Sur les traces du savant Serigne Bassirou, père de l’actuel Khalife des mourides

samedi 27 octobre 2018 • 12542 lectures • 3 commentaires

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Sur les traces du savant Serigne Bassirou, père de l’actuel Khalife des mourides

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IGFM-En cette période de «Safar», la Cité religieuse de Touba accueille ses invités pour l’édition 2018 du Grand Magal. Et dans la famille de Bamba, chacun s’active pour une parfaite organisation de ce grand événement. C’est dans ces moments assez particuliers où le temps est très précieux pour les descendants du fondateur du Mouridisme que Serigne Cheikh Ahmadou Mountakha nous a ouvert les portes de sa demeure sise au quartier «Dianatou» pour revisiter la riche histoire de son grand-père, Serigne Bassirou Mbacké, quatrième fils de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Le fils de l’actuel Khalife revient ici sur les origines et le parcours de son grand-père, ce savant et homme de Dieu qui n’a pas eu l’occasion de devenir Khalife général des mourides, car rappelé à Dieu (1966) avant même son tour au trône de Touba. Un témoignage approfondi par Serigne Abo Bachir, neveu de Serigne Bassirou Mbacké.

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Ses origines royales du Cayor. De son nom authentique Serigne Mouhammadou Al Bachir Mbacké, mais plus connu sous le nom de Serigne Bassirou Mbacké. Il est le père de l’actuel Khalife général des mourides. Le quatrième fils de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké est né après Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké (premier Khalife de Serigne Touba), Serigne Fallou Mbacké (deuxième Khalife) et Serigne Mouhamadou Bara Mbacké (qui n’a pas eu l’occasion d’être Khalife général des mourides Ndlr). Originaire de Koki (région de Louga) de par sa mère, la vertueuse Sokhna Faty Mouhamadou, Serigne Bassirou Mbacké est issu de la famille royale du Cayor. Le fils de l’actuel Khalife général des mourides raconte l’histoire de son grand-père. A demi-mots. Avec une aisance inexplicable. Une histoire qui démarre un 21 novembre 1895, jour de naissance de Serigne Bassirou Mbacké à Galayel, dans la région de Louga. Deux mois exactement après le départ de son père, Khadimou Rassoul, en exil. «Serigne Bassirou est né le 21 novembre 1895 et Serigne Touba est parti en exil le 21 septembre 1895», précise Serigne Cheikh Ahmadou Mountakha Mbacké. Mais avant de partir en exil, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké avait déjà choisi le nom à donner à son futur enfant. Comme il l’a fait avec ses trois précédents enfants, Serigne Touba avait encore choisi le nom du Prophète Mouhamed (Psl) pour le donner à son futur fils. Mais, le fondateur du Mouridisme a ajouté dans le nom de son quatrième fils le sobriquet d’Al Bachir (celui qui apporte la joie et le bonheur). Ce qui fait que jusqu’à ses 7 ans, Serigne Bassirou Mbacké ne connaissait pas son père, Cheikh Ahmadou Bamba, qui était encore en exil. Cependant, il n’a jamais souffert de cette absence, puisque couvert d’amour par Mame Thierno Mbacké, à qui le Cheikh avait confié sa progéniture et ses frères Cheikh Moustapha et Serigne Fallou. A l’âge d’initiation, le père de Serigne Mountakha (actuel Khalife général des mourides, Ndlr) a été confié à Serigne Ndame Abdourahmane Lô, un des proches de Serigne Touba. C’est ce dernier qui a guidé ses premiers pas dans les études coraniques. Aux côtés de son maître, le quatrième fils de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké a très tôt maîtrisé le Saint Coran. Mais, avide de savoir, Serigne Bassirou est allé, par la suite, renforcer ses connaissances chez un autre disciple de son père, le célèbre savant Serigne Mbaye Diakhaté. Mais, à son retour d’exil, Serigne Touba va se charger personnellement de parachever l’éducation de son fils.

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Grand savant et écrivain émérite. Serigne Bassirou Mbacké était un grand savant connu et reconnu. «Le savant, c’était son seconde appellation», se réjouit Khadim Nder. Selon cet enseignant-chercheur, fidèle talibé de la famille, Serigne Bassirou Mbacké a très tôt mémorisé le Saint Coran. Des connaissances qui l’ont poussé à devenir, par la suite, écrivain. Serigne Abo Bachir Mbacké, cousin de l’actuel Khalife (sa maman est la fille de Serigne Bassirou : Ndlr), révèle que le quatrième fils de Bamba a reproduit le Livre Saint en 30 exemplaires. Mais, sa plus grande œuvre, il l’a écrite sur son père, Serigne Touba. Le très célèbre livre est intitulé : «Minanul Baqil Qadim». Il retrace la vie et l’œuvre du fondateur du Mouridisme. «Serigne Bassirou a beaucoup écrit, mais son plus grand livre, il l’a écrit sur Serigne Touba. Il a consacré toute sa vie à la rédaction de ce livre qui parle de la vie et de l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. C’est un document très riche en enseignements. Il a commencé à rédigé ce livre du temps de son père et il ne l’a fini que vers les années 60. Ce qui veut dire qu’il a pris son temps pour l’écrire. Mais, Serigne Bassirou a également écrit beaucoup de Khassaïdes», souligne Serigne Abo Bachir Mbacké. Qui loue les qualités du frère cadet de Serigne Fallou Mbacké qui, selon lui, était d’une intelligence remarquable.


