Les révélations de l’enquête de police sur l’arrestation de Mame Cheikh Niass

dimanche 3 octobre 2021 • 3145 lectures • 2 commentaires

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Les révélations de l’enquête de police sur l’arrestation de Mame Cheikh Niass

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IGFM - On en sait plus sur les circonstances de l'arrestation de Mame Cheikh Niasse, du nom de cet émigré sénégalais venu passer le Magal dans son pays et qui s'est finalement retrouvé en prison, avant d'être transféré à l'hôpital A. Le. Dantec où il est mort d'hyperglycémie.

 L'Obs a parcouru toute la procédure de l’enquête préliminaire de la Police et vous en restitue les moindres détails, sans compter les témoignages recueillis sur les lieux de l'arrestation de Mame Cheikh Niasse. 

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Les faits - Selon le document de l’enquête de police, tout s'est déroulé en début de matinée, le jeudi 23 septembre 2021, au croisement Serigne Assane de Guédiawaye plus connu sous le nom de «Tournal Serigne Assane». Il était neuf heures, ce croisement par lequel transitent plusieurs véhicules grouillait de monde. Tel un capharnaüm, l'endroit donne quelques vertiges au policier chargé de réguler la circulation. Ici, le code de la route semble rangé sous le siège des véhicules. La priorité n'existe pas. Celui qui ose le plus ou qui est le plus rapide passe le premier. N'empêche, l'agent de police tente tant bien que mal de réguler la circulation, tout en procédant au contrôle de véhicule à l'allure suspecte. Lorsqu'au volant de son véhicule de marque Volvo de couleur noire, Mame Cheikh Niasse arrive audit croisement, l'agent lui fait signe de se garer sur le bas-côté pour un contrôle de routine. Venu de France en début de semaine, Mame Cheikh, accompagné de son fils âgé de 17 ans et d'un de ses proches du nom de Tapha Diop, s'exécute et attend tranquillement l'arrivée de l'agent de police qui lui réclame son permis et les papiers afférents à la conduite et à la propriété du véhicule, en l’occurrence la police d'assurance et le certificat d'immatriculation et d'expertise technique, appelée carte grise. Hélas, l'émigré qui a quitté sa maison familiale à Yeumbeul-Asecna dans la précipitation, explique à l'agent de police qu'il n'a sur lui que le permis et que la carte grise, il l'a oubliée chez lui. De même que la police d'assurance. Pour en avoir le cœur net, note le document consulté par L’Obs, l'agent de police décide de saisir le permis de conduire et lui ordonne de retourner à son domicile pour amener la carte grise et la police d'assurance que Mame Cheikh Niasse dit avoir oubliées. L'émigré, âgé de 39 ans, qui a séjourné pendant une quinzaine d'années en France, hésite alors à remettre le permis de conduire et tente de dissuader l'agent de police qui reste de marbre. Face à ce qui a l'air d'un dialogue de sourds, des témoins interviennent et réussissent à convaincre Mame Cheikh Niasse de remettre son permis de conduire à l'agent de police qui récupère le document, tourne le dos à l'émigré et s'en va continuer à réguler la circulation. 

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«Je m'en fous de la police sénégalaise, je suis citoyen français, vous ne pouvez rien contre moi»
C'est alors que Mame Cheikh Niasse revenu au Sénégal pour célébrer le Magal, pique une vive colère, s'extirpe de son véhicule et se dresse sur le trottoir, hurlant à l'endroit de l'agent de police, renseigne la source. Dans le document, on peut lire : «Je m'en fous de la police sénégalaise, je suis citoyen français et vous ne pouvez rien contre moi», (Mane Falé Wouma police Sénégal). Très vite, un attroupement se forme sur les lieux, puis l'émigré saisit son téléphone et se met à filmer le policier en train de réguler la circulation. La foule médusée alerte l'agent de police qui, toutes affaires cessantes, rejoint Mame Cheikh Niasse sur le trottoir, le somme de se remettre au volant de la Volvo, avant de prendre place à ses côtés pour se rendre au poste de police de Wakhinane -Nimzath situé à un jet de pierres.
Dès son arrivée précise-t-on dans l’enquête, Mame Cheikh Niasse, très agité, est vite pris en charge par les enquêteurs devant qui, loin de se débiner, il revendique la paternité des propos rapportés par l'agent de police. Lorsque les enquêteurs saisissent son téléphone et fouillent la galerie où ils découvrent la vidéo montrant l'agent de police en train de réguler la circulation, Mame Cheikh Niasse reconnaît l’avoir filmé, mais s'empresse de déclarer : «Je ne l'ai pas fait pour le mettre dans la toile, mais c'est juste pour me protéger afin qu'il ne raconte pas autre chose sur moi.»  Dans la vidéo, Mame Cheikh Niasse est trahi par sa voix qu'il a malencontreusement enregistrée, lorsqu'il hurlait à l'endroit du policier : «Mane Falé Wouma Police Sénégal, vous ignorez à qui vous avez à faire.»  


Outrage à agent, collecte de données à caractère personnel et....


Les charges - Des faits et gestes qui ont constitué les délits d'outrage à agent de police dans l'exercice de ses fonctions, collecte illicite de données à caractère personnel et non-présentation de pièces afférentes à la conduite et à la propriété d'un véhicule automobile. Rapportés au parquet, le maître des poursuites au tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye donne ainsi ordre au chef du poste de police de Wakhinane-Nimzath de placer Mame Cheikh Niasse en garde à vue, compte tenu de la gravité des faits. C'était le jeudi 23 septembre 2021. Entendu à son tour, sur procès-verbal, l'agent de police effectue sa déposition et relate dans les moindres détails son face à face houleux avec Mame Cheikh Niasse. Le téléphone de type Iphone qui a servi à filmer l'agent de police, a été saisi et placé sous scellé, de même que le véhicule Volvo immobilisé à l'entrée du poste de police, en attendant que la famille du défunt présente les pièces afférentes à sa conduite (la carte grise et la police d'assurance).
Au terme de sa garde à vue, Mame Cheikh Niasse, déféré au parquet pour les délits cités ci-dessus, a été placé sous mandat de dépôt, avant d'être transféré à l'hôpital A. Le. Dantec où hélas, la grande faucheuse l'a emporté.
ALASSANE HANNE


CHEIKH MOURA NIASS, FILS DE CHEIKH NIASS
«Ce qui s’est réellement passé»


Fils du défunt émigré sénégalais, Mame Cheikh Niass, décédé le 28 septembre dernier aux Urgences de l’hôpital A. Le Dantec, après avoir eu maille à partir avec Dame Justice, Cheikh Moura Niass revient sur la brouille, à l’origine des démêlées judiciaires de son défunt père. 
«J’étais en compagnie de mon père le jour de son arrestation par la police. Ce jour-là, il m’avait réveillé tôt le matin pour que je l’accompagne chez le réparateur de radios. Seulement, il avait oublié la carte à grise de son véhicule qu’il avait rangée dans ses bagages. En pleine circulation, un policier nous a arrêtés, à hauteur du marché Boubess, et lui a demandé les papiers afférents à la conduite du véhicule. Mon père a dit au policier qu’il avait oublié la carte à grise à la maison et lui a demandé s’il pouvait aller la récupérer. Le policier a saisi son permis sans lui délivrer une attestation. Mon père ne voulait pas laisser son permis entre les mains d’un individu qu’il ne connaît pas. Voulant avoir une garantie que son permis est entre des mains sûres, il a demandé au policier son matricule. Mais ce dernier a refusé. Mon père est alors descendu de son véhicule et a pris son téléphone pour filmer le policier. C’est alors que ce dernier est intervenu et a demandé à mon père de le suivre au commissariat de police. Sur place, nous sommes restés environ 30 minutes devant les locaux de la police à attendre. Lorsque je suis entré dans les locaux de la police pour voir ce qui se passe, j’ai aperçu mon père derrière les grilles. Après, il m’a demandé d’aller à la maison récupérer sa carte à grise. Je me suis exécuté et suis revenu avec ladite carte que j’ai remis au policier. Après vérification, le limier m’a redonné le papier, parce qu’il a constaté que le véhicule est en règle. Ensuite, nous sommes restés plusieurs heures à attendre, avant qu’on nous informe qu’il faisait à ce moment face aux enquêteurs. C’est à la suite de cela qu’ils (les policiers) ont pris la décision de le déférer au parquet pour le délit d’outrage à agent. Mon père a finalement passé la nuit dans les locaux de la police. Il m’a appelé au téléphone le lendemain pour que je lui emmène une chemise. Aux environs de 11 heures, les policiers l’ont embarqué dans leur véhicule et déféré au parquet de Pikine. Nous avons tenté une médiation, mais il a été finalement placé sous mandat de dépôt et conduit à la prison du Cap Manuel. Il devait être jugé le 5 octobre prochain. Entre-temps, je suis parti à Touba et c’est depuis la cité religieuse que Tapha Diop m’a appelé pour m’informer que mon père était souffrant. Le lendemain du Magal, un garde pénitentiaire m’a appelé pour m’annoncer son décès», a confié Cheikh Moura Niass, fils du défunt émigré sénégalais, Mame Cheikh Niass, décédé le 28 septembre dernier aux Urgences de l’hôpital A. Le Dantec, après avoir été arrêté le 23 septembre 2021 par la police de Wakhinane Nimzatt, déféré au parquet de Pikine le 24 septembre, puis placé sous mandat de dépôt à la prison du Cap Manuel le même jour.
A. Hann

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Daouda Mine

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