Les Niayes bientôt déclarées ’’zone libérée de la mouche tsé-tsé’’
mercredi 14 novembre 2018 • 243 lectures • 1 commentaires
Actualité 5 ans Taille
Mme Ndiaye qui présidait à la gouvernance de Thiès un CRD consacré au Programme national de lutte contre les mouches tsé-tsé et les trypanosomoses, a fait cette annonce, louant les résultats atteints par ce projet lancé en 2005.
Contrairement à la déclaration politique de zone libérée de la mouche tsé-tsé, qui est le fait des gouvernements, la FAO et l’OIE (Office International des Epizooties) sont les seuls organes habilités à faire une déclaration technique, au bout d’un processus bien défini, a dit le docteur Momar Talla Seck, de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), partie prenante au projet de lutte contre les mouches tsé-tsé et les trypanosomiases.
Après deux initiatives d’éradication de la mouche ou glossine, par la méthode chimique et les pièges, dans les années 70 et 80, qui se sont soldées par des accalmies et une réapparition de l’insecte notée au bout de 10 ans, le projet a démarré sur une superficie de 1.300 km2 couvrant les zones de Kayar, Bargny, Sébikhotane, Diacksao, Pout et Thiès.
A l’initiative des chefs d’Etat africains réunis à Addis Abéba, l’OUA, devenue UA, avait pris la décision en 2000 de lancer une Campagne panafricaine d’éradication des mouches tsé-tsé et des trypanosomoses (PATTEC, sigle anglais).
La mouche tsé-tsé n’existe qu’en Afrique dans 38 pays, du Sénégal jusqu’en Afrique du Sud, a expliqué le docteur Baba Sall, de la Direction des Services vétérinaires (DSV). La mouche tsé-tsé, en piquant les animaux, leur transmet la trypanosomose, qui réduit considérablement leur production laitière et de viande. Soit 4,5 milliards de pertes économiques par an dans les 38 pays africains frappés par le fléau, a dit le docteur Sall.
Responsable de la maladie du sommeil, elle cause 3 millions de morts par an, a-t-il ajouté, notant que la recherche dans ce domaine n’était plus développée car les autres continents ne sont pas concernés par cet insecte.
Quelque de 6,4 millions d’euros ont été dépensés dans ce projet. Ces fonds étaient constitués à 35% de contributions du Département d’Etat américain, à 35% de celles de la DSV, Sénégal de la FAO et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à hauteur de 9%, a noté le docteur Baba Sall. L’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) prend aussi part à ce projet, tout comme le CIRAD.
Ce projet, en plus des expériences précédentes basées sur la méthode chimique et les pièges, a introduit la méthode biologique, par le lâcher d’insectes stériles mâles pour entrer en compétition avec les mâles sauvages et s’accoupler avec les mouches femelles sauvages, afin de freiner leur reproduction, a noté le docteur Momar Talla Seck, directeur du Laboratoire national de l’élevage et des recherches vétérinaires de l’ISRA.
Depuis 2014, aucune mouche tsé-tsé n’a été capturée dans la zone de Kayar qui était moyennement infestée. Le monitoring y est poursuivi tout de même, selon le docteur Seck, qui est entomologiste et parasitologie.
A Dakar et Thiès constituant un des trois blocs définis par le projet, le lâcher d’insectes stériles se poursuivra jusqu’en 2019, tout comme à Kayar, Diacksao et Pout. Pout était la zone la plus infestée par la mouche tsé-tsé. A Sébikhotane, Diacksao et Bargny, la mouche n’est plus visible ’’depuis plusieurs mois’’.
Quelque 2.000 pièges ont été posés, 4,5 millions de mouches stériles lâchées dans la nature, et toute une technologie, incluant l’utilisation d’écrans imprégnés, d’un avion pour le lâcher automatique, ‘’une première dans le monde’’, selon le docteur Seck. La lutte biologique a reposé sur des mouches convoyées depuis le Burkina, ou en Autriche et en Slovaquie où elles sont élevées dans des insectariums.
Ce projet avait valu au Sénégal d’être un des 18 lauréats sur 789 pays participants à une compétition à Milan en 2015, a dit Aminata Mbengue Ndiaye.
Le Sénégal a demandé et obtenu auprès de l’AIEA un financement pour un projet de lutte contre la mouche dans la zone du Sine-Saloum, sur une superficie de 5.000 km2, à partir de 2020 – 2021, a indiqué le Docteur Seck. Cette partie est frontalière avec la Gambie qui abrite également un nid aussi vaste de glossines. D’où la nécessité d’une lutte intégrée avec le voisin gambien pour vaincre le fléau.
Dans la zone sud, les surfaces infestées par cet insecte ravageur sont estimées à 50.000 km2.
APS
Publié par
Daouda Mine
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