Le M5-RFP, qui entend bien peser dans le processus de transition, avait très mal vécu de n’avoir pas été convié en tant qu’organisation. Depuis le 18 août, le mouvement estime que le coup d’État perpétré par les militaires est venu parachever sa lutte pour la chute du régime. Plusieurs leaders du CNSP s’étaient d’ailleurs joints aux manifestants qui célébraient leur « victoire » place de l’Indépendance le 21 août.
Est-ce déjà la fin de l’idylle entre le M5-RFP et le CNSP ? Lors d’une prière en hommage aux personnes tuées au cours des manifestations, l’imam Mahmoud Dicko, autorité morale du M5-RFP, a regretté que les militaires se soient « coupés » de ceux qui devaient être impliqués dans la transition. « J’ai demandé à tout le monde de se réunir autour du Mali. Je le demande toujours. Mais cela ne veut pas dire que les militaires ont carte blanche », a-t-il lancé, comme un avertissement à ce qui a été perçu comme une tentative de mise à l’écart des civils dans la gestion de la transition.
Après avoir évoqué, dans une première déclaration, une transition « politique civile » la plus courte possible, la junte avait proposé aux médiateurs de la Cedeao une transition de trois, puis deux ans, avec à sa tête un militaire. Certains leaders du M5-RFP ont évoqué vendredi une « confiscation de la révolution », et laissé planer le spectre de nouvelles manifestations.
« Le malentendu a été dissipé »
« Le CNSP a commis trois erreurs », estime Bréma Ely Dicko, professeur de sociologie à l’université de Bamako. « D’abord, ils ont discuté seuls avec la Cedeao, sans acteurs civils. Ensuite, ils ont établi l’acte fondamental unilatéralement en s’arrogeant le pouvoir. Enfin, ils ont décidé d’organiser de façon unilatérale la rencontre. Cela ressemblait à une convocation », ajoute-t-il.
Pour un diplomate africain, l’attitude de la junte traduit leur méfiance envers les hommes politiques. « Le CNSP a expliqué être là pour réformer le pays, et certains de ses membres ne veulent pas avoir à composer avec des hommes politiques qui ont occupé des fonctions dans de précédents gouvernements », explique-t-il sous couvert de l’anonymat.
La rencontre de samedi a-t-elle réussi à réconcilier le M5-RFP et le CNSP ? En tout cas, le contact est renoué. « Nous avons échangé et leur avons remis un document qui détaille notre vision de la transition. Nous allons nous revoir pour échanger. Je dirais que le malentendu a été dissipé et nous allons avancer dans l’intérêt du peuple malien, en essayant d’avoir des concertations, de montrer que c’est l’armée du peuple, qu’elle a un caractère inclusif », a déclaré Issa Kaou Djim à l’issue de la rencontre.
« Les militaires nous ont surtout écouté et nous ont dit qu’ils allaient examiner notre document. C’est à l’issue d’échanges avec le CNSP que nous pourrons définir l’articulation et le rôle de chacun dans la transition, a ajouté Choguel Maïga. Il ne faut pas qu’on se trompe d’alliés, de combat, ni de sens à donner à l’action des uns et des autres. Je pense que nous nous sommes bien compris. »
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