Mountaga Diop, Une vie dédiée à l'humanitaire...

jeudi 24 décembre 2020 • 2122 lectures • 6 commentaires

Société 3 ans Taille

Mountaga Diop, Une vie dédiée à l'humanitaire...

PUBLICITÉ

iGFM - (Dakar) Mountaga Diop a donné sa vie à l’humanitaire. Juriste de formation et spécialiste en Droit des enfants, ce compatriote a fait ses armes en Allemagne et en Hexagone, avant de revenir en terre africaine se battre pour la cause des enfants et celle des migrants.

Ne en 1977 à Saint louis du senegal, Mountaga DIOP a fait ses études jusqu’en classe de secondaire au Sénégal. Puis, cap sur l'Université Paris 8, en France, où il sort diplômé en Droit international humanitaire. L’homme sera vite mordu par le virus de l’humanitaire. «Tout est parti de la fin de  mon cursus universitaire à l'Université Paris 8 en droit international humanitaire. J'ai pu toucher du doigt  la vulnérabilité des migrants sur le terrain et surtout la précarité des enfants migrants. Dans ce métier il faut avoir le courage mais aussi l'espoir, mais une seule qualité que je possède me permet de continuer, c'est l'énergie», explique-t-il.

PUBLICITÉ


Après son mémoire d'études sur "le droit des mineurs migrants et réfugiés au Maroc et l'impact des organismes onusiens et de la société civile", il affûtera ses armes lors d’un stage à l'Association marocaine des droits humains (Amdh). Démarrera ensuite l’aventure Kirikou. Une Ong qu’il a fondée pour s’occuper de l'intégration des mineurs isolés.

PUBLICITÉ


«Nous accompagnons plusieurs familles étrangères dans leur parcours d'intégration et dans la vie quotidienne. Notre leitmotiv est la pérennisation de l'éducation des enfants et leur protection. La crèche Kirikou en est l'illustration. Nous sommes aussi convaincus que la société civile et l'Etat peuvent travailler ensemble pour trouver des solutions adéquates à ce phénomène de migration aujourd'hui », indique-t-il.


Après l’Allemagne où il a travaillé sur l'intégration des familles réfugiés venues de Syrie et d'autres pays, Mountaga capitalisera, en France quelques années d'expérience dans le domaine de l'humanitaire. 


Aujourd’hui, au Maroc où il vit, ce père d’un garçon, marié à une diplomate polonaise, est Coordinateur national de Résilience scolaire au sein du croissant rouge marocain. Une institution dirigée par son Altesse Royale la princesse Lala Malika du Maroc. Il y développe aussi le concept de «crèche interculturelle Kirikou». Une initiative louable, pour l’accueil gratuit  des enfants migrants et étrangers. Une première du genre en Afrique et au Maroc. Entretien...


"L'Europe a échoué car sa réponse a toujours été répressive..."


 



 


Quel regard posez-vous sur la dernière vague d’immigration et ses tragédies?


C'est un regard triste. Une tragédie qu'on déplore sans cesse, mais un sentiment de colère à l'égard des dirigeants politiques des pays d'origine, l'Afrique de l'ouest surtout. Le Sénégal, la Guinée Conakry, la Côte d'ivoire et le Cameroun pour ne citer que ces pays qui regorgent de richesses incommensurables mais malheureusement aucune politique de développement ou d'insertion dédiée à la jeunesse.


Certains parlent des mauvaises politiques des gouvernants africains...


Tout à fait. Bien sûr, il y a des raisons sociales qui poussent ces jeunes à partir et prendre la route de la mort, mais la vraie et seule raison sociale c'est l'absence d'emploi. Un avenir incertain. Les Etats ne déploient aucune stratégie pour endiguer le chômage des jeunes. Tu as une Union Africaine qui compte 54 États, un seul parmi eux, le Maroc, possède un programme ambitieux de régulation migratoire et d'intégration avec son SNIA (stratégie nationale d'immigration et d'asile).


