aider à performer. C’est une politique que le président du CNOSS, Mamadou Diagna Ndiaye, a mise en place et aujourd’hui ça commence à porter ses fruits.


On a vu l’athlétisme sénégalais très flamboyant à Accra, est-ce la confirmation d’une discipline qui revient au premier plan africain ?
Oui. Pour l’athlétisme, il y a un travail qui se fait à la base et les techniciens ont compris la méthode. C’est-à-dire il faut faire un travail continu et c’est ça qui permet d’avoir des résultats. Par rapport à la performance de Louis François Mendy, ce n’est pas une surprise pour moi. Il bénéficie depuis très longtemps de l’aide du CNOSS et s’entraîne dans un centre international dirigé par notre compatriote El Hadji Amadou Dia Bâ. Aujourd’hui, Louis François Mendy est dans les dispositions pour performer sur la scène internationale. Il bénéficie d’une bourse du CNOSS. Avec toutes ces ressources, l’athlète est vraiment tranquille dans sa tête et ne fait que s’entraîner et faire ses compétitions correctement. Aujourd’hui, on commence à voir les résultats. Si l’athlète décroche très tôt sa qualification comme c’est le cas pour Louis François Mendy, c’est grâce à l’appui qu’il y a derrière, la préparation et une bonne organisation dans son centre. C’est ça qui fait que l’environnement de l’athlète est verrouillé, et ses entraînements maîtrisés et ses compétitions programmées. Aujourd’hui, l’athlète n’est là que pour performer et à Accra. Aujourd’hui, je peux dire que si l’on continue à mettre en place ce genre de politique, en aidant ces athlètes, les bons résultats ne peuvent que suivre.


Après cette compétition continentale d’une dizaine de jours, quel regard prospectif jetez-vous ?
Permettez-moi, en tant que chef de mission, de dire merci au ministère des Sports qui a travaillé en parfaite collaboration avec le CNOSS. Je profite de vos colonnes pour remercier le Directeur du Sport de Haut Niveau, M. Cheikh Tahirou Fall, sans oublier ma collègue Mme Ramatoulaye Guèye avec qui j’ai travaillé sur ce projet depuis très longtemps. Aujourd’hui, on a vu les résultats. Je remercie la Commission technique du CNOSS, merci à tous les membres de la délégation sénégalaise à Accra, merci aux fédérations, merci aux techniciens qui ont travaillé professionnellement pour décrocher tous ces résultats-là. En tout cas, en tant que chef de mission, je suis très satisfait du bilan. Il faut commencer la préparation de 2027 dès maintenant. Il y a des fédérations qui l’ont compris et qui ont une vision. Et c’est dans cette vision-là qu’il faut continuer à travailler. Bravo aux athlètes médaillés et mes encouragements à ceux qui ont perdu car c’est la loi du sport. Je pense que l’État va les récompenser, les galvaniser davantage. Pour les athlètes ayant déjà décroché leurs qualifications olympiques, je leur dis de continuer leur préparation pour les JO de Paris 2024.


Réalisé par Souleymane SECK


Médailles du Sénégal (29)
OR : 4
Taekwondo (2) : Mansour Lô (-68 kg), Adama Ndiaye (-30 ans)
Judo (1) : Monica Sagna (+78 kg)
Athlétisme (1) : Louis François Mendy (110 m haies) 
ARGENT : 7
Judo (2) : Abderahmane Diao (-90 kg), Mbagnick Ndiaye (+100 kg)
Karaté (2) : Makhtar Diop (-84 kg), équipe nationale féminine (Maïmouna Niang, Yacine Lô, Fatou Ndiaye, Aïssatou Simal) 
Taekwondo (2) : Bocar Diop (-63 kg), Yaye Aïta Ndiaye (-30 ans) 
Athlétisme (1) : Amath Faye (triple saut)
BRONZE : 18
Taekwondo (4) : Yacine Diaw (-57 kg), Ngoné Fall (-46 kg), Habibou Diallo (free style), équipe masculine poomsae (Adama Ndiaye, Daouda Dione, Habibou Diallo) 
Natation (3) : Oumy Diop (50 m papillon et 100 m papillon), Steven Aimable (50 m dos)
BOXE (2) : Alphonse Mendy, Diarga Baldé
Athlétisme (2) : Saly Sarr (triple saut), Cheikh Tidiane Diouf (400 m) 
Karaté (2) : Falilou Diop (+84 kg), Maïmouna Niang (-50 kg) 
Lutte olympique (2) : Safiétou Goudiaby (62 kg), Omar Faye (57 kg)
Football (1) : U20 garçons
Judo (1) : Georgette Sagna (+78 kg) 
Tennis de table (1) : Ibrahima Diaw 

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Publié par

Hubert Mbengue

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