Sa proximité avec Serigne Touba. Il n’est ni l’aîné ni le cadet de Serigne Touba, mais Serigne Bassirou était très proche de son père qu’il vénérait. «Il vouait un énorme respect et beaucoup de considération à Serigne Touba qu’il voyait plus comme un guide qu’un père», soutient Serigne Abo Bachir. De tous ses frères, Serigne Bassirou Mbacké a été celui qui a vécu le plus longtemps avec Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Cette proximité avec le fondateur du Mouridisme était connue de tous. Et pourtant, Cheikh Ahmadou Bamba n’a connu son quatrième fils qu’à son retour d’exil. Un jour, Cheikh Ahmadou Bamba est venu à Louga. C’était un quatrième jour du mois béni du Ramadan et Serigne Bassirou avait environ huit (8) ans et avait déjà commencé son apprentissage coranique. Et, c’est ce jour que le fondateur du Mouridisme verra, pour la première fois, son quatrième garçon venu au monde quand il était sur le chemin de l’exil. L’enseignant-chercheur, Khadim Nder, revient sur cet épisode de la première rencontre entre Cheikh Ahmadou Bamba et Serigne Bassirou Mbacké : «De retour d’exil, Serigne Touba, voyant son fils pour la première fois, lui a posé la question de savoir si ce dernier le connaissait ? Serigne Bassirou lui a répondu : ‘’Oui, je vous connais, vous êtes Serigne Touba’’.» Depuis ce jour, Serigne Bassirou Mbacké est resté aux côtés de son père pendant une vingtaine d’années. «Serigne Bassirou a grandi sous l’ombre de son père, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, qui l’a personnellement éduqué», ajoute Serigne Abo Bachir. Cette proximité a fait qu’en partant pour son deuxième exil, Serigne Touba Khadimou Rassoul a amené Serigne Bassirou Mbacké avec qui, il est resté tout le long de son séjour. Serigne Bassirou était très proche de ses frères et leur vouait un grand respect. «Serigne Bassirou était très proche de ses frères, il a été aux côtés de Serigne Moustapha et Serigne Fallou, les deux premiers Khalifes de Serigne Touba», informe Serigne Abo Bachir.


Initiateur du Magal de Prokhane. Mais, à un moment de sa vie, Serigne Bassirou Mbacké s’est séparé de son père. C’était sur instruction de ce dernier et pour surtout aller propager l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké à travers le Sénégal. Et, le Saloum a été une de ses destinations. Dans cette partie du centre du Sénégal où il a longtemps séjourné, le père de l’actuel Khalife général des mourides y a créé beaucoup de villages. Serigne Cheikh Khadim Mountakha Mbacké, fils de l’actuel Khalife, explique : «C’est sur instruction de son père, Serigne Touba, que Serigne Bassirou est parti s’installer au Saloum. Serigne Touba était encore vivant. Donc, Serigne Bassirou a longtemps vécu au Saloum où on compte beaucoup de Daaras de Serigne Touba.»


En allant au Saloum, Serigne Bassirou avait reçu comme mission de son vénéré père, de veiller sur Prokhane, village de Sokhna Mame Diarra Bousso, la maman du fondateur du Mouridisme. Une tâche à laquelle, le quatrième fils de Cheikh Ahmadou Bamba s’est acquitté avec brio pour satisfaire les vœux de son père. Ainsi, le saint homme a réhabilité la cité religieuse de Prokhane où se situe le mausolée de sa grand-mère paternelle, Sokhna Mame Diarra Bousso. Mieux, Serigne Bassirou Mbacké a initié le Magal annuel de Prokhane, devenu aujourd’hui un grand événement inscrit dans l’agenda du Mouridisme. D’ailleurs, Prokhane est sous le Khalifat de la famille de Serigne Bassirou Mbacké. Le Saloum n’est pas la seule localité du Sénégal où Serigne Bassirou Mbacké a séjourné. Le saint homme a aussi vécu au Baol. Dans cette localité également, le quatrième fils de Bamba y a fondé beaucoup de villages en y installant des Daaras et Mosquées.


L’agriculteur. Serigne Bassirou Mbacké a été un travailleur infatigable. Le père de l’actuel Khalife général des mourides avait le culte du travail. Le saint homme a profité de ses nombreux séjours à l’intérieur du pays pour développer l’agriculture. Dans ces nombreux champs dispersés à travers le Sénégal, le fils de Cheikh Ahmadou Bamba y cultivait des hectares. Ainsi, il produisait des milliers de tonnes d’arachides, notamment dans le bassin arachidier, mais également du mil. Il était aidé dans la tâche par ses nombreux talibés. Et, en sa qualité de grand agriculteur, Serigne Bassirou Mbacké a été distingué par les Blancs qui lui avaient même décerné un prix dans ce sens. «Ils lui avaient donné un poste radio en guise de cadeau pour ses énormes performances dans le domaine de l’agriculture», déclare avec fierté Serigne Abo Bachir Mbacké, cousin de l’actuel Khalife général des mourides. Les champs laissés par le quatrième fils de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké sont aujourd’hui cultivés par sa famille. Mais, Serigne Bassirou Mbacké n’a pas l’occasion d’assumer la fonction de Khalife général des mourides. Le père de Serigne Mountakha Mbacké est décédé à l’âge de 72 ans avant même son tour au Khalifat de Serigne Touba. C’était au mois d’Août 1966 à Touba, du temps du règne de son grand frère, Serigne Fallou Mbacké. Son mausolée se situe à Darou Miname, à l’entrée de Touba, actuelle capitale de la cité religieuse.


SOPHIE BARRO

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Publié par

Daouda Mine

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