 


"La solution, ce n'est pas d’injecter des millions d'euros en Afrique puisque la jeunesse ne voit jamais le fruit de cette politique"


Quelle pourrait être, selon vous, la solution?


Déjà on a une lueur d'espoir avec la mise en place de l'observatoire Africain des Migrations qui vient d'être inauguré à Rabat, au Maroc. Il faut rappeler que c' était une proposition du Maroc au niveau de l'union et ce qui permettrait, espérons, de mettre en place une vraie régulation de la migration africaine et des programmes de développement pour fixer les jeunes. Et nous aurons enfin notre propre stratégie de collecte des données et statistiques. La solution aux problématiques de la migration doit rester africaine.


L’Europe a-t-elle, elle, échoué dans la gestion de ce phénomène ?


L'Europe a échoué sur l'approche car sa réponse a  toujours été répressive et donc n'a jamais réussi à voir le  fond du problème. La solution aussi ce n'est pas d’injecter des millions d'euros en Afrique sur des projets de coopération et de développement puisque la jeunesse ne voit jamais le fruit de cette politique. L'Europe doit se démarquer des pays qui n'ont pas une politique inclusive d'employabilité des jeunes, car la seule alternative est bien sûr la croissance, mais aussi l'émergence et l'épanouissement de la jeunesse.


Ici, la mort du petit Doudou a fait débat. Qu'en pensez-vous ?


Nous ne cesserons de condamner ce drame et sommes attristés de voir cela dans un pays comme le Sénégal. Le mal est profond. Mais Notre position est ferme  sur ce sujet : la place des mineurs, c'est dans la famille. Ils doivent rester chez eux, aucun mineur ne doit  prendre la route de la mort. C'est une responsabilité des parents, des élus mais aussi de l'Etat.


Au sein de notre organisme Kirikou nous accueillons les mineurs primo arrivants avec un appui sur le logement temporaire, l’accès aux soins et tout de suite un programme de formation payé par le contribuable marocain. Ce qui prouve que le Maroc est bien engagé dans la démarche d'une politique d'intégration. Après, ce processus, nous proposons un programme de rétablissement des liens familiaux aux mineur pour un retour au pays avec son diplôme de formation en main. Toutefois il faut une bonne politique de l'Etat à l'arrivée pour que le jeune retrouve sa place dans la société et renonce au départ.


"J'ai pu toucher du doigt  la vulnérabilité des migrants sur le terrain et surtout la précarité des enfants migrants"


Comment avez-vous embrassé l'humanitaire ?


Tout est parti de la fin de  mon cursus universitaire à l'Université Paris 8 en droit international humanitaire. J'ai pu toucher du doigt  la vulnérabilité des migrants sur le terrain et surtout la précarité des enfants migrants. Dans ce métier il faut avoir le courage mais aussi l'espoir, mais une seule qualité que je possède me permet de continuer: c'est l'énergie.


Comment se porte Kirikou au Maroc ?


Elle est très présente. Nous accompagnons plusieurs familles étrangères dans leur parcours d'intégration et dans la vie quotidienne. Notre leitmotiv est la pérennisation de l'éducation des enfants et leur protection. La crèche Kirikou en est l'illustration. Nous sommes aussi convaincus que la société civile et l'Etat peuvent travailler ensemble pour trouver des solutions adéquates à ce phénomène de migration aujourd'hui.


Et votre concept de crèche interculturelle ?


C'est un concept unique, inédit car notre crèche est la première en Afrique et au Maroc par son identité qui est interculturelle et gratuite pour tous les enfants pendant toute l'année. Elle reçoit un nombre paritaire des enfants migrants et marocains avec un programme en arabe et en français. Ce qui permet aux petits de bien se préparer pour l'école publique. L'objectif d’ici 2 ans est de mettre en place 4  crèches.

Galerie photos

Cet article a été ouvert 2122 fois.

Publié par

Youssouf SANE

editor

6 Commentaires

Je m'appelle

Téléchargez notre application sur iOS et Android

Contactez-nous !

Daouda Mine

Directeur de publication

Service commercial