Xi Jinping ? A Centenaire, on préfère chiner…

vendredi 20 juillet 2018 • 712 lectures • 1 commentaires

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Xi Jinping ? A Centenaire, on préfère chiner…

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iGFM- Les commerçants des Allées du Centenaire ont fait leur choix. Entre l’accueil du président chinois et le commerce, ils préfèrent commercer.

Xi Jinping n’emballe pas Moussa. Ce Chinois a troqué son nom ronflant asiatique à la consonance locale de Moussa. Comme un pied de nez à sa Chine. Et son Président Xi Jinping qui visite Dakar ce samedi. Un choix comme un clin d’œil aux Sénégalais, ces nombreux clients qui se pressent devant son commerce achalandé de marchandises de toute sorte. Faisons connaissance avec Moussa. Il a les yeux bridés de son peuple, bedaine de nouveau riche, assis sur un tabouret dans sa boutique sise aux Allées Centenaire. Chinois de 30 ans d’âge. Il ne dit mot de son vrai nom. Il est à son aise derrière le comptoir, joue avec sa fille et son épouse un bout de femme. Moussa porte un tee-shirt blanc XXL et un pantacourt noir, ne jette le moindre regard sur les clients ou sur sa marchandise. C’est Ngoné Mara, une fille de teint noir tresses à  l’ancienne  debout devant le comptoir qui se charge de la clientèle. Moussa est arrivé au Sénégal en 2007. Les yeux pleins la tête, curieux de tout et la tête farcie d’ambitions. Il ne parle alors un traitre mot de wolof. Mais ses parents présents au Sénégal depuis 2004 l’initient à la langue. Aujourd’hui, Moussa bredouille un Wolof laborieux. Sans se soucier des moqueries de sa vendeuse. Comme quand son portable grésille et qu’il dit à son interlocuteur : «Mi gui ci Kaw Feugueul bouy Bax» (Il est à l’étage, il faut toquer fort à  la porte). Ce jeune chinois qui a perdu le fil de l’actualité de son pays fait semblant de ne pas être au courant de la visite du Président chinois Xi Jinping. Il hésite d’en parler puis lâche dans un sourire étouffé sa gêne. «Le plus important pour nous c’est plutôt que les affaires marchent. Mais on va voir si on va aller  l’accueil», souffle-t-il. Son épouse prend sa fille dans ses bras qui sourit à pleines dents. La vie au Sénégal convient à cette petite famille chinoise. La stabilité du pays, qui n’est pas une mer agitée à agiter leur va bien. Lui semble s’épanouir depuis son arrivée au Sénégal et le commerce marche bien. «Je vends des choses abordables et les Sénégalais aiment bien venir acheter ici, quelque part certains se montrent incorrects avec nous, mais on fait avec», explique dans un langage truffé de gestes Moussa aidée dans sa traduction par sa vendeuse.



Aux allées du Centenaire, le décor ne change pas, les boutiques bien courues de Chinois occupent les devantures des anciennes maisons de fonctionnaires. Les commerces ont changé la façade de ce quartier naguère chic. Les boutiques et cantines de Chinois s’étalent à perte de vue comme un long chapelet. A L’intérieur d’une de ces boutiques Youssoupha mange son repas à l’aide de deux baguettes. Il vient d’arriver, il y a quelques mois. Dans son commerce, des bagues, des bijoux de pacotilles, des photos en miniatures de guides religieux sénégalais. Lui est habillé comme un plouc, un tee-shirt noir et un bas blouson. C’est sa vendeuse Awa Sakho qui joue à lui demander comment il trouve le Sénégal. Un signe Ok du doigt va suffire. C’est le patron du magasin Fyo installé au Sénégal depuis plus de 10 ans qui l’a emmené dans ses bagages. Ici, la visite du Président Chinois Xi Jinping n’est pas  pour les sortir de leur quotidien fait de débrouille et de ventes d’articles en tous genres. Youssoupha fait encore un Ok du doigt à l’évocation du nom de son Président. Pas plus. Ablaye regard hyper-concentré assis à l’intérieur de son commerce a les yeux rivés sur son téléphone. Il est aussi Chinois. Très à  l’aise dans son wolof, il s’avance pour parler de sa vie au Sénégal. «Je me plais bien dans ce pays, les gens sont adorables, Sénégal nexx na», sert-il, d’un sourire qui laisse apercevoir une dentition édentée. La vendeuse taquine lui demande pourquoi il ne s’est pas encore amouraché d’une sénégalaise. Il esquisse un sourire et s’en va disparaître au fond de sa boutique. Mais la venue du Président de la République populaire de Chine ne l’emballe pas. Surtout que l‘ambiance aux allées Centenaire décuple les samedis où les clients se bousculent au portillon des commerces. «On va essayer de voir comment s’organiser pour aller accueillir le Président mais pour moi les affaires passent avant tout. Demain il y aura un rush et j’aimerai bien écouler beaucoup de mes marchandises.» Dans ces allées du Centenaire transformées en quartier chinois, les «Camarades» ont réduit la concurrence comme peau de chagrin. Ici dans les quartiers environnants, le péril jaune a chassé les maures, faire baisser rideau les Guinéens et réduit les quelques réfractaires commerçants Baol Baol en collaborateurs occasionnels. Comme cette bande de joyeux drilles assis avec leurs gros sachets blancs devant une enseigne bourrée de marchandises. «Ce sont des gens qui aiment travailler c’est ce qui me plait chez les Chinois.  Mais ils sont très près de leur sou. Ils ne versent jamais dans les gaspillages», sourit Modou Gning la vingtaine, vêtu d’un jean bleu et d’un tee-shirt rouge. On connaissait les commerces des Chinois, ils ont investi aussi dans la restauration.



Aux allées du Centenaire, deux restaurants en dur ont des façades de temples comme en Chine et des arabesques en forme de dessins de dragons ornent les murs. A l’intérieur d’un restaurant dénommé Cheugou, le réceptionniste sourit dans le vide et ce monument d’Art Déco des années trente ressemble plus que jamais à un fantôme du passé. Le raffinement occidental des murs est redevenu suspect. Ici tout est normal, sauf pour la concierge qui court dans tous les sens avertir le propriétaire des lieux. Puis un homme la quarantaine français correct se présente, il s’appelle Wang, chemise bleu, pantalon super cent noir, il déboule dans les escaliers et se confond en excuses. «Je suis désolé avec la visite nous sommes débordés, on le fait prochainement», convainc-t-il. Pendant ce temps-là, deux véhicules avec des photos à l’effigie des deux Présidents Macky Sall et Xi Jinping distillent de la musique chinoise. Aux allées du Centenaire, les commerçants Chinois regardent le véhicule passer. Mais la musique ne les laisse pas indifférents.

Mor Talla GAYE   

 

 
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Daouda Mine

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