Pape Ndiaye Souaré : «Je m’étais donné le défi de revenir dans une D1»

samedi 2 mars 2024 • 9996 lectures • 0 commentaires

La Tanière 1 mois Taille

Pape Ndiaye Souaré : «Je m’étais donné le défi de revenir dans une D1»

Des années sont passées depuis le grave accident dont il a été victime en septembre 2016. Et Pape Ndiaye Souaré a depuis longtemps tourné cette page sombre pour continuer à vivre sa passion : jouer au football. Après quelques années dans des Divisions inférieures entre Troyes, Charlton et Morecambe, il a retrouvé l’élite sous les couleurs de Motherwell en D1 d’Ecosse. L’ancien sociétaire de Lille et de Crystal Palace garde toujours la même flamme. Entretien.

Pape, comment s’est effectué votre passage de Morecambe en EFL League Two d’Angleterre à Motherwell FC en Premiership d’Écosse ?
À vrai dire, c’est un parcours qui m’a vraiment redonné confiance en moi et en mes capacités car je suis resté plus de 7 mois sans club. En 2022-2023, je me suis retrouvé à Morecambe qui m’a fait confiance de suite pour jouer tous les matches qui restaient jusqu’à la fin de saison. Et c’est grâce à ça que j’ai eu l’opportunité en Écosse où j’arrive à Motherwell dans une Division ou niveau où j’avais l’habitude de jouer avant ma grave blessure en 2016.


Quand vous parlez de «grave blessure», on ne peut que se rappeler l’accident que vous avez eu en 2016…
En fait, c’est ça aussi le problème qui m’a suivi tout le reste de ma carrière. Les gens n’aiment pas passer à autre chose, ils aiment tellement me le répéter tous les jours. Et vraiment, moi, je suis passé à autre chose. J’en parle même plus. Bien sûr, cela reste dans un coin de ma tête ; parfois j’y pense. Mais c’est pour pouvoir faire plus attention car je sais que j’ai eu de la chance.


D’aucuns se demandent si vous avez totalement récupéré vos aptitudes physiques…
Le plus important, c’était de récupérer mes forces physiques et mentales et je les ai récupérées depuis. Si ce n’était pas le cas ce serait mieux pour moi d’arrêter le foot ; car cela fait 7 ans maintenant et pendant tout ce temps je joue mon football. Bien sûr dans des Divisions inférieures mais je me suis toujours dit que, parfois, il faut reculer pour mieux sauter, surtout après la blessure en 2016. J’avais une proposition de prolongation avec Crystal Palace en 2019-2020 mais j’y ai renoncé pour aller jouer à Troyes car c’est ça qu’il me fallait en ce moment là pour pouvoir continuer et enchaîner des matches ; chose faite, je pense. Le fait de revenir dans une première division en Écosse le prouve. Et tous les clubs où je suis passé après ne sont pas non plus des clubs qui gardent un joueur qui n’est pas prêt à jouer ou qui a des séquelles ou je sais pas quoi… Donc, j’aimerais que ceux-là tournent la page et me voient comme une personne normale qui aime le foot et qui le pratique normalement.


Sur le plan psychologique, peut-on considérer que cet accident est aujourd’hui un vieux souvenir ?
Je n’ai aucun problème mental ni physique ni de séquelles. Physiquement et psychologiquement, pour moi, c’est un accident qui n’a jamais eu lieu, pour dire vrai. Je prends du plaisir en jouant au foot et je vais continuer à prendre plaisir jusqu’à la fin.


Parlons de la saison en cours avec Motherwell. Que pouvez-vous nous en dire ?
À Motherwell aussi, le coach m’a fait confiance de suite ; ce qui m’a permis de jouer des matches en tant que titulaire depuis l’entame de cette saison 2023-2024. Ce sont des sensations extraordinaires de démarrer une saison dans un club de ce standing. C’était juste un ouf de soulagement pour moi et une énorme confiance en moi. Et cela prouve que tout le travail et les sacrifices que j’étais en train de faire dans les Divisions inférieures ne sont pas vains. Car je m’étais donné le défi de revenir en Première division après mes passages à Troyes, Charlton et Morcambe, clubs que je remercie tous au passage car ils m’ont fait confiance et m’ont donné du temps de jeu. Et j’ai eu l’occasion de prouver que ce qui m’est arrivé en 2016 n’était qu’un accident mais que cela ne m’empêche pas de faire ce que j’aime, c’est-à-dire jouer au football. Et ces clubs m’ont donné l’opportunité de le prouver en m’octroyant du temps de jeu pendant que d’autres se méfiaient.


On apprend que vous vous êtes récemment blessé à l’entraînement. De quoi s’agit-il ? Quand espérez-vous renouer avec les terrains ?
Oui je me suis blessé à la cheville à l’entraînement. Mais je reprends la course dans les deux-trois semaines qui arrivent ; Après tout ce travail pendant des années dans les divisions inférieures, atteindre à nouveau ce niveau et se blesser après 4 mois de compétitions n’est pas quelque chose de facile. Mais j’ai vécu pire. Donc je reste positif et comme j’ai toujours fait c’est-à-dire me soigner en silence et revenir tranquillement pour rejouer mon football, inch Allah.


Il n’y a pas beaucoup de Sénégalais en Scottish Premiership. Le plus connu est Abdallah Sima. Y en a-t-il d’autres ? Quelles sont vos relations ?
Effectivement, il n’y a pas beaucoup de Sénégalais dans ce championnat. Et personnellement je ne connais que Abdallah. Nous n’habitons pas loin l’un de l’autre. Dernièrement, on avait match chez eux et on s’est vus, on a longuement discuté d’ailleurs et échangé nos maillots. C’est un garçon très correct et gentil. Je lui souhaite un très bon rétablissement de sa blessure et qu’il revienne vite en club et en équipe nationale.



Cette blessure a d’ailleurs malheureusement privé Sima de CAN 2023 en Côte d’Ivoire. Vous avez sans doute suivi cette compétition, comment jugez-vous le parcours des Lions ?
Je pense qu’on a fait un bon début de CAN mais je ne m’attendais pas à voir l’équipe sortir de cette compétition sans la coupe. Donc, l’élimination contre la Côte d’Ivoire était un choc. Cela m’a surpris car j’ai vu une équipe qui manquait d’envie de gagner, qui manquait d’expérience pour comprendre la situation. Le Sénégal en ce moment a la meilleure équipe en Afrique. Donc, cette coupe était pour nous. Je n’ai pas aimé voir nos joueurs se faire marcher dessus par une équipe qui était déjà morte. On a manqué de détermination, de prise de responsabilité, d’expérience et de maturité.


Aujourd’hui, certains pensent que Aliou Cissé, après bientôt 9 ans sur le banc, doit céder la place. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que si l’équipe nationale est arrivée au niveau qui est le sien aujourd’hui, tout le mérite revient à Aliou Cissé. Car il est arrivé à un moment où l’équipe nationale était en proie au doute et ne sortait même pas des poules dans les compétitions (allusion aux CAN 2012 et 2015 et aux éliminatoires de la CAN 2013, ndlr). Vu que j’étais présent dans l’effectif, je connais sa rigueur, son engagement à bâtir une équipe. Donc, le fait de le maintenir avec son staff pendant 9 ans nous a permis de gagner une coupe d’Afrique, d’être parmi les meilleures équipes voire la meilleure d’Afrique genre, de sortir régulièrement des poules, d’aller à la Coupe du monde. Honnêtement, à supposer qu’Aliou Cissé parte on va mettre qui ? Moi, je pense que c’est à lui de décider. S’il veut changer qu’on le laisse changer, s’il veut rester prolongeons-le.


Les Lions de votre génération avec les Sadio Mané, Idrissa Gana Gueye, Cheikhou Kouyaté sont trentenaires. Pensez-vous qu’ils doivent continuer ou céder la place aux plus jeunes ?
Je pense que l’âge compte peu ; le plus important, c’est d’être bon et prêt physiquement. Bien sûr, il s’agit aussi de le prouver tous les week-ends sur les terrains.


Vous n’avez plus joué en équipe nationale depuis 2018 lors de la préparation du Mondial de cette année-là en Russie, la Tanière vous manque-t-elle ?
Bien sûr, la Tanière me manque car c’est ma maison. Toute ma jeunesse, je l’ai passée avec l’équipe du Sénégal, depuis mes 17 ans et j’en ai aujourd’hui 33. Donc, c’est ma famille.


Vous avez eu 26 sélections (1 but) avec l’équipe nationale. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant ce parcours ?
Ce qui m’a le plus marqué, ce sont les Jeux olympiques 2012 à Londres (le Sénégal avait atteint les quarts de finale et Souaré était parmi les Lions les plus en vue, ndlr).


Êtes-vous toujours en contact avec vos potes de la sélection, particulièrement Gana avec qui vous avez effectué vos débuts de Diambars ?
Bien sûr ! Gana, on se parle toutes les semaines, c’est mon frère !


Hubert MBENGUE

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