Accident à Yoff : Retour sur les lieux du drame

samedi 25 juillet 2020 • 382 lectures • 1 commentaires

Société 3 ans Taille

Accident à Yoff : Retour sur les lieux du drame

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IGFM - Trois morts et cinq blessés. C’est le carnage causé par un camion de sable, mercredi dernier au quartier Yoff. la petite fille Yandé Gaye (8 ans) et son jeune frère Mouhamed Gaye (3 ans) y sont restés. Les gamins étaient avec leur oncle, Ousmane Gaye qui, lui, a eu plus de chance. Il a survécu à l’accident. Leurs parents, malgré la douleur de la perte, s’en sont remis à Dieu. Reportage !

Yoff Apecsy, à quelques encablures du cimetière, un bouchon monstre fait perdre patience aux automobilistes rangés en file indienne. Une chaleur d’étuve plombe en plus l’atmosphère déjà pesante. Les riverains qui vaquent à leurs occupations, se disputent la chaussée avec des vendeurs de moutons. En cette période de préparatifs de la fête de la Tabaski, impossible de faire un pas sans apercevoir des foirails. Il faut jouer des coudes avec les bêtes pour trouver son chemin. Mercredi dernier, c’était quasiment le même tableau qu’offrait ce quartier d’ordinaire moins bruyant. Un accident d’une rare violence s’y est produit. Un gros-porteur a renversé sur son passage, un piéton et un taxi à bord duquel, se trouvaient des clients. Un tragique accident qui a occasionné la mort de trois personnes au total, dont deux enfants âgés de 3 et 8 ans. Des frères et sœurs, brutalement arrachés à l’affection des leurs. La faute à ce «tueur fou», un camion de sable sans freins. Ils avaient lâché le conducteur en pleine manœuvre. Il a ainsi fauché un marchand ambulant, avant de finir sa course sur un taxi. Yandé Gaye et Mouhamed Gaye étaient à bord... Abdou Diop, le conducteur, les a percutés de plein fouet. Provoquant un chaos monstre…

La maman inconsolable, le père se résigne

Trois jours après ce carnage, l’émotion est toujours à son comble. Face au centre Bceao, un cordonnier est affairé à ses besognes. Lorsque nous lui demandons de nous indiquer la maison des défunts, tout juste s’est-il contenté de nous pointer du doigt une ruelle. «Passez par cette ruelle et prenez votre gauche», lâche-t-il tenant un pot de cirage à la main. 50 mètres plus loin, nous sommes sur l’allée qui mène au domicile de la famille Gaye. Des voitures sont massées un peu partout. Devant la maisonnée, des personnes discutent autour d’un thé. Au même moment, un homme, téléphone collé à l’oreille, est debout sur le parvis. Après avoir pris connaissance de l’objet de notre visite, il nous montre du doigt le père des victimes.

Assis aux côtés de son père et de quelques proches venus compatir à sa douleur, Mamadou Gaye est toujours sous le choc. Le visage triste, il ne réalise pas encore que ses deux petits enfants ne sont plus là. Vêtu d’un boubou bleu, il a le regard noir de chagrin. Le père de famille cherche ses mots pour nous parler. «J’avoue que je suis toujours sous le choc. Car mes enfants étaient trop attachés à moi. Je ne peux pas m’exprimer sur ce que je ressens actuellement. Ce n’est pas facile de perdre ses enfants aussi brutalement, qui plus est à la fleur de l’âge. Leur maman est inconsolable. Mais, en tant que Musulmans et croyants, on s’en remet à Dieu. C’est Lui qui nous les avait donnés et c’est Lui qui nous les a repris. C’est peut-être un peu tôt, mais nous ne pouvons rien contre le décret divin. J’aurais aimé qu’ils grandissent à nos côtés et aient un bel avenir. Yandé est d’ailleurs mon aînée et homonyme de ma mère. Elle était adorable, correcte et intelligente. Elle était en classe de CP. Yandé a toujours été Tableau d’honneur à l’école. Son jeune frère Mouhamed qui n’a que 3 ans, était très affectueux. Les circonstances aussi tragiques soient-elles, on laisse tout entre les mains du Bon Dieu», a témoigné monsieur Gaye.

Les poursuites judiciaires pas encore envisagées par la famille

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Interpellé sur une éventuelle poursuite judicaire, il rétorque : «Je ne peux pas vous donner une réponse en ce moment. Nous sommes en deuil. Mais je suis en train de discuter avec les membres de ma famille sur la conduite à tenir», conclut-il avant de nous présenter sa belle-sœur qui parlera à la place de son épouse déboussolée. Teint clair, engoncé dans un grand boubou, elle réajuste son foulard négligemment posé sur la tête. Ses yeux cernés sont embués de larmes. Ramatoulaye Bâ, elle également s’en remet à Dieu. Elle se surprend même à avoir de la compassion pour le chauffeur Abdou Diop. «C’est vraiment dur de perdre des enfants dans un accident. Ils avaient rendu visite à leur grand-mère avec le frère de leur père. Celui-ci a eu de légères blessures sur son bras. Mais, nous acceptons quand même la dure réalité. Personnellement, je ne souhaite pas la prison au chauffeur de camion. C’est un jeune qui faisait son travail. Malheureusement, cet accident s’est produit», a estimé la dame, digne dans l’épreuve.

DOUDOU DIOP

 

OUSMANE GAYE, RESCAPES DE L’ACCIDENT

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«J’ai vu les enfants souffrir et mourir, j’étais impuissant…» 


Il a survécu à ce terrible drame. Ousmane Gaye, oncle des jeunes victimes, ne sera plus jamais le même. Il ressasse sans cesse le film des événements dans sa tête. «C’était assez brusque. J’ai fait des courses avec les enfants. Nous étions sur le point de rentrer. Arrivés juste à l’angle de notre domicile, j’ai vu un camion qui roulait à vive allure. J’en ai parlé au chauffeur de taxi. Ce dernier a regardé dans son rétroviseur mais, c’était trop tard, il ne pouvait plus rien faire. Car il y avait un véhicule stationné devant et il ne pouvait pas tourner. Les freins du camion ont lâché, le conducteur a perdu le contrôle du véhicule. Il a heurté une personne. Les riverains ont hurlé et le camion s’est dirigé droit sur nous»…

«Le petit Mohamed m’a demandé de lui mettre le code de mon téléphone. Il n’avait pas idée de ce qui se passait»

Poursuivant son récit funeste, il soutient, entre deux gémissements, «au même moment, le petit Mohamed alors que j’essayais de le prendre, m’a dit : ‘’Papa, met moi le code du téléphone.’’ Il voulait jouer avec mon téléphone et n’avait pas idée de ce qui était en train de se dérouler. Même si j’aurais pu sortir de la voiture, je ne pouvais pas le faire sans les enfants. Je ne voulais pas les abandonner. Ils étaient assis derrière. Ils étaient concentrés sur le téléphone. Le camion a percuté le taxi. Je les ai vus souffrir et mourir. J’étais impuissant face à cela. C’est un accident. Je pouvais y rester. J’ai eu de légères blessures. Mes deux neveux que j’aimais bien, y sont restés. C’est très dur à accepter…»

D.DIOP

 

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Publié par

Daouda Mine